Suite de l'épilogue

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Ma mère m'a raconté ce qu'il lui était arrivé quand elle avait seize ans. Ce qu'il était arrivé à d'autres gens avec elle, et encore d'autres avant elle. Elle m'a surtout parlé de deux personnes en questions, Lilith Griffin et Layla Meyer. Apparemment, elles étaient des résidentes du même orphelinat que ma mère, Magniolia Crescent.

Parlons-en, de ma merveilleuse mère.

Quand j'avais huit ans, j'ai découvert que j'avais... une "particularité". Pour la faire courte, tout ce que je touche se brise.

Les objets.

Les animaux.

Les gens.

Même le sol.

Toujours quand j'avais huit ans, j'ai tué mon père. Ce que j'ai dit à ma mère ? Que j'étais vraiment désolé, que je n'avais pas contrôlé mon étrange pouvoir. Ce que je pensais réellement ? Que c'était merveilleux, la manière dont son corps s'était brisé. Et je comptais bien recommencer. Mais comment j'aurais pu ? J'avais ma mère sur le dos, à partir de là. Elle surveillait chacun de mes gestes, voulait savoir quand je sortais, où j'allais.

Et au final, c'est cette idiote, cette espèce de gamine naïve de Lilia qui m'a aidée. Je n'ai eu qu'à la convaincre que c'était pour la bonne cause et le tour était joué. Elle m'a suivi tout le long, persuadée que j'allais détruire le reste de la Société. Oh, c'était vrai. J'allais renverser la Société.

J'ai simplement oublié de préciser que je comptais en prendre les commandes. Que ce soit clair pour tout le monde ici : je n'ai pas l'intention de faire des expériences sadiques sur des gosses. Mais ils disposaient de beaucoup d'influence. Et l'influence, c'est utile.

Alors oui, j'allais devenir le nouveau patron de la Société.

***

Je m'appelle Lilia Hangers. C'est le nom de mon père. Maman dit que c'est leur décision, mais c'est surtout parce qu'elle n'en a pas, pour le dire franchement.

On m'a dit que mon prénom était formé de ceux de deux autres personnes, mais on ne m'a jamais précisé lesquelles. Selon maman, je dois l'apprendre par moi-même. Je déteste qu'on me dise ça, "Tu comprendras quand tu seras plus grande", ou clairement "Tu ne peux pas comprendre." Les gens se rendent-ils compte à quel point ils ont tort ? Sans dire que tous les adolescents sont suffisamment matures pour comprendre qu'ils ne sont pas eux-même mais l'ombre d'autres gens, certains ont déjà vu bien pire. Je fais partie de ceux-là. J'ai vu mon frère tuer mon père. Détruire un bâtiment et "briser" trois autres passants avant que notre mère ne l'arrête. Je l'ai vu grandir, sous le regard pesant de la seule qui l'aimait encore.

Aimer ?

Qu'est-ce que c'est, aimer ?

Je ne connais pas ce sentiment. Et, très franchement, je ne veux pas le connaître. Ceux qui tombent amoureux sont incapables de porter du tort aux personnes qu'ils affectionnent, et ça les rend particulièrement vulnérable. Et bien qu'il soit un idiot de première classe, Adam l'a compris.

Il a fait exprès de ne pas se faire d'amis, étant plus désagréable que jamais à l'école. Je n'en avait pas non plus, mais davantage parce que je restais toujours seule dans un coin à l'observer. Comme on dit, "garde tes amis près de toi, et tes ennemis encore plus proche."

Et c'est vrai.

- Prête ? me demanda Adam, me tirant de ma rêverie

Il n'attend pas ma réponse, qui de toute façon ne serait jamais venue. Ça fait longtemps que je ne lui ait pas adressé un seul mot, et que ça lui est égal.

Les Souvenirs PerdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant