J'observai le ciel de Tel Aviv par le hublot. L'avion amorça la descente, nous, nous commencions l'envol de nos carrières. Je marchai dans le groupe de l'équipe de France, nous étions tous fiers de porter la tenue officielle, tous fiers d'être les représentants de notre nation. Nous montions dans le bus qui nous émanerait à Jérusalem. On parla, échangeât avec les coéquipiers. Chacun avait son histoire bien à lui et tous voulaient faire de cette compétition un grand chapitre de leur vie. Tous avaient à cœur de faire honneur au maillot que nous venions de recevoir, floqué "France". Le temps n'était pas encore à la pression, à l'excitation d'un grand évènement. Il était alors à la découverte d'une ville qui regorge de surprises et des camarades dont les qualités abondaient.
Je n'avais jamais apprécié la manière dont mes amis me voyaient. Beaucoup ne comprenaient pas pourquoi j'accordai toujours plus d'importance à l'entraînement, au sommeil et la nutrition qu'aux soirées, qu'aux filles ou qu'aux Mcdo entre amis. Je n'avais jamais aimé être vu comme quelqu'un de différent, quelqu'un qui ne profite pas de la vie et des plaisirs éphémères. Ici, j'étais avec des gens comme moi, des athlètes animés par des rêves et des objectifs, portant un regard lointain à leur existence, confiant en leurs qualités et prêts à se battre pour leur fierté, pour leurs proches et leurs ambitions. Voulant arriver au bout de leurs rêves et déterminer à devenir plus pour avoir plus ; faire de leur esprit celui du champion aujourd'hui pour être le champion de demain. Je me sentais comme avec une grande famille.
On s'installa au grand hôtel israélien, nous étions accueillis comme des champions, nous, qui n'avions encore rien montré de notre talent. Le vaste et luxueux hôtel était partagé entre français, allemands, finlandais, norvégiens, turcs et italiens. Lors du repas du soir, les plus compétiteurs lançaient des regards intimidateurs à leurs adversaires étrangers, les plus apaisés préféraient les regards séducteurs aux athlètes féminines.
Nous fîmes une visite de Jérusalem, ville splendide, trésor de l'Histoire des religions et des architectures des diverses civilisations qui ont fait le récit de la ville. C'est aussi et surtout une ville remplie de contradictions, l'objet de convoitises qui a mené à trop de sang. C'est une ville qui garde dans sa pierre et son sol la misère de la condition humaine. Pourquoi le choix des guerres de croisades ? Pourquoi ce choix, faits au nom de la religion, s'opposant à toutes les idées de nos prophètes ?
Puis pourquoi cette guerre dévastatrice, entre Israéliens et Palestiniens ? Pourquoi l'Homme a-t-il été incapable de faire de la terre de Jérusalem une terre de paix, de tolérance, d'amour de son prochain ? L'Homme, dans le monde, n'a pas avancé sur la question de l'acceptation des religions depuis Ponce Pilate. L'empereur a fait crucifier celui qui portait un message de paix, car il prônait l'existence d'un unique Dieu. Deux mille ans plus tard, on lance des bombes et on envoie à la mort des soldats, parce qu'on ne sait pas faire vivre ensemble ceux qui croient à ce même unique Dieu, mais qui le nomment différemment.
