Eau

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Lorsque j'ouvre les yeux, je mets un petit temps à me rappeler de ce qui s'est passé la veille. Cet évènement m'a permis de me soulager un petit peu, même si la réaction de mon beau-père laisse à désirer. Je pense que c'est juste le temps qu'il digère cette nouvelle. François a eu du mal avec cette réaction d'ailleurs. Il ne connait pas vraiment mon beau-père et il ne l'aime pas trop. Je sais qu'en apparence, il paraît super froid et dur. Mais je le connais depuis mes 11 ans, et il a toujours été extrêmement protecteur avec nous. Il a fait le rôle de mon père en fait. Il nous a toujours considéré comme ses enfants, et déjà, rien que le fait que j'ai un copain, il n'aime pas trop. Il a peur pour moi et il veut absolument me protéger. Je sais qu'il lui faut juste un peu de temps. C'est ce que j'ai expliqué à François, mais celui-ci a encore un peu de mal à l'accepter. Je sens aussi qu'il y a autre chose qui le stress, mais je ne sais pas quoi et ça me perturbe. Il refuse de m'en parler et ça m'agace un peu. Ce matin, il m'embrasse comme tous les matins et me caresse la joue. Je sens qu'il est assez contrarié. Je lui caresse la joue et dis : 

- Il y a quelque chose qui va pas ?

- Non.. Rien du tout, je me sens pas très bien.

- Tu veux un cachet ? De l'eau ?

- Non, non merci ça va passer. Dit-il en se recouchant

Je me met contre lui.

- Tu veux en parler ?

- Non, j'ai juste besoin d'être un peu seul. Dit-il brusquement en me repoussant

Il se lève et enfile une chemise : 

- Excuse-moi c'est pas contre toi. C'est juste.. Je sais pas. Il me faut un peu de temps. 

- Tu vas où ? 

- Prendre l'air. 

Il sort et me laisse planté là, dans l'incompréhension totale. Je n'ai aucune idée de ce qui peut le mettre d'aussi mauvaise humeur, a part le dîner d'hier soir. Il est indéchiffrable et mystérieux. Ce qui m'énerve beaucoup car il ne me dit rien. Le fait qu'il réagisse de manière aussi sauvage avec moi me vexe. Je vais prendre une douche pour me changer les idées et j'enfile une jupe longue à fleurs, mon ventre commence à se voir de plus en plus. Je me regarde dans le miroir et exprime une peur soudaine. Et si je le dégoûtais ? Et si j'étais horrible enceinte ? Et si pour lui, je devenais le gros boulet, un fardeau ? 

Cette peur me met une boule dans la gorge et je détourne le regard de mon reflet. Je me trouve presque répugnante avec ce ventre. J'enfile un top blanc et attache mes cheveux avec une pince. Je saisis ensuite un pinceau et je tapote mon fard à paupière. J'essaie de faire en sorte d'être un peu moins moche. Lorsque je termine, je me regarde une nouvelle fois dans le miroir. Je suis horrible. Je fais presque peur. Je décide de ne plus perdre de temps à essayer d'arranger cette figure et j'enfile mes lunettes. 

Quand j'arrive dans la cuisine, je vois François accoudé au balcon. Je décide de ne pas le déranger et de me faire cuire des œufs au plat. Je saisis mon assiette une fois terminée et me rends sur le balcon. Je me met à côté de lui et nous restons un moment sans parler à regarder le paysage. Il commence par briser le silence en premier 

- Ecoute, je..

- Tiens, c'est pour toi. Dis-je en lui tendant mon assiette

- T'en veux pas ?

- Non. 

Il saisit mon assiette et la dépose à côté de lui. 

- Merci. Dit-il finalement.

Je commence à faire demi tour avant qu'il m'arrête.

- Tu sais.. C'est pas..

- Je sais, c'est pas contre moi. Tu veux pas me parler, d'accord, très bien, c'est ton choix. Mais arrête de t'excuser pour ça, parce que ça me soule. 

Il baisse la tête sans trop savoir quoi répondre à mes paroles. 

- T'es dure là Louisa.

Dès l'instant où il a prononcé ces paroles, j'ai regretté les miennes.

Je baisse la tête à mon tour 

- Oui je suis dure. Pardon. C'est juste que je vois bien qu'il y a quelque chose qui te tracasse sérieusement et ne pas savoir quoi ça me bouffe. Pourquoi tu ne me parles pas ?

- T'en parler ne changera rien à la situation. 

- Alors ça, c'est exactement le genre de phrase d'un mec qui fait genre d'être au-dessus de tout le monde. En parler, c'est toujours mieux et c'est pareil pour tout le monde. Même pour François Civil.

Il sourit et dit :  

- Ouais, t'as raison. 

Il détourne le regard vers le paysage. 

- Alors ?

- Alors quoi ?

- Qu'est ce qui a ?

- T'es têtue hein.

- Oui, comme ma mère. Alors ?

- C'est juste que on a oublié quelque chose. 

- Ah bon ? Quoi ?

- Il faut aussi l'annoncer à ma famille.

- Oh put***

Il rit et me dit : 

- Ouais, ça, tu l'as dis.

Nous deux ( TOME 1 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant