Un halo algide agitait des vagues froides entre les rideaux opalins, la lumière encore morne de la matinée transpirait des égouttures translucides le long des vitres sales, et trempaient des spectres blancs dans la chambre étroite. Quelques fois, Wooyoung passait sa main sur l'ourlet des étoffes, les soulevait pour que quelques rayons grisonnants perçant son œil fatigué. À chaque passage furtif de gens longeant la rue sur les routes évincées, il sursautait et perdait ses réflexions dans les battements affolés de son cœur, d'autre fois, c'était l'ombre des oiseaux passant là qui le surprenait, et il manquait de s'étrangler.
Le silence se coupait des bruits crépitants du chewing-gum mâché du brunet ; regardant dans le vide, il divaguait sur les prochaines heures en plaignant son maigre sommeil et les lattes peu flatteuses du canapé. Alors, il entrouvrait la bouche et laissait sa langue humecter ses crachotements sonores.
« Wooyoung.
— Pardon. »
San haussa le ton pour la troisième fois, fatigué de la nonchalance du garçon et ses mastications retentissantes, elles astiquaient ses yeux et devenaient élastiques dans sa tête rebondissantes, il posait alors ses paumes sur ses paupières en espérant faire taire ces parasites ardents. Wooyoung ferma la bouche en froissant une bulle, et traîna ses pas le long de la pièce. Il retint son pied de se heurter à l'un des piliers du lit, se disant que l'autre adolescent devait déjà être bien dérangé par les réactions de son propre corps. Il sortit de la chambre étroite en fermant la porte, s'étanchant à quelques affections en ne la claquant pas, et se baigna dans la lumière tiède du salon.
Assis sur une couverture moite, allongée dans des plis chiffonnés sur la largeur du canapé, Hongjoong somnolait en tenant un livre entre les mains. Le brunet savait que son aîné avait passé la nuit avachi au bureau de Seonghwa, ne songeant pas au sommeil même quand la fatigue faisait trembler sa raison ; il était sûrement resté sous des tas de papiers déchirés, à écorcher le moindre mot qui pourrait l'aiguiller sur la situation, le moindre nom qui pourrait s'occuper des deux lycéens, et tout cela sous le regard accablé d'inquiétude de l'autre adulte. Wooyoung s'approcha du long fauteuil et s'y avachit en faisant craquer son ossature. Le bleuet s'éveilla en un soubresaut, ses épaules ondulèrent et il perdit presque son bouquin des mains. En ouvrant grand ses yeux, il vit distraitement la jambe agitée de son cadet, ses ongles ramenés à sa bouche qui se tordaient légèrement sous ses dents, et il passa un bras pour lui retirer ses doigts déchirés de là.
« Woo', t'es stressé ? »
L'interpelé arrêta tout mouvement et figea son visage vers celui de l'adulte qui grognait de l'absence de réponse. Il sembla être vide de réflexion, puis ses pieds se rabattirent sur le sol dans leurs gestes répétitifs.
« Non, non. Tu serais stressé si t'étais recherché par le gouvernement ? et que du coup t'as une putain d'orga' clandestine qui se pointe pour ta « protection », s'exclama cyniquement le garçon.
— Techniquement, t'es pas encore recherché. Dis, tu t'en fait pour Choi San ?
— Ferme-la, le militaire a aussi dit que je serais bientôt dans l'affaire. »
L'air râleur de Wooyoung titilla les rires d'Hongjoong, qui, en se fichant ouvertement du plus jeune, récolta un maigre coup sur son épaule. Le cadet pinça un mince sourire, et s'enfonça plus confortablement dans les tissus tachés du canapé. Quelques effluves transpirantes — celle qui avait sué dans son dos toute la nuit, certainement — chatouillait son odorat, et il se sentit un peu crever de honte en se rendant compte que ces parfums avaient même remplacé la lessive bon-marché, mais assez forte, que Seonghwa aspergeait entre chaque tissu. Il fallait dire que, malgré la douche rapide qu'il avait prise la veille, son inquiétude avait tari sont œil ouvert toute la nuit, et il s'était retrouvé à frotter son sommeil entre les armature renversées, craquant sous son ossature molle, et les écumes peureuses luisant discrètement sur son épiderme.
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𝐇𝐘𝐏𝐄𝐑𝐑𝐄́𝐀𝐋𝐈𝐓𝐄́
Science FictionFauchée par les ruines de l'ouest, une ville s'éleva misérablement quand deux adolescents se heurtèrent à un sombre projet gouvernemental. Des associations secrètes menaient des révolutions interdites face à un pays sombrant peu à peu, elles se terr...