𝐇𝐘𝐏𝐄𝐑𝐑𝐄́𝐀𝐋𝐈𝐓𝐄́

Prologue

  Des ambitions juvéniles, crevées de fortune, longeaient les rues d'une nation appauvrie. L'on voyait quelques gamins téméraires jouer les délinquants pour remplir la caisse de leurs parents, s'acheter le rôle de briguant pour vivre un peu plus longtemps que leurs copains, tout cela car l'hiver de 2029 avait déchiré leurs rêves.

Avant cette saison, les crises économiques n'avaient embêté que les plus pauvres, avaient fait sombrer quelques familles qui méritaient le besoin plus que la richesse, et avaient gardé sous leurs ailes ces beaux noms dorés d'abondance honorables. Mais cette date avait enseveli le pays entier sous la misère.

Après les dernières neiges, quelques courtes guerres avaient à nouveau troué les finances, coupé les contacts extérieurs qui venaient attaquer les territoires, et peu à peu les espoirs humanitaires s'étaient effondrés à cause des catastrophes qui plongeaient l'état dans une véritable apocalypse. Les restrictions s'étaient multipliées face aux nécessités croissantes des habitants, car des ressources manquaient, d'autres disparaissaient, en les laissant se débrouiller dans leur propre déchéance.

Des pénuries de tout avaient creusé le ventre des citoyens, et après la famine, les déserts médicaux s'étaient étendus jusqu'à frôler les métropoles, le pétrole manquant avait vidé les routes, et la criminalité avait fait s'enfermer la population dans des maisons délabrées. L'individualisme s'était fait roi, avait empiété sur le reste des droits que défendaient encore des groupuscules méprisés par les adultes s'abandonnant à cette nouvelle société inégalitaire, car même les plus grosses révoltes n'inspiraient rien d'autre que la pitié au gouvernement insensible.

En dix-sept ans, rien n'avait changé. Les rues se froissaient encore de l'abandon national, et personne ne voyait la fin de cet enfer pittoresque. L'obsession du silence continuait à faire taire les sales bouches des révolutionnaires, et peu à peu le peuple s'endormait devant un gouvernement qui commençait à contrôler toutes les failles d'une société bouleversée.

C'est à cette époque que, les songes traînés dans la boue depuis la petite enfance, Wooyoung et San rêvaient d'adrénaline pour étancher l'ennui mortuaire de leur ville à moitié détruite. Ils étaient deux adolescents épargnés par les horreurs de la vie, qui ne pensaient à rien d'autre que récupérer le futur usé de leurs parents.

Mais qui aurait pu un jour penser que, derrière les rideaux du chaos, l'humain avait vainement tenté de modifier la dernière chose qui les menait vers ce gouffre infini ; ils avaient voulu maîtriser la réalité. Éveillant des secrets enfouis, les agitations de 2046 révélèrent peut-être les projets d'une société en faille ; trouver l'eldorado dans l'Hyperréalité.