Chapitre IV

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11 Juillet 2014

Matteo's House

7h16

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     Je sors discrètement de chez Matteo puis mets ma musique, en route pour aller courir. Depuis plus d'un an, je pars courir trois fois par semaine. Ça me permet de me défouler, de perdre les calories accumulées et de réfléchir. A vrai dire, ça me permet surtout de réfléchir.

J'entame ma course le long de la rue tout en pensant à ce qui va se passer cette après-midi. Hier soir, Drew m'a envoyé un message pendant que je discutais avec Los Angeles – j'avais laissé mon téléphone sur mon lit – et il m'a informé qu'il passerait me chercher aujourd'hui à quatorze heure. Il m'a aussi dit de porter une tenue décontractée. Du coup, j'en viens à une question assez fondamentale que j'aurais dû me poser beaucoup plus tôt : Qu'est ce qu'on va faire ?

Je bifurque à droite pour quitter la rue où loge mon frère qui, par ailleurs, sait très bien ce qu'on va faire à ce rencard. Malheureusement, il ne veut rien me dire. Selon lui, un rendez-vous réussi est un rendez-vous où la fille est surprise par le programme. Or, il sait très bien que je déteste les surprises et histoire de bien me donner des envies de meurtre, il a ajouté avec une grand sourire : « T'inquiète Mady. Tu vas adorer ! ».

J'entre dans un parc où d'autres joggeurs font leur routine matinale. Cela fait déjà quinze minutes que je cours et mon souffle est déjà pas mal saccadé alors je m'arrête à un stand de jus de fruit qui est posté à la sortie du parc.

« Bonjour. Que puis-je pour vous ?

- J'aimerais une petite bouteille d'eau s'il vous plaît.

- Bien sûr, tenez. Dit-il en me tendant la bouteille. Ça vous fera un dollar. »

Je lui tends le billet en souriant aimablement.

« Au revoir et bonne journée.

- Merci. A vous aussi et bonne chance pour la suite de votre jogging. »

Je le remercie, bois de grandes gorgées d'eau et reprend ma course après avoir jeté la bouteille vide. De toute manière, je m'en fiche de ce rencard. Je ne vais pas me casser la tête à essayer de deviner ce qu'on va faire. Je vais simplement attendre patiemment jusqu'à quatorze heure. Ça ne doit pas être si dur ! Puis ce soir, je retrouve Los Angeles à vingt-trois heure trente. Je dois vous avouez que plus je passe du temps avec lui, plus c'est difficile d'attendre toute la journée pour lui parler. Nos conversations viennent comme ça et on a pas besoin de réfléchir à quoi dire. C'est tellement naturel et c'est ça que j'aime. C'est comme avec Trixie. Sauf que je sais à quoi ressemble Trixie.

C'est quand même bizarre ce que je vis avec lui. C'est bizarre de ne pas le voir et assez frustrant aussi. J'ai envie de voir à quoi il ressemble. Pas que son caractère ne me suffise pas, loin de là mais c'est comme ces relations qui commencent sur le net. Vous rencontrez quelqu'un sur internet, vous lui parlez de plus en plus jusqu'à vous attachez et vous ressentez le besoin de le voir. Eh bien, c'est ce qu'il se passe avec Los Angeles. Plus j'y pense, plus je sens que j'ai besoin de savoir à quoi il ressemble.

Après quarante minutes de course, je me retrouve à nouveau devant la porte de chez Matt. Quand je rentre, le silence est omniprésent et je me doute bien qu'il dort encore. Quand il ne prévoit rien, il peut dormir toute la journée, ce qui est une perte de temps mais ça n'a jamais semblé le gêné.

Love is Blind ( Dylan O'Brien )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant