✯ CHAPITRE XXXIV✯

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« Il ne faut jamais abandonner ses rêves : l'espoir est le commencement de toute chose »

Parce que je suis fière d'y avoir cru.

Parce que je suis reconnaissante qu'on m'ai soutenu.

Parce que c'était devenu mon vœux le plus cher.

Parce que c'est une idée qui aurait vraiment pu lui plaire.

Parce que sans espoir, j'aurais continuer à broyer du noir.

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Nous nous installons sur la plage alors qu'il ne fait pas encore jour. Nous avons longtemps réfléchi au lieu le plus adapté pour cette première cérémonie et bien que nous soyons au beau milieu de l'hiver, la plage s'est imposée comme une évidence. Enveloppés dans nos gros manteaux, nous faisons un peu tache dans le décor mais je reste persuadée que nous sommes au bon endroit pour honorer la mémoire d'Ava. Les premiers arrivants se pointent alors que nous finissons de tout mettre en place et très vite, la cérémonie commence. Elisabeth et Marc se présentent ensemble devant l'estrade et rendent un très bel hommage à Ava en faisant la liste des choses qui la faisaient vibrer. Lucie prend le relais et raconte à quel point ça à été dur pour elle de perdre son modèle. Puis mes parents leur succèdent et expliquent qu'ils considéraient Ava comme un membre de la famille et que savoir qu'elle ne reviendra pas est le plus douloureux. Luc, Simon et Jade passent les uns après les autres et racontent chacun des souvenirs précieux qu'ils gardent d'Ava. Vient enfin mon tour.

— 24 janvier 2023, je commence quand Jade me laisse la place sur l'estrade. Trois ans déjà que ma personne préférée s'est envolé. Ava n'était pas mon amie, pas son plus ma famille, elle était une partie de moi, la partie de moi que j'ai toujours préférée, la seule que, pendant longtemps, j'ai été capable d'aimer. J'aimerais pouvoir vous dire que ces trois ans n'ont été que souffrances, parce que ça atténuerait mon sentiment de culpabilité, mais ce ne serait pas vrai. Parce que je n'ai pas subi ces trois dernières années. J'ai réussi à faire la chose que je redoutais le plus : apprendre à vivre sans Ava. Je sais que jamais je ne l'oublierais, parce qu'on ne peut pas oublier la personne qui nous à accompagner toute notre vie, mais certains jours, je suis réveillée par la sensation que mon cœur se serre. Parce que depuis quelque temps, Ava n'occupe plus toutes mes pensées. Evidemment, elle ne reste jamais bien loin mais certains jours, je me couche en me rendant compte que je n'ai pas pensé à elle, et ce sont ces jours là qui sont maintenant les plus douloureux.

Je marque une pause et rend à mes proches le sourire qu'ils m'envoient puis je reprends.

— Aujourd'hui, vous avez entendu les parents d'Ava et sa petite sœur. Sachez que dans toute cette histoire, c'est eux qui ont été les plus forts. Lucie avait neuf ans quand sa sœur est décédée, pourtant, jamais elle ne s'est écroulée. Elisabeth et Marc sont restés forts aussi, ils ont continué de vivre pour Lucie justement, je reprends en les regardant. Mes amis Luc, Jade et Simon ont fait de même. Je suis celle pour qui ça a pris le plus de temps. Pas parce que j'aimais plus Ava que tous les autres, parce que ce serait une insulte, on l'aimait tous à notre façon. Seulement parce que j'ai eu beaucoup de mal à faire mon deuil, parce que depuis le début, je me sentais responsable de sa mort. Mais aujourd'hui, nous sommes là pour vous dire que vos vies ne s'arrêtent pas ici alors sachez que depuis un an et demi, j'ai réappris à aimer vivre. C'est quelque chose dont on ne se rend pas compte quand tout va bien mais je vous jure qu'avoir l'impression de vivre est devenu ma sensation préférée. Je pourrais vous parler longtemps de ce sentiment qui est assez nouveau pour moi, mais je pense que Maé et Loane, qui ont assisté à ma reconstruction, en parleront bien mieux que moi.

Je laisse alors la parole à mes amies qui se présentent toutes les deux face à nous. Elles parlent pendant de longues minutes du fait qu'elles ne m'ont jamais connues au plus bas, et que pourtant, elles voient une grande différence avec la personne que j'étais au début. Puis elles parlent aussi de mes proches, avec qui elles ont passé pas mal de temps depuis un an. Et elles témoignent du fait qu'elles ont l'impression de connaître Ava. Parce qu'on continue à faire vivre son souvenir. Pourtant, elles ne l'ont jamais vraiment connu. Pour clôturer notre discours d'ouverture, elles lancent la vidéo que nous avons montée pour l'occasion. Sur les premiers plans, Ava est un bébé âgé d'à peine  quelques heures. Le reste de la vidéo retrace le reste de sa vie. Sur les derniers cliché, Ava n'est plus là. On assiste aux premières vacances de sa famille sans elle. A la première rentrée scolaire où seule Lucie prend la pose. Au premier anniversaire d'Ava, sans Ava. Puis je réapparaît soudainement dans la vidéo, un post—it collé sur la tête. Le reste des vidéos s'enchaînent jusqu'à arriver à la dernière, prise hier soir alors que nous nous démenions pour rendre cette journée parfaite.

Après avoir longuement parlé d'Ava, c'est au tour des autres familles d'honorer leur proche disparu. Maël est le premier à passer. Accompagné du tableau "A nos plus belles étoiles" où nous avons rassemblé chacun de leurs portraits, il désigne ses deux sœurs avant de raconter leur histoire. Quand il laisse la place aux suivants, son courage est applaudi par le petit groupe que nous formons. Le reste de la matinée file de la même façon. Chaque personne à une histoire à raconter. Il n'y a pas juste Ava qui a été honorée aujourd'hui, mais bien Eva, Maïa, Carl, Jean, Aya, Céline, Estelle, Christophe, Marie, Benjamin et Claude. 

Pour clôturer ces quelques heures riches en émotions, nous envoyons un dernier message à nos proches. Lucie distribue une lanterne en papier et de quoi écrire à chaque personne présente. Chacun rédige un message puis nous nous rassemblons tous pour regarder les lanternes s'envoler. Soudain, Lucie commence à s'agiter.

— Elaïa, tu es sûre qu'on ne va pas tuer des tortues ? me demande-t-elle franchement paniquée.

Je me retiens de rire et tente de la rassurer en lui expliquant qu'au contact de l'eau, il n'y aura plus aucun souvenir de nos lanternes. Nous nous blottissons l'une contre l'autre pour empêcher le froid de trop nous atteindre et nous regardons le spectacle dans le plus grand des calmes jusqu'à ce qu'on ne puisse plus rien voir. 

𝐏𝐚𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐍𝐮𝐢𝐭 𝐝'𝐀𝐮𝐭𝐨𝐦𝐧𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant