Bébé

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Je relis au moins une dizaine de fois pour être bien sûr que ça soit elle. Mais oui oui, c'est bel et bien elle, Léa Civil. J'hésite un moment à cliquer sur le message, mais bon, au point où on en est.. Le message commence par : 

"Bonjour Louisa. Merci pour ton message, c'est gentil à toi de prendre le temps d'arranger les choses. Je suis d'accord pour qu'on discute, mais que toutes les deux. Demain, 11h au Strada Café, ça te vas ? Léa"

Je ne sais pas si je dois sauter de joie ou continuer à pleurer. Je ne sais pas vraiment comment réagir suite à ce message. D'une part, c'est bien car elle souhaite arranger les choses mais de l'autre, pourquoi ne veut-elle pas discuter avec son frère ? Je pense qu'à ce stade la, on a pas d'autres choix. 

Je continue à marcher puis m'assois sur un banc, épuisée à cause de ce petit bébé dans mon ventre. Il n'y a personne dans la rue, ce qui me rassure un peu. J'aime être seule dans ces moments-là. 

Je baisse le regard vers mon ventre puis commence à le caresser doucement. Et pour la première fois, je parle à mon bébé. 

- Et toi petit bébé.. Tu ne comprends pas ce qui se passe hein ? Tu sens juste que ta.. Maman est stressée. Je n'arrive pas à croire que je sois ta maman. J'ai étonnamment hâte de te serrer dans mes bras. J'ai l'espoir que ton arrivé apaise ton papa. Il est très stressé, surtout en ce moment. Je ne sais pas s'il a peur de ne pas y arriver, ou encore de faire des erreurs. Déjà qu'il est de nature angoissée, ma grossesse n'a pas aidé, mais ce n'est pas de ta faute. Apaise nos cœurs, petit bébé. 

Je m'arrête brusquement parce que je me sens si ridicule. " Apaise nos cœurs ", n'importe quoi. Ce bébé ne peut pas avoir cette responsabilité sur le dos. C'est tout bonnement idiot de dire ce genre de choses. J'essuie mes larmes et remarque que François a tenté de m'appeler 7 fois. Même si je repleure deux ou trois fois sur le chemin je crois être prête à rentrer chez moi. Je ne sais pas si je dois lui dire pour le message de Léa. Peut-être car après tout, ça le concerne un peu et je ne peux pas lui mentir ouvertement.

Lorsque je pousse la porte d'entrée, François se tient debout, le bras contre la fenêtre, il pleure en regardant par la fenêtre. Il se tourne brusquement vers moi, les yeux remplis de larmes et il dit : 

- Tu vas bien ?

- Oui, ça va oui. Dis-je en essuyant une larme sur ma joue.

Il se retourne vers la fenêtre en restant silencieux. Je reste figé, sans trop savoir quoi faire ou quoi dire. Au bout d'un moment, je retire mon manteau et l'accroche au porte manteau. 

- Tu vas rester comme ça, à faire la gueule ? 

- C'est juste que je comprends pas pourquoi t'as fait ça sans m'en parler.

- Tout simplement parce que tu refuses qu'on parle d'elle.

Il ne répond rien puis enchaîne : 

- Pourquoi t'as pas répondu à mes appels ? Je me suis inquiété tu sais.

- J'avais besoin d'être seule. Tu t'inquiètes pour quoi ? 

- J'ai eu peur qu'il t'arrive quelque chose, que tu reviennes plus jamais. 

Sa phrase me fit sourire intérieurement, il est tellement mignon à s'inquiéter pour moi comme ça. Je n'ai même pas su quoi répondre à ça à part : 

- Tu m'en veux ?

- Je peux pas t'en vouloir. 

Je reste à le regarder, sans comprendre le fond de sa pensée. Puis il se tourne enfin vers moi et me prend dans ses bras. Il m'a serré tellement fort contre lui que j'ai senti qu'il s'en voulait. J'ai passé mes bras autour de lui et je l'ai serré contre moi. Je lui caressait le dos lorsque je me suis rendu compte qu'il pleurait à chaudes larmes. J'ai continué à lui caresser le dos, sans rien dire car je sais très bien qu'il n'y a rien à dire. 

- Excusez-moi. Lâche-t-il entre deux sanglots. 

Lorsqu'il se recule, il baisse la tête et je prend son visage entre mes mains. Je le regarde dans les yeux et lui essuie une larme : 

- Pleure pas, c'est rien. Tout Va Bien. 

Il sourit, ce qui me fait fondre instantanément. 

Nous deux ( TOME 1 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant