Et cela ne fait que commencer...

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Théo

Je reste là devant la vitre, la regardant me toiser tandis que j'attends que Charlie me réponde enfin quand elle se laisse tomber dans l'eau.

"Pathétique"

Pense-t-elle que je suis assez stupide pour ses jeux enfantins ?! Je m'apprête à me détourner, pour pouvoir me concentrer sur ma conversation avec Charlie quand je fonce les sourcils en voyant que le moteur de la bâche électrique se remet en route. Mais cette fois-ci pour refermer la piscine, et je balance le portable, voyant que cette idiote ne remonte pas à la surface.

_ Putain, claqué-je en essayant d'arrêter le mécanisme, en regardant l'endroit où elle se trouve.

Je juge en une seconde du temps d'avancement de cette foutue bâche que je n'arrive pas à arrêter, et je me précipite à l'endroit où elle a plongé pour sauter sans réfléchir à mon tour. Le coeur battant à l'idée que nous restions bloqués tous les deux s'imposent à moi, au fur et à mesure que je nage vers elle qui ne semble pas vouloir se décider à remonter. Je l'attrape fermement par le bras, et je pousse de toutes mes forces sur mes jambes qui touchent le fond de la piscine pour nous faire remonter le plus vite possible. Je happe un grand bol d'air une fois remonté, et je l'attire contre moi pour la faire monter sur le bord de la piscine avant d'y glisser à mon tour, alors que la bâche nous rejoint.

_ T'es une grande malade, fais-je le souffle haletant d'avoir failli mourir noyé pour elle.

Elle se met à tousser à côté de moi, allongée toujours sur le sol, tandis que je me tiens à quatre pattes, essayant de récupérer mon calme. Mon regard se porte sur elle, et je la regarde ahuri, la voyant sourire.

_ Je savais que tu le ferais, me fait-elle et j'ouvre la bouche, hébété de l'aplomb qu'elle a à l'instant, alors que nous avons failli mourir tous les deux.

_ Après tout, je suis un témoin clé, ajoute-t-elle en se redressant tout en passant ses mains dans ses cheveux, le sourire toujours aux lèvres.

Ma mâchoire se crispe, et je lui attrape fermement le poignet, l'attirant contre moi. Mon visage à quelques millimètres du sien, je suis à deux doigts de l'y balancer et de refermer la bâche moi-même au-dessus de sa tête. Le reflet amusé dans la prunelle malicieuse de son regard ne désemplit pas, et je sens tout mon corps se crisper à l'idée que je la tuerai avant la fin de la nuit si je dois rester une minute de plus avec elle. Je finis donc par la lâcher froidement, et je me lève, pour rejoindre la villa quand je m'arrête net.

Cette garce est littéralement entrain de rire à cet instant.

_ Mon chéri, tu regrettes certainement de ne pas pouvoir me tuer toi-même maintenant, ricane-t-elle alors que je serre les poings sous son arrogance.

_ Ne t'inquiète pas, finit-elle par dire en passant à côté de moi, tu n'es même pas au début de ta torture.

_ Le début de ma torture ? Répété-je ahuri en la suivant du regard alors qu'elle rentre dans la maison.

Ania

Je grommèle dans mes dents tout en tenant doucement mon poignet que cet abruti vient de marquer de ses doigts, comme si j'étais un vulgaire malfrat. Je m'appuie sur l'évier de la salle de bain où je suis entrée, et je regarde mon visage dans le miroir avec condescendance.

_ Qu'est-ce que tu fous Ania ?! Me lancé-je.

Sérieusement, j'ai enfin cet abruti sous la main et je devrais jubiler de la situation que j'attends depuis tellement longtemps. Et pourtant, mon cœur a eu un raté devant son regard émeraude dans le mien à l'instant. Bien qu'il y avait de la haine envers mon acte, que j'avoue de débile, il y avait une étincelle de frayeur. Comme s'il avait vraiment craint pour moi.

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