« Peu importe si tu choisis d'avancer et de prendre une chance ou de rester enfermé dans le passé, la vie continue...»
Parce que lutter n'est pas avancer.
Parce que je préfère prendre part à ma propre vie plutôt qu'elle ne continue sans que je ne sois vraiment là.
Parce que moi aussi je voudrais que la chance me sourit.
Parce que pour ça il faudrait que j'en ai envie.
Parce qu'aujourd'hui la seule chose que je sais c'est que je vais me battre pour vivre à ma manière.
Parce que je sais que la suite en vaut la peine.
✯ ✯ ☼ ✯ ✯
Lorsque mon père tourne dans la rue, je ne tiens définitivement plus en place. Je suis surexcitée depuis que nous sommes montés en voiture en partant du centre mais plus on se rapproche de la maison, moins mon impatience est maîtrisée. À l'instant où le moteur est coupé, je me dirige vers le coffre pour récupérer quelques affaires et me précipite à l'intérieur. Quand j'ouvre la porte, mon comité d'accueil préféré m'attend de l'autre côté. Le retour à la maison se fait très naturellement alors que je l'ai quittée depuis si longtemps. Comme quoi, une maison ce n'est pas juste quatre mûrs et un toit, c'est plutôt tous les gens qu'ils abritent et les tonnes de souvenirs qu'ils renferment.
Je fais un pas dans la cuisine, précédée par Lucie qui s'occupe de la cuisson d'un gâteau au citron et je ne peux m'empêcher de voir Ava dans la même position. Dans mes souvenirs, Ava et Lucie étaient totalement différentes. Je n'arrive pas à savoir si mon cerveau à transformé le souvenir que j'ai d'Ava à l'image de sa sœur ou si leurs personnalités aux antipodes ne m'ont tout simplement jamais permises de voir à quel point elles se ressemblent. Une chose est sûre, les filles de la famille Riel sont d'une beauté à couper le souffle.
Lucie me sort de mes pensées en me posant mille questions à la minute alors que je n'arrive même pas à répondre à la moitié de ses interrogations. Ca ne semble pas la déranger puisqu'elle poursuit de plus belle :
— C'était qui la fille qui a joué contre maman à la course en sac ? lance-t-elle alors que je croyais qu'elle n'avait plus d'inspiration.
— Loane ! je lui réponds ravie de parler de mon amie.
— Il faut absolument que tu la revoies, ordonne-t-elle en provoquant le rire chez toutes les personnes autour de la table. Je suis sûre que faire une partie de Devine Tête avec elle ça doit être drôle.
— Message reçu ! me moqué-je gentiment
— Et l'autre fille ?
— C'est Maé, c'est elle que j'ai rencontré en premier. Tu sais, je t'ai parlé du Blind Test. C'est à ce moment-là qu'on s'est croisé. Je l'avais certainement déjà vu avant mais je n'y avais jamais fait attention.
— Elle aussi elle devrait venir ! renchérit-elle, faisant redoubler nos rires. Pourquoi elles étaient au centre d'ailleurs ?
— Lucie ! gronde sa mère. On t'a dit d'arrêter de te mêler de ce qui ne te regarde pas.
Encore un trait qu'elle a volé à Ava. Comment j'ai fait pour ne jamais m'en rendre compte.
— C'est pas grave, ne t'inquiètes pas, je lance dans un sourire à l'attention d'Elisabeth. Pour répondre à ta question, petite curieuse, Loane a eu de gros problèmes à l'école et ça devenait vraiment compliqué alors elle a rejoint le centre. Pour Maé, j'en ai absolument aucune idée, on n'en a jamais parlé toutes les deux.
— Moi je la sens bien cette Maé, lance Jade. Ça se voit qu'elle aime la compétition, je suis sûre que c'est quelqu'un de bien.
— Jade, tu ne peux pas dire des gens qu'ils sont bien seulement parce qu'ils aiment écraser leurs adversaires autant que toi, la réprimande Luc. T'es une vraie psychopathe.
— Et pourquoi pas ? se moque Jade dont la cause est maintenant soutenue par Lucie qui, je l'avoue, me fait presque flipper.
— Vous savez quoi, intervient Simon, on n'a qu'à dire que Maé est géniale et qu'elle aime gagner. Et maintenant on peut manger le gâteau ou vous comptez vous battre ?
Un gargouillement venant de Lucie répond très vite à sa question et nous nous installons autour de la table.
✵✵✵
— Ça vous tente toujours la Grèce ? je lance a mes amis alors qu'on profite des derniers rayons de soleil sur la terrasse.
— Nous ça nous tente carrément, mais toi, t'es sûre d'être prête ? s'inquiète Jade.
— Je vous jure que je vais bien, vraiment, et je pense qu'il est temps. Ça fait presque un an et demi que j'ai arrêté de vivre et maintenant que je m'en suis rendu compte, c'est un sentiment assez douloureux. C'est comme si j'avais perdu un bout de ma vie, pour rien, parce que ça n'a pas fait revenir Ava. Vous avez tous réussi à vous relever, même ses parents ont réussi, c'est mon tour maintenant, même si ça a mis un bout de temps. Tout ce dont j'ai envie aujourd'hui c'est de vivre ma vie comme je l'entend mais aussi de la vivre pour Ava. Parce qu'il vaut mieux que je vive pour deux plutôt que je ne vive plus.
— C'est une bonne philosophie ça, me félicite Luc.
— Notre Elaïa est de retour, scande Simon. Moi j'aimerais bien participer à ton tour du monde pour Ava et je pense que la meilleure destination est celle où tout a commencé. Alors si t'es vraiment prête, je te suis quand tu veux au pays des oliviers.
— Oui enfin quand tu veux" risque d'être un peu compliqué, le reprend Jade. On a toujours pas nos convocations, et tu mériterais bien que le karma te fasse passer en dernier. Par contre, Elaïa, une fois que c'est passé, on saute de le premier avion.
Les entendre parler de leur bac me rappelle que j'aurais dû faire partie de tout ça moi aussi. Mon année de première a clairement été avortée par l'accident et j'ai été incapable de suivre aucun de cours jusqu'à la fin. Cette année, j'ai étudié à distance au centre, mais je n'ai pas d'autre choix que de faire une autre année de terminale à partir de septembre. Le souci c'est que les cours, je les ai suivis. Il me manque seulement des notes en "conditions réelles" pour leur fichu contrôle continu. Si je choisis cette option, il faudra aussi que je passe des épreuves de français au début de l'année prochaine. J'ai envie d'avancer, et si ça implique de devoir passer la fin de mon été dans une salle d'examen, je le ferai. Parce que je n'ai rien à perdre et tout à gagner.
— Elaïa, reprend Luc après quelques instants de silence, tu vois avec tes parents et avec ta psy si c'est possible que tu partes comme ça. On viendra avec plaisir honorer la mémoire d'Ava avec toi.
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𝐏𝐚𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐍𝐮𝐢𝐭 𝐝'𝐀𝐮𝐭𝐨𝐦𝐧𝐞
Teen FictionOn dit toujours qu'il faut perdre les choses pour se rendre compte de leur valeur. J'aimerais dire que c'est faux. J'aimerais vous assurer que je savais à quel point Ava m'était indispensable. Et je peux vous jurer que j'en étais convaincue. Mais...