01. Dans le noir.

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'Parfois la vie me manque alors que je l'ai encore.' -R.

🦢




Sophia.



La boule au ventre, j'écoute d'une oreille l'exposé de Pearl sur le féminisme en littérature.

Elle est si lumineuse, studieuse, elle est parfaite. Elle manie les mots de façon à toucher son auditoire et je me demande pourquoi moi quand je parle j'ai l'impression d'être muette.

Je stresse tellement que mes mains tremblent, et c'est pire encore depuis que je sais que c'est bientôt mon tour de passer.

- T'inquiète ça va bien se passer.

Je lève les yeux sur Sienna qui, encore une fois lit dans mes pensées. J'hoche la tête peu convaincue, puis je baisse de nouveau les yeux sur mon texte en lisant les même lignes pour la énième fois alors que je connais mon texte à la perfection.

Ma respiration se saccade quand Pearl conclus, tout le monde l'applaudit parce que c'était vraiment un bon exposé.

J'ai l'impression que mon col roulé m'étrangle, d'habitude je n'en porte jamais mais je dois cacher les traces de la nouvelle agression de Samuel et ça n'arrange en rien mon angoisse.

Sienna applaudit Pearl pendant que je lui lance un sourire fier quand elle se rassoit près de nous en soupirant de soulagement.

- C'était très bien, c'est à ton tour Sophia. Annonce le prof, monsieur Johnson.

Je me lève, les jambes frêles comme si je marchais sur un file aussi fin qu'un cheveux et avance jusqu'au tableau. Monsieur Johnson me sourit chaleureusement pendant que je prépare mon diaporama à l'écran.

Je déglutis difficilement, puis racle ma gorge en rivant mon regard sur mes deux amies qui m'encouragent en levant leurs pouces en l'air.

- Bonjour à tous...euh...aujourd'hui nous allons voir comment la littérature peut elle dénoncer les génocides et les crimes de guerres..

J'inspire profondément dans une tentative vaine de calmer ma respiration tremblante.

- Pour cela j-je vais m'appuyer sur le génocide en...en...

Lorsque je croise les regards froids et les expressions impassibles de mes camarades, je perds mes moyens.

- L-la..La...

Je tente un regard désespéré vers monsieur Johnson pour lui faire comprendre que j'ai complètement oublié mon texte. Mais celui ci plisse les lèvres, il ne peut rien faire pour moi.

Je lève les yeux au ciel pour essayer de me remémorer, mais rien. Et puis ce foutue col roulé m'étrangle je dois tirer dessus pour pouvoir respirer. Je finis par secouer la tête, les larmes aux yeux. Parce que je voulais vraiment réussir cet exposé là, je voulais vraiment parler ce qui se passe dans le monde mais comme toujours, je suis inutile.

- J-je suis désolé. Dis-je avant de quitter la salle de classe précipitamment.

J'arpente les couloirs anciens et sombres de l'université le cœur battant à mille à l'heure et mon téléphone est déjà en train de vibrer sous les dizaines de messages des filles.

EVERLOSTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant