Raison

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Voilà maintenant 1 semaine que nous avons pris la décision de garder cet enfant, mais aussi une semaine que je ne sais pas comment l'annoncer à ma famille. Je redoute leurs réactions, particulièrement celle de ma mère. Nous sommes extrêmement proches elle et moi mais quand elle va apprendre ça, je ne sais pas comment elle va réagir.. J'en ai parlé à François et il me soutient du mieux qu'il peut. Comme il voit que je ne suis pas en état de planifier un jour où nous allons lui annoncer, il propose de faire ça lors d'un dîner, chez lui, samedi prochain (dans 2 jours). Lorsqu'il me le propose, je fonds littéralement en larmes. 

- Hey.. Ca va aller.. Il faudra bien finir par leurs dire.. Ca va commencer à se voir et je pense que c'est vraiment important qu'on leurs annonce...

- Mais.. Et si ils me reniaient ? Et si je me retrouvais sans famille ?

- Louisa.. tu sais aussi bien que moi qu'ils ne réagiront pas comme ça, vous êtes une famille soudée.

Je renifle et le prend dans mes bras, car je sais très bien qu'il a raison. Sur tous les points. Je crois que je suis "un peu" a fleur de peau à cause de la grossesse. Il y a juste une chose qui m'attriste profondément et que je ne dis pas à François, non pas que je ne lui fais pas confiance, c'est juste que c'est un sujet sensible pour moi et j'ai pris la décision  de ne plus y accorder d'importance : mon père. Voilà des années qu'on ne se parle plus, à cause de lui et sa fierté mal placée. C'est un sujet sensible pour moi car lorsque j'étais petite, mon père c'était tout pour moi. Après le divorce de mes parents, j'ai voulu inconsciemment le protéger. Alors oui, du haut de mes 6 ans, je ne pouvais pas le protéger de grand chose mais je le protégeais des femmes. J'avais vu à quel point il était malheureux, alors je ne voulais pas qu'il soit avec une autre femme par peur qu'il souffre encore une fois. Ca peut paraître stupide, mais je l'aimais tellement. Lorsque sa nouvelle copine est arrivée, j'étais très en colère. Je refusais qu'elle soit là et qu'elle me "prenne mon père". Elle me reprochais donc d'être jalouse et possessive et égoïste. De mes 8 ans à mes 13 ans, j'ai subi. J'ai subi toutes ses remarques désagréable quant à mon physique, ses comparaisons entre moi et sa fille du même âge. Mon père ne s'occupait plus de nous, il n'avait d'yeux que pour ma belle-mère et ses filles. Tout tournait autour d'elles et moi, j'étais le "vilain petit canard". Voilà pourquoi à mes 14 ans, j'ai décidé de dire mes 4 vérités à mon père. Nous avons eu tellement d'autres soucis, tellement de choses que je lui reproche que je ne lui parle plus. C'est un sujet dont je peux parler des heures mais je n'en ai plus la force aujourd'hui. J'ai perdu tellement de temps à essayer de les comprendre, de les changer, qu'aujourd'hui je refuse d'en perdre plus. 

Toute petite, je rêvais du moment où je serais enceinte et je l'annoncerais à mon père. Ma raison de vivre était de le rendre fier. Maintenant, voilà 12 ans que j'ai lâché l'affaire. 

La raison pour laquelle je préfère ne pas en parler à François, c'est que je préfère laisser le passé loin derrière moi. Ca va peut-être paraître étrange pour certains, mais c'est des souvenirs trop douloureux pour moi. Rien que le fait d'évoquer cette période me fait pleurer.  

Même si je sais que François comprendrait, je veux plus en parler. 

A samedi.

Nous deux ( TOME 1 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant