Les aiguilles d'un cadran abîmé tapaient leurs secondes tout près de douze heures quarante. Quelques adolescents attentifs secouaient la jambe avec impatience, alors que les voix coupant les discours du professeur ne tentaient plus de se faire discrètes. De longues phrases s'emmêlaient à des soupirs excédés, l'adulte s'énervait des trousses et leur mélodies stridentes alors que la classe demeurait enjouée de la pause qui s'annonçait.
Le soleil projetait ses ombres sur le visage ennuyé de Wooyoung, terminant sa course sur le sol taché de la classe où poussières et feuilles abandonnées combattaient des pieds instables. Dans cette attente interminable, il observait les grandeurs échouées des bâtiments extérieurs à travers la fenêtre sale, tous couverts de crasses et de dessins vulgaires. Il lisait avec lassitude les noms inconnus qui se gravaient derrières les fissures, et des mots absurdes qui dansaient avec les plantes indomptées. Un élan de désespoir lui fit ressentir de la fascination face à cette misère ; les lettres chancelantes de l'établissement, qui pendaient à son entrée, et les volets-roulant qui ne tenaient que grâce à une vitre coincée représentaient bien le prestige de leur lycée. Tout y était pitoyable, même les élèves.
Il fallait dire que les résultats n'étaient vraiment pas bons, et le niveau scolaire national avait, en réalité, drastiquement baissé. Ainsi, les écoles délabrées dans des petites villes comme celle où habitait Wooyoung étaient devenues un parc d'amusement, où combattre l'ennui douloureux remplaçait le savoir. Personne ne trouvait d'importance à apprendre quand ils savaient déjà qu'ils vivraient la vie de leurs parents ; alors ils se levaient tous les matins en attendant la fin de la journée, souffrant de cet enfer qui manquait de distraction.
Le hurlement de la cloche perça les derniers mots du professeur et fit allègrement valser les rares stylos utilisés. Les chaises brinquebalantes s'échouèrent dans des pleurs criards quand la classe rangea en vitesse ses quelques affaires, un vacarme qui atténuait toutes les plaintes des élèves. L'adulte souffla en tenant sa craie du bout des doigts, ce jour-là encore il n'avait pas pu donner du travail supplémentaire qui pourrait alléger leur programme, et les tables devant lui devenaient désertes sans qu'il ne puisse retenir les foules adolescentes. Il rangeait ses affaires dans des mouvement frustrés, maugréant d'un air ironique pour faire valoir sa rage habituelle.
« Quelle classe de branleurs. »
La remarque ne parut qu'aux oreilles de Wooyoung, son regard nonchalant s'exprimant à travers une œillade partagée par le professeur. Il attrapa son sac, fourra sa trousse à l'intérieur avant qu'une main ne s'appuie sur son épaule. Sa tête se leva d'elle-même vers le sourire crispé de son meilleur ami, croisant ses orbes ternies de fatigue qui se cachaient derrière ses cheveux châtains. Yeosang inspira en mordant sa lèvre inférieure avant de glisser quelques mots ;
« Dépêche, on va encore être les dernier sinon. »
L'interpelé acquiesça en fermant bruyamment la fermeture éclaire, puis attrapa sa veste rouge d'un mouvement vif avant de sortir de la pièce. Ils parcoururent à grands pas les couloirs débordant d'élèves, où s'entassaient quelques brutes autour d'un pauvre gamin qui défendait ses idées illusoire, pendant que d'autres faisaient ricocher leurs rires bruyants au milieu de blagues de mauvais goût. Les murs entassaient la vulgarité juvénile qui tâchait des bouches, elles qui n'avaient jamais été innocentes.
Les deux amis arrivèrent rapidement à la cantine, et se rassurèrent de suite en voyant qu'il n'y avait pas encore grand monde dans la file.
« Tu sèches les cours de cet après-midi ? »
La voix calme de Yeosang s'était envolée au milieu du brouhaha de la maigre foule impatiente, alors que des soupirs ennuyés quittaient les lèvres de son ami en voyant le visage indécis du lycéen devant lui, qui peinait à choisir une entrée. Il tenait sa veste de moto sur une épaule, une bretelle de son sac-à-dos usé en équilibre sur l'autre, et surtout ses traits agacés qui ne s'exhibaient que lorsqu'il désirait sortir rapidement.

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𝐇𝐘𝐏𝐄𝐑𝐑𝐄́𝐀𝐋𝐈𝐓𝐄́
Science FictionFauchée par les ruines de l'ouest, une ville s'éleva misérablement quand deux adolescents se heurtèrent à un sombre projet gouvernemental. Des associations secrètes menaient des révolutions interdites face à un pays sombrant peu à peu, elles se terr...