✯ CHAPITRE XXV✯

5 1 0
                                    

« Apprécie chaque moment de la vie, n'oublie pas qu'elle peut s'arrêter à tout moment »

Parce qu'Ava l'avait bien compris.

Parce qu'elle savourait la vie comme si c'était le met le plus exquis.

Parce qu'elle lui accordait beaucoup d'importance, peut-être même un peu trop vu comme elle le lui a rendu.

Parce qu'en plus d'apprécier les moments que la vie daignait lui laisser, elle faisait en sorte qu'on puisse se les remémorer à jamais.

Parce que ça n'a pas de sens que ce soit elle que la mort ait emportée.

Peut-être que la vie à en fait juger qu'elle avait assez profité.

✯ ✯ ☼ ✯ ✯

Eté 2016 :

— Vous voulez commencer par quelle liste ? nous lance Simon, totalement euphorique.

— On devrait commencer par celle des choses que l'on veut faire ici, propose Luc. C'est la seule qui, normalement, ne changera pas.

Son idée est accueillie avec joie et nous nous attelons directement à la rédaction. Allongés sur le sable et éclairés par une dizaine de lampes, nous réfléchissons à la forme que devraient prendre nos listes. Jade me tend une grande feuille en prétextant que je suis celle qui écrit le mieux et que nous nous occuperons tous ensemble de la décoration. Je trace un cadre aux extrémités du papier pour qu'on puisse ensuite y ajouter de la couleur et écrit, en haut, un titre après que nous ayons longuement réfléchi : "Recette pour des vacances réussies". Un peu en dessous et en décalé de l'intitulé, j'ajoute "Pour 5 personnes" comme le suggère Jade.

— En premier, on devrait mettre s'amuser, propose Ava. Ça devrait être le pilier de nos vacances.

— C'est trop global, renchérit Luc, trop impersonnel. Pas assez nous.

Nous acquiesçons tous d'un hochement de tête, même Ava qui, d'habitude, est extrêmement têtue.

— Moi je pense qu'on devrait passer notre baptême de plongée, lance Luc. L'eau est super claire ici, ça doit être vraiment beau.

— Mais imaginez s'il y a des requins, s'affole Simon.

— Il n'y en aura pas, le rassure Jade. Et sinon on le tuera à main nue, ajoute-t-elle en haussant les épaules comme pour montrer que sa dernière remarque n'a rien d'anormal.

Nous nous tournons dans sa direction, comme un seul homme et la fusillons du regard. Pour seule réponse, elle hausse les sourcils l'air de dire qu'on est bien trop sensible. Cette fille est folle. Étouffant un rire pas bien discret, je me replace face à la feuille, stylo en main, prête à ajouter de nouvelles lignes à notre liste qui, pour l'instant, est tristement vide.

Bientôt, les idées commence à fuser. Jade nous dit qu'elle rêve de prendre un cours de surf, Simon veut faire la parodie d'un clip, Luc veut passer une journée sur un voilier et le piloter, je désire peindre des couchers de soleil depuis le haut de différents phares et Ava souhaite sauter à l'élastique. Nous tentons de lui expliquer que cette dernière proposition risque d'être irréalisable mais elle tient quand même à ce qu'on la note. On continue de lister différentes idées, parfaitement conscients que la moitié d'entre elles ne verront pas le jour mais nous sommes heureux de rêver. Pour toutes les propositions absolument pas réaliste, nous tentons d'imaginer ce que chacune des activités pourrait nous procurer.

Nous passons une partie de la nuit à prévoir nos vacances, et à voir les choses en grand, beaucoup trop grand. Mais ça n'a pas d'importance, parce qu'à ce moment-là, les illusions nous font du bien. Elles nous rendent profondément et simplement heureux.

✵✵✵

Le lendemain soir, nous sommes déjà en mesure de cocher une des cases, et un deuxième de nos projets est sur la bonne voie. Le matin, alors que nous n'avons dormi que quelques heures, mes grands-parents, qui semblent bien mieux réveillés, nous sortent du lit aux aurores. Le soleil vient juste de se pointer, comme en témoignent les traces rosées qu'il a laissées derrière lui, quand mes amies et moi quittons nos draps avec beaucoup de regrets. Bien que la fatigue nous empêche d'ouvrir complètement les yeux pendant plusieurs minutes, elle s'évapore vite quand on apprend que le voisin a un bateau et qu'il souhaite nous faire visiter l'archipel.

Après avoir rassemblé quelques affaires pour la journée, nous dévalons le jardin à toute vitesse pour rejoindre la crique. Nous longeons l'étendue de sable, les pieds dans l'eau, afin de rejoindre le fameux voisin qui se trouve quand même quelques centaines de mètres plus loin. Avant de voir qui que ce soit, nous apercevons un catamaran. Luc n'a pas eu son voilier mais ce bateau a une voile aussi alors il accepte que la case soit cochée.

Sur le bateau, nous profitons de la fraîcheur que nous offre la pleine mer. Le brise est agréable et l'eau projetée par l'embarcation agit comme un brumisateur. Nous passons la matinée à rire, à jouer et à visiter chacune des îles où nous nous arrêtons. Parfois, elles sont toutes petites, on dirait seulement qu'une plage à été posée sur l'eau pour que les tortues aient un endroit où déposer leur œufs et que les oiseaux puissent se reposer après avoir longuement volé. Les autres sont bien plus grandes, des gens se prélassent sur leurs plages et des cabanes de toutes les couleurs surplombent les corniches.

La caméra d'Ava n'est jamais loin. Elle n'aura certainement pas besoin de toutes ces prises pour son vlog mais elle dit que c'est pour elle. Qu'elle veut être sûre de ne jamais oublier. Elle affirme qu'elle veut figer ces moments de vie dans le marbre de l'éternité.

✵✵✵

En début d'après-midi, la fatigue nous tombe dessus. Nous sommes allongés les uns à côté des autres, bercés par les flots et le clapotis de l'eau. Seul Simon s'agite, trop surexcité pour réussir à tenir en place. Il finit par nous faire une proposition qui parvient à nous réveiller sur le champ :

— Vous ne voulez pas qu'on commence à réfléchir à notre clip ? propose-t-il. Ça va certainement nous occuper une bonne partie des vacances et ce serait cool qu'on puisse en tourner un bout sur le bateau.

De nouveau, nous ne manquons pas d'idées. Jade propose même qu'on écrive une chanson parce que je cite : "Aucune de celles qui existent ne nous correspond vraiment.". Ava sort donc un bloc-note et un stylo de son sac et les pose au milieu de notre cercle. Chaque fois que l'un d'entre nous à un peu d'inspiration, il note une phrase, un couplet ou parfois même seulement un mot. En plus de réfléchir aux paroles, nous prenons aussi un peu de temps pour parler de la réalisation. Luc suggère que l'on se serve de vidéos qu'Ava à prises pour donner de l'importance à nos moments de vie. Très emballés par l'idée, nous sélectionnons déjà les vidéos que nous allons utiliser. Le titre nous vient ensuite naturellement, nous n'arrêtons pas de parler de nos souvenirs d'été pour parler des vidéos alors c'est comme ça que notre chanson s'intitulera. 

𝐏𝐚𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐍𝐮𝐢𝐭 𝐝'𝐀𝐮𝐭𝐨𝐦𝐧𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant