15. Je vous ai appelé

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Je vais devoir sortir avec Mark le Relou. Mon Dieu, je déteste cet Elijah, mais j'ai bien vu qu'il se réjouissait de la situation, je ne pouvais pas le laisser voir que oui, j'étais mal à l'aise. Il n'a d'ailleurs quitté le café que quand j'ai fini mon service. Il est bizarre et quelque chose me dit que s'il n'est pas vraiment flic, ce n'est pas loin de la vérité.

Je fais taire mes réflexions pour terminer de me préparer au deuxième pire rencard de ma vie. Le premier était déjà avec mon partenaire du jour...

Je sors de la douche en serviette et observe avec attention ma penderie. Il me faut quelque chose qui ne fasse pas trop classe, mais de quand même joli. Je ne peux clairement pas sortir en haillons, il y a des limites à ce que je suis prête à faire pour déplaire à un homme. J'opte pour une petite robe colorée, qui le fera peut-être fuir ; certains aiment la discrétion, prions pour que ce soit son cas.

Je dépose la robe sur mon lit et retourne à la salle de bain pour récupérer une brosse à cheveux. Je les coiffe de façon rétro grâce à mon fer à boucler puis me maquille légèrement. J'ai une peau fragile et mettre une tonne de maquillage pare mes joues de petits boutons les jours suivants, je fais donc dans la sobriété. Pour mes yeux, un peu de mascara suffit à les faire ressortir.

J'enfile ma robe et la zippe du mieux que je peux en gesticulant dans tous les sens. Ils ne peuvent pas faire des fermetures sur le côté ? Personne ne pense donc aux filles seules ? À celles qui n'ont pas de partenaire pour les aider à refermer leurs tenues ?

La sonnerie de mon interphone résonne dans l'appartement au moment où j'enfile mes chaussures, je sautille jusqu'au combiné pour le décrocher.

— Oui, dis-je essoufflée.

— C'est moi, Mark.

Je grimace, tout en lui disant que je le rejoins dans une minute. Foutue soirée, foutu Elijah et foutu chat, pensé-je lorsque Snape me griffe quand je récupère mon sac. Allez Cha, laisse-lui sa chance.

J'attrape une petite veste avant de quitter mon appartement. Je traîne des pieds et arrive finalement bien vite au rez-de-chaussée. Mark est là, sur le trottoir d'en face et me salue de la main. Je lui retourne timidement le geste et attends qu'il me rejoigne.

— Salut, me dit-il un peu gêné en déposant un baiser sur ma joue. Écoute, je sais que tu as accepté par bonté d'âme et que tu n'étais pas vraiment heureuse de notre premier rendez-vous, mais pour ma défense, mon cousin et Malcolm me mettent mal à l'aise... Ils t'ont tellement vendue que j'ai paniqué et que je n'étais pas vraiment moi-même.

Son honnêteté me ravit et m'aide à le trouver un peu plus sympathique. J'opine du chef et lui adresse un sourire.

— Ils sont assez spéciaux, oui.

— Tu l'as dit, s'amuse-t-il en se passant une main dans les cheveux.

Lui et moi, c'est certain que ça ne collera pas, mais je peux bien passer une agréable soirée, non ?

— On y va ? me demande-t-il en essayant de se composer une attitude assurée.

— Où va-t-on ?

— Il y a une nocturne au parc, la rediffusion de E.T., je me suis dit que ça m'éviterait de trop parler.

Je ne peux m'empêcher de rire devant son autodérision et l'invite à avancer pour que nous nous mettions en route. Je baisse la tête et observe tour à tour nos tenues, la sienne est classe à côté de la mienne. En même temps, tout le monde a l'air sobre en comparaison.

— Charleen.

Ma tête se relève au son de cette voix et je me fige en comprenant que je n'ai pas rêvé. Elijah est bien là, dans son éternel complet. Dommage, le jean lui allait bien. Il était tout compressé dedans et marchait comme un manchot. C'était jubilatoire.

Dernier souffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant