Volte-Face Semelle (Turnabout Sole) [TERMINÉE]

Chapitre 10

Sommaire :

Edgeworth confronte ses sentiments et n'a aucun regret.

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Pour la deuxième fois ce jour-là, Edgeworth s'est réveillé dans une douleur atroce.

"Ngoooooh," grogna-t-il. Tout piquait et faisait mal.

"Il se réveille!"

"Patron? Ou est-ce M. Edgeworth?"

"Imbécile, tu vas nous répondre tout de suite!"

"C'est Edgeworth," siffla-t-il.

Puis il lui vint à l'esprit que sa voix semblait normale. Une main tremblante se posa sur son visage, faisant immédiatement tomber ses lunettes tachées de travers. (Bien sûr, Wright les a tachés.)

Il était de retour. Cela avait effectivement fonctionné.

Il leva les yeux vers la petite foule qui s'était formée autour de lui. Franziska, M. Justice et Mlle. Cykes se tenaient tous devant lui alors qu'il s'asseyait sur le banc du hall sur lequel il avait été allongé. Il regarda de côté alors que quelqu'un d'autre grogna de douleur, et vit un Wright groggy essayant de tenir Trucy qui le serrait étroitement dans ses bras.

"Pas si fort, Truce" grogna-t-il, et Trucy lâcha prise.

"Qu'est-il arrivé aux chaussures?" demanda Edgeworth en passant ses doigts dans ses cheveux. Une mèche sur son front refusa tout simplement  de rester à plat. (Qu'est-ce que Wright a fait à mes cheveux?)

Oh, Mlle. Boot est venue nous remercier, et nous les lui avons rendues", expliqua Mlle. Cykes. "Nous avons en quelque sorte compris que tout était lié après que vous vous êtes évanouis après les avoir cognés comme ça."

"Elle a semblé assez surprise", ajouta M. Justice. "Je ne pense pas qu'elle ait jamais pensé que son père disait la vérité sur le fait qu'elles avaient une valeur quelconque."

"Avez-vous appris votre leçon," demanda froidement Franziska, "sur le vol d'objets sur les scènes de crime, Miles Edgeworth?"

"En effet, Franziska," marmonna-t-il, évitant le contact visuel. (Comment étais-je censé savoir que c'était un objet doté d'un pouvoir surnaturel?)

"Bon sang, les gars", se plaignit Wright depuis son banc, "vous vous inquiétez par pour votre patron?"

"Votre corps n'est pas celui qui a été fouetté dix mille fois", souligna Mlle. Cykes.  

"HOULÀ", ajouta une autre voix utilement. Mlle. Cykes couvrit son collier d'un sourire penaud.

"Ouais, euh, désolé pour ça," dit Wright en se levant et en s'approchant. "Est-ce que ça va?"

L'inquiétude dans ses yeux suscita des souvenirs à Edgeworth. (Cette conversation que nous venons d'avoir... il va la reprendre tôt ou tard. Et je suis très désavantagé. Je ne sais pas s'il partage mes sentiments.)

(...ou est-ce que je le sais?)

Je me soucie de toi. Et... en plus, tu m'as sauvé aussi. Plus de fois que je ne peux compter.

"Wright," dit-il rapidement, "J'ai besoin de te parler. Seul."

"Hein?" Il cligna des yeux comme une chouette, puis son visage rougit. "Oh ouais."

Trucy avait un air complice, et Mlle. Cykes eut un sourire surpris, serrant plus fort ce collier. Franziska se moqua et marmonna quelque chose qu'Edgeworth ne comprit pas tout à fait. M. Justice avait toujours l'air perdu. Il les ignora tous alors qu'il se levait et éloignait Wright des regards et des oreilles indiscrètes.

"Euh, d'accord, Edgeworth, je sais que ce que j'ai dit là-bas était un peu impulsif", balbutia Wright, "s'il te plaît, ne me déteste pas, je me moquais juste, je ne pensais pas vraiment..."

"Wright," dit-il, et il se tut.

Il s'arrêta pour prendre une profonde inspiration. "Que penses-tu de moi? S'il te plaît, sois honnête."

"Je... oh. Euh." Wright s'éclaircit la gorge. "Eh bien... tu es... une bonne personne, et j'apprécie vraiment notre amitié, et je suis heureux quand tu es heureux, tu sais? Je ferais... à peu près n'importe quoi pour toi."

"Même essayer et échouer à faire semblant d'être moi pendant une journée?"

"Je n'ai jamais dit que je serais doué pour faire à peu près n'importe quoi", a-t-il dit avec un petit rire. "Je... tu es juste... vraiment important pour moi."

Edgeworth déglutit. "Je... ressens la même chose," réussit-il à dire. "Tu es une source d'inspiration et une force que j'admire. Je chéris vraiment notre relation."

Wright souriait vraiment maintenant. "Tu sais, si je suis parfaitement honnête, ça m'a manqué de pouvoir te regarder."

Il avait l'air si honnête comme ça, assez rayonnant pour plisser les yeux, les joues colorées par l'émotion. Edgeworth ne pouvait pas le supporter. 

"Si je suis parfaitement honnête, j'aimerais beaucoup t'embrasser maintenant, Wright."

Il rougit davantage, mais son sourire s'élargit incroyablement. "Si je suis parfaitement honnête, j'aimerais beaucoup ça."

Alors Edgeworth attrapa ses revers et le tira vers soi-même, et leurs lèvres se rencontrèrent pendant environ une seconde avant que Wright ne se mette à rire.

"Qu'est ce qu'il y a de si drôle?" demanda-t-il en s'éloignant.

"C'est juste," siffla Wright, tremblant alors qu'il essayait de les retenir, "je... j'ai marché quelques Miles dans tes chaussures aujourd'hui, hein?"

Edgeworth cligna des yeux.

Puis il ria.

Puis ils éclatèrent tous les deux d'un rire rauque, tombant pratiquement l'un sur l'autre dans une tentative de rester debout, alors que l'absurdité pure de tout ce qui venait de se passer les frappait tous d'un coup.

Le bruit a apparemment attiré l'attention du petit groupe qu'ils avaient laissé derrière eux. "Qu'est-ce qu'il a fait à M. Edgeworth?" pouvait-il entendre M. Justice demander avec horreur.

"Tu comprendras quand tu seras plus grand," répondit sagement Trucy.

"J'ai sept ans de plus que toi!"

Tout cela a juste fait rire Edgeworth plus fort. Après avoir eu un aperçu de la vie de Wright de première main, il avait décidé que c'était quelque chose dans lequel il était prêt à se placer de son propre gré, et Wright en avait décidé de même.

(Là encore, nous faisons partie de la vie de l'autre depuis si longtemps. Ça le rend juste... plus officiel.)

Il chercha de l'air et s'essuya les yeux, souriant si fort que ses joues lui faisaient mal. Wright le regarda à nouveau et recommença à ricaner.

"Oh, qu'est-ce qu'il y a maintenant," dit-il d'un air vexé , même s'il n'était pas vraiment vexé.

"Nous sommes assortis maintenant, Edgeworth," gloussa-t-il, désignant sa propre mèche de cheveux têtue. "Hah... je me demande si tu m'as donné quelque chose d'une manière ou d'une autre?"

"Il vaut mieux que ce ne soit pas permanent, Wright. J'ai une image à entretenir."

"Je pense que ça te va bien. Tu as l'air plus facile à aborder."

Edgeworth lui donna un coup de coude dans la poitrine.

"Ngooh!"

Ils se raidirent tous les deux.

Wright plaqua ses mains sur sa bouche, le visage soudainement blême. "Est-ce que," couina-t-il, la voix petite, "est-ce que je viens de...?"

Edgeworth le regarda fixement.

Puis il recommença à rire.