Incorrigible

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Je suis prête à me rendre à ce foutu restaurant, prête à régler les choses avec mon père. Enfin je crois, c'est peut-être ce bébé qui me donne cette force. Je me sens plus forte que jamais alors que peu de choses ont changées. 

Je me sens en confiance, j'ai peut-être un peu le trac mais mon esprit refuse de me le faire savoir. J'ai une petite boule au ventre, c'est sûrement justifié, après toutes ces années, toutes ces raisons, enfin tout quoi. François est parti faire les cours lorsque je me prépare. C'est donc sans les encouragements de celui-ci que je sors de l'appartement pour me rendre au restaurant. 

Je marche, en pensant tous les scénarios possibles, en pensant à tout et à rien. Je me sens prête à l'affronter, à lui dire ses 4 vérités, pourquoi pas aussi à arranger les choses. Au fur et à mesure que j'avance, ma rage se calme, comme si elle n'avait plus d'importance en face de lui. J'entre dans le restaurant, et j'ai le cœur qui bat, j'ai l'impression qu'il va exploser. Je fais le tour de la pièce du regard pour trouver mon père, mais ce n'est pas son regard que je croise. C'est le leurs .

Je reçois un coup de massu, je me sens complètement désemparée, sans pouvoir y croire. Je refuse de croire qu'il ait pu faire ça. Il a réservé une table pour nous trois, pas pour nous deux. Eh oui, sa pétasse de copine est bel et bien là, à côté de lui. 

Elle me regarde, l'air fier et victorieux. Je n'ai qu'une envie, c'est de lui sauter dessus. 

Mais ce n'est pas raisonnable. Je n'aurais pas été enceinte, je l'aurais égorgé. Elle bien sûr, pas mon père. Non non, j'ai beau lui reprocher toutes les choses qui me soient arrivées, je ne peux pas lui faire de mal. Je me dis que c'est cette grognasse qui est la cause des actes de mon père. C'est pourquoi je ne peux pas supporter. 

Mais voilà que j'arrive dans une impasse. Que faire face à cette situation ? Le regard de mon père me pousse à les affronter mais celle de la pétasse me pousse à partir. Non pas qu'elle me fait peur, juste que j'estime que j'ai perdu assez de temps à parler avec elle pour en perdre encore plus. Mon père me regarde en m'implorant presque de venir, je pense qu'il voit que je lui en veux immédiatement. 

Tout ça arrive en 10 secondes, mon cerveau va exploser à force de penser tout ça. Je ne sais pas quoi faire, mais mon mécanisme de défense est de m'enfuir. Je tourne les talons et me précipite vers la sortie. Je leurs jette un dernier regard de dégoût, puis pars en furie. Mon père se rue derrière moi et m'attrape par le bras : 

- Où est-ce que tu vas ? Nous sommes venues express pour toi je te signale ! 

- Oui, c'est bien ça le problème. Vous êtes venu. J'ai accepté de te parler à toi, mais à elle, c'est même pas la peine. 

- Mais pourquoi ? Elle ne t'a rien fait ! 

Je n'en reviens pas. Toutes ces années, il a pensé qu'elle était sainte, la gentille de l'histoire.

- Alors tu n'as vraiment rien compris à ce que je t'ai dit ? 

- De quoi tu parles ?

- Je savais que t'étais con, mais là tu as atteint un niveau. Tu es champion du monde. 

Il s'offusque et serre mon bras encore mon plus fort et m'approche de lui : 

- Pardon ? Comment tu me parles ? Non mais tu te crois où là ?

- Tu n'es plus rien pour moi maintenant, et tu n'as plus rien à me dire. Je fais ce que je veux. Avant de juger les réactions, essaie d'en trouver la cause. Tu as bien plus de choses à te reprocher que ce que tu prétends.

- Arrête de dire n'importe quoi, et que tu le veuilles ou non, je restais ton père ! 

- Alors pour ta gouverne, un père est quelqu'un de présent et d'aimant, qui ne remplace pas ses enfants pour une grosse poufiasse ! Je te qualifieais de géniteur. 

Nous deux ( TOME 1 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant