Je me prélasse au soleil comme si demain n'existait pas. Mes lunettes de soleil sur le bout de mon nez, j'apprécie pleinement mon temps. Aucun bruit. Un silence des plus complets. Une semaine encore avant on votait mon nom dans cette urne maudite.
Aujourd'hui, je ne suis plus Reyna. Je ne suis que l'ombre de moi-même. Un caillou parmi une multitude de grains de sable. Je suis...
— Tu as fini de fixer le ciel comme une conquérante ?
Soudain, le soleil se retrouve caché par la silhouette de... mon frère ! Quelle étonnante surprise.
— J'ai des lunettes. Comment peux-tu interpréter quoique ce soit de mon regard.
— Je te connais par cœur.
Anthos me lance un sourire enjôleur avant de mettre les mains sur ses hanches. Il jubile de me savoir en mauvaise posture. Il sait que je serai la désignée pour ce tournoi.
— Tu es sûrement en train de te remémorer les bons souvenirs d'antan, quand tu n'étais qu'une jeune fille libre et innocente, échappant au tragique destin du mariage. Ma luciole, s'il y a bien quelque chose qui te pend au nez, c'est l'amouur !
Il claque dans ses mains comme si c'était la chose la plus excitante de l'année. Mauvaise, je redresse mes lunettes et l'assassine du regard.
— Tu veux que je te dise quelque chose ? Tu y passeras aussi. Père attend la moindre occasion pour te coller un mariage au dos. Ce n'est qu'une question de temps.
— Mais chaque mariage en son temps ! ricane-t-il. Et pour l'instant, c'est le tien qui va me tenir en haleine pendant des semaines.
Je l'envoie balader de la main. Ce maudit frère ne mérite même pas mon attention.
— Tu es venue t'isoler ici parce que tu as trop peur d'entendre l'issue du scrutin ? Père est déjà en train de dépouiller les bulletins.
— Il n'est même pas seize heures ! je m'exclame, hors de moi.
Peut-être que j'espérais pouvoir réfléchir à une stratégie d'ici ces deux heures. Il semblerait que je sois confrontée à mon destin plus vite que prévu.
— Ils en ont pour une éternité. Jamais il n'y avait eu autant de votant en une année.
Je serre les dents et me redresse de mon siège. De toute manière, d'où je suis placée, le soleil ne tardera pas à se cacher derrière ce maudit arbre.
Je me mets sur pieds, jette un coup d'œil aux alentours. Sur ma droite, le jardin des coquelicots est envahi par certains membres de la famille royale d'Ecclosia. À ma gauche, Anthos me sourit de toutes ses dents.
Devant moi, la voie est libre. Alors sans trop tarder, je m'éclipse.
— Je m'en vais bouder dans mon coin. Bonne journée à toi, mon cher frère.
Je le laisse planté là. Anthos n'en a que faire de mon sort. Et moi, je suis bien destinée à broyer du noir. C'est ma spécialité. Je ne vais pas pleurer. Hors de question que je verse une larme ! Mais il est certain que j'ai besoin de m'isoler.
Je rejoins à grands pas le palais. Les volants de ma robe se soulèvent au gré de l'air marin. Il faut dire que le palais d'Imir a été construit tout proche de la mer. Il m'arrive le soir de m'y rendre pour réfléchir et ne penser à rien. Mais Anthos a commencé, il y a quelques mois, à faire la même chose que moi.
Alors nous finissons par avoir des discussions infinies au bord de mer. Le temps passe puis lorsque le soleil se lève, nous nous rendons compte lui et moi que nous avons parlé toute la nuit. C'est bien dans ce sens-là que j'estime avoir une relation particulière avec mon frère.
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𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫𝐬 | 𝐓𝐎𝐌𝐄 𝟏
Romance« Mon cœur était sien. Mais ce sentiment n'avait jamais été récriproque. Pendant tout ce temps, notre amour n'avait été qu'un mensonge. » Cette année, le Jeu des Cœurs permettra à quiconque sera désigné de se voir offrir un mariage à la clé. La pri...