Chapitre 8

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  Guettant les fissures empoussiérées du mur émietté s'effondrant devant lui, San considérait ses pensée avec des vagues aigres, trempée dans des acrimonies légères, mais un peu trop constantes depuis la veille. Il avait réussi à dormir sans être trop troublé, et si les vertiges valsaient toujours dans l'ombre de la nuit, si ce chant des baleines lui hurlait encore ses obsessions mordantes, son œil s'apaisait parfois et ses cils brouillés gouttaient des larmes soulagées, elles n'étaient plus aussi douloureuses. Il attendait le signal d'un mouvement feutré, quelque chose qui saurait éveiller ses esprits égarés, quelqu'un pour balayer ses pensées.

Il ne sut pas exactement combien de temps il dut attendre avant d'entendre le nylon crisser dans son regard hagard, Wooyoung avait relevé son bras jusqu'à son visage en gémissant de fatigue, puis l'avait glissé sur son sac de couchage sans grande considération vis-à-vis de ce qui l'entourait. San en fut peut-être agacé, plus par habitude que par réelle colère, et il se racla la gorge pour faire valoir son éveil désargenté. Il vit un soupir, puis les feux ardents de la soirée s'éclatèrent à ses oreilles. Un acouphène insupportable l'étouffa, il se redressa alors, tout transpirant, en portant une main à sa gorge sifflante, qui fuyait l'air et rendait ses inspirations insatiables.

Le brunet lui jeta un œil inquiet, pas trop sûr de comment agir dans les affolements soudains du garçon. Il tendit ses jambes endolorie en-dehors du lit tiède, écartant sans conviction ses doigts engourdis par le froid, et se releva pour se rapprocha de l'autre matelas. San attrapait violemment sa tête et la balançait avec véhémence d'une paume à l'autre, trouant ses regards atrabilaire dans le biais fin de la lumière spectrale. Il écaillait des geignements rauques, puis des larmes rugueuses s'effondraient sur ses joues, misérablement.

Le chant des baleines, et puis une voix, une voix qui se répétait. Buvant furieusement des paroles échouées, en échos immuables sur les rives de muqueuses arrachées, il s'élevait juste à sa salive des lèvres maudites — l'expansion matérielle servira à asservir l'apocalypse. Il entrevit dans ses chansons abreuvées d'ébriété un souvenir extatique, le vent inondait ses marches, quelque chose de trop présent. Il vit le passé, embrassa le présent, et s'embrasait de sens ardents jusqu'à crever la gueule ouverte dans ces esprits phosphorescents et leur fantômes houleux.

Il voyait les hurlements d'une explosion caustiques, et se sentait brûler de l'intérieur en baisant une flamme dans son cœur à moitié éteint, comme s'il ne s'appartenait plus. C'était horrible, il s'égosilla en râle-mort dans la peur de ne plus être.

Affolé par les grands yeux vides que San trouait tout autour de lui, Wooyoung posa une main sur son épaule en agrippant le haut humide collant à ses omoplates. Il le secoua, incertain d'exécuter ses tremblements de manière juste et retint son dos lâche qui penchait vers l'arrière. Le brunet plongeait des respirations paniquées à la face blafarde de l'autre adolescent, étreignant son nez d'exhalaisons moites qui ne le ravirent pas vraiment. Il s'éloigna alors en tenant toujours les clavicules de l'autre du bout des doigts, et attendit quelques instants comme il avait, presque, pris l'habitude de faire ces derniers jours. Ces crises éphémères s'étaient peut-être rendues récurrentes, à force d'exploser au jour son cerveau ne supportait plus les jointures humides de ces horreurs, mais le cadet ne comprenait toujours pas comment les apaiser, et il se retrouvait à caler maladroitement la tête du garçon entre ses bras trémulants pour ne pas que ce derniers s'écorche minablement ses cheveux ébènes enfilés de rayons rougeoyants.

Alors cette matinée n'était pas une exception et il lui fallut une dizaine de minutes pour que ses convulsions excessives ne s'arrêtent et que ses inspirations sifflantes vaguant dans l'air ne cessent de se tordre douloureusement. Il plongea ses iris dans celles de Wooyoung, face à lui, qui dérobait sa surprise dans sa poitrine aux soulèvements frénétiques. Les mains perdues dans le gros pull qu'il avait emprunté, il tenait son crâne pour qu'il ne bascule pas dans ses souffrances, puis, sans trop savoir pourquoi, il balaya une manche sur le front de son aîné pour essuyer les restes de sueur qui s'y collaient.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 14 ⏰

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