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J'étais dans ses bras, le visage tourné vers lui, lorsque le médecin entra en nous annonçant que, si nous le souhaitions, nous pouvions revoir notre fils. Ce petit garçon qui n'a même pas de prénom, ni même de parents.. Je crois que François est très ému, et plus que prêt à rencontrer ce petit homme. 

- Oui, nous souhaitons le voir au plus vite.

- Très bien, suivez-moi.

Nous nous levons alors ensemble, ayant encore du mal à réaliser que ce jour est enfin venu. Je suis, évidement, très heureuse de pouvoir rencontrer mon fils mais il y a une part de moi qui est un peu déçue. Je me dit que cela ne va pas durer car dans peu de temps, je vais être emmenée dans un Hôpital Psychiatrique. 

Je sais pourquoi j'y vais. Je ne le sais que trop bien. J'ai enfin pu me l'avouer à moi-même grâce aux rendez-vous chez le psychologue. Je pensais au début que j'étais simplement en dépression, mais le psy m'a donné un trouble de la personnalité borderline. 

Je n'en avais jamais entendu parlé, alors je me suis renseignée sur Internet et j'ai découvert ce qu'étais ce trouble de la personnalité. 

"Le trouble de la personnalité borderline est caractérisé par un schéma omniprésent d'instabilité dans les relations, l'image de soi, les humeurs, le comportement et l'hypersensibilité à la possibilité du rejet et de l'abandon.


Les personnes atteintes du trouble de la personnalité borderline ont peur du rejet et de l'abandon, en partie parce qu'elles ne veulent pas être seules.

Le diagnostic du trouble de la personnalité borderline repose sur les symptômes caractéristiques qui comprennent les changements fréquents dans les relations interpersonnelles, l'image de soi, les humeurs, et les comportements autodestructeurs et impulsifs.

La psychothérapie peut réduire les comportements suicidaires, atténuer la dépression et aider les personnes atteintes de ce trouble à mieux fonctionner, mais des médicaments sont parfois utilisés pour soulager les symptômes." 

Voilà ce que le médecin m'a expliqué pour le trouble de la personnalité borderline. Je le sais depuis quelques temps mais je n'en ai jamais parlé à François. Je ne saurais pas trop vous dire pourquoi, mais je pense que c'est parce que je souhaite qu'il ne s'inquiète pas pour moi et que je me débrouille seule.

Le médecin nous ouvre la porte et nous laisse entrer. C'est une pièce avec pleins de berceaux dont la plupart contiennent des nourrissons. Le médecin nous montre du doigt le berceau de notre bébé. 

Je regarde alors François, et celui-ci semble serein. 

Il se penche au berceau et un sourire vient illuminer son visage. Il le prend dans ses bras, bien qu'il n'ait jamais fait ça, il le porte sereinement. Bien qu'il soit un peu maladroit, il le porte avec une telle douceur qui représente bien tout l'amour et l'attention qu'il lui porte déjà.

François se tourne vers moi avec le petit dans les bras et il me le tend, le regard ému. Je tends alors les bras instinctivement et baisse la tête vers mon fils. 

Lorsque nos regards se croisent, c'est comme si je le connaissais depuis toujours. Comme si, j'étais prêt à le rencontrer et à me sentir mère. Un sentiment naît alors en moi, à présent, je sens que mon rôle va être de le protéger, de l'aimer et de lui donner toute l'attention que je n'ai pas eue. 

Seulement une arrière pensée vint noircir ce moment. Et si je ne le voyais pas grandir ? Et si il grandissait sans sa mère qui se trouvait dans un HP à cause de problèmes mentaux ? 

Le temps de penser ça, je réalise que mon bébé me regarde, le visage joyeux. Il gazouille un peu et fait bouger ses petites mains pour tenter d'attraper une mèche de cheveux. 

- Salut toi. Dis-je les yeux pleins de larmes 

Le sentiment d'être mère est presque indescriptible. Je ne sais pas quoi vous dire à part que c'est incroyable. Bien que ma vie ne soit pas la plus joyeuse, son arrivée me fait presque tout oublier. A présent, je n'ai plus que moi à m'occuper, mais aussi lui. Ce petit bébé qui n'a jamais demandé à être ici, nous devons lui donner la vie la plus heureuse possible. 

Je n'arrive pas à me détacher du regard de mon enfant. Je garde un sourire scotché sur mon visage, mais cette fois ci, ce n'est pas forcé. Voir ses petits yeux déjà marrons m'observer me surpasse de joie. 

François arrive à côté de moi et pose une main sur mon épaule, il me chuchote : 

- Il est beau hein ? 

Je relève la tête et vois des larmes qui ruissellent sur ses joues. Je pose alors ma tête contre son torse et dis : 

-Oui. Il tient déjà de son père. 

Je l'entends rire doucement puis il pose sa main sur la petite tête du bébé : 

- Quel va être le nom de ce petit bout ? 

Je réfléchis quelques instants, même si cela fait depuis sa naissance que j'ai un prénom en tête : 

- Et si nous l'appelions Jonah ? 

-Jonah ?

-Oui. Pour ta sœur.

- Développe.

- Jonah signifie "Colombe". Ce serait pour son bébé qu'elle a perdu. 

Il marque une pause avant d'ajouter : 

- Oui, c'est super. C'est vraiment une bonne idée. 

Il s'arrête un moment pour essuyer une larme et m'embrasse sur la joue : 

- Félicitations mon amour, tu l'as fait. 

Ces mots résonnent en moi et me font un bien fou. Je colle ma tête dans son cou et dépose un doux baiser en guise de réponse puis je regarde Jonah et lui dit : 

- Bienvenue sur la terre, Jonah.

Nous deux ( TOME 1 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant