Chapitre 42

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— Pourquoi aller à Ecclosia ? m'étonné-je.

— Reyna, il y a beaucoup de choses à expliquer mais nous ne devons pas tarder ici. Je suis persuadé que les autres sont déjà arrivés à la forteresse de Dreyron.

Il se lève, époussette sa tunique déjà bien sale puis me tend la main.

— Et n'oublions pas que nous n'avons aucune arme sur nous.

Cela est vrai. Très honnêtement, je pense que Darren est en parfaite capacité à se défendre avec ses mains, mais je ne le lui avouerai pas. Au lieu de cela, j'accepte sa main en soupirant.

— Et Enora ? ajouté-je alors que nous traversons la taverne pour sortir. Est-ce qu'elle va bien ?

— Je n'en ai aucune idée, répond-il en haussant les épaules.

— Elle m'a laissée m'enfuir parce que ton escadron venait d'arriver ! m'exclamé-je. Tu dois bien savoir ce qui lui est arrivé.

— Quand je suis revenu après t'avoir renvoyée dans ta cellule, elle n'était plus là. J'ignore ce qui lui est arrivé. Maintenant, avançons.

Il m'agace. J'ignore pourquoi, mais il m'agace. Il épie de partout, comme si nous allions être attaqué à tout moment, alors que personne dans cette taverne ne se soucie de nous.

À peine nous dirigeons-nous vers la porte que Darren se fige.

— J'ai un mauvais pressentiment, annonce-t-il.

Il s'approche du carreau de la fenêtre et jure avant de me tirer par le poignet comme si j'étais une vulgaire marchandise.

— Les soldats de Kelinthos, souffle-t-il. Viens avec moi.

Il jette un rapide coup d'œil vers l'escalier, puis se rendant compte que personne ne fait attention à nous, se dirige discrètement vers les marches.

— Monte comme si tout était normal.

Difficile de paraître naturelle lorsque des soldats, voire tout un pays, sont à vos trousses. Je grimpe alors les marches d'un air faussement naturel, suivi de Darren.

Lorsque nous arrivons à l'étage, les portes d'en bas claquent violemment comme pour annoncer l'entrée des soldats de Kelinthos. Alors, Darren saisit ma main puis pousse la première porte venue.

— Nous sommes à la recherche de deux fugitifs ! clame une voix masculine en bas.

Sûrement l'un d'eux.

Darren referme la porte derrière nous, puis fonce vers la seule fenêtre de la chambre. Je vois à ses gestes qu'il est agité. Mais il maîtrise sa nervosité. Peut-être pas pour très longtemps, quand il réalise que la fenêtre est bloquée.

— Et merde.

Mon cœur s'arrête. J'entends des hurlements au rez-de-chaussée, des tables et des couverts qui volent, et seuls les cris des clients résonnent entre ces quatre murs. Puis bientôt, plus rien. Le silence ne m'a jamais paru aussi fracassant.

Puis soudain, des pas montent à l'étage. Darren ne réfléchit plus, il ouvre la porte du placard, me pousse à l'intérieur avant de la refermer derrière lui. Il fait noir là-dedans, et je distingue à peine les traits de son visage. J'aperçois seulement ses yeux qui naviguent à la recherche de quelque chose. Quelque chose de pointu.

Soudain, il rouvre la porte du placard, se jette vers le feu de cheminée, attrape quelque chose –un tisonnier, il me semble–, puis me rejoint dans la cachette.

Une seconde après à peine, la porte de la chambre s'ouvre en fracas.

— J'ai entendu du bruit ici, lance une voix.

𝐋𝐞 𝐉𝐞𝐮 𝐝𝐞𝐬 𝐂𝐨𝐞𝐮𝐫𝐬 | 𝐓𝐎𝐌𝐄 𝟏Où les histoires vivent. Découvrez maintenant