Sud de la France, 15 juillet 2022
«- Non Alessia, je ne sais pas ou en sont les procédures, arrête avec ça, j'ai d'autres choses plus importantes à régler. »
Alessia la regardait, les larmes aux yeux.
« -Tu as des choses plus importantes que le viol de ta fille? Comment tu peux oser dire ça?
- Ce n'est pas mon problème si tu as décidé d'aller dormir chez ce garçon que tu connaissais à peine sur un coup de tête ! »
Les deux femmes criaient, face à face. Assis dans un coin, le père d'Alessia les regardait, sans intervenir dans la discussion.
«- Tout étais ta faute, maman, depuis le début. Depuis que ton deuxième enfant est né, il a toujours été le favori ! Toujours à le défendre, à lui donner raison alors qu'il avait tort ! Toujours me rabaisser en me montrant qu'il peut faire des choses que je ne sais pas ! Et le je l'ai toujours détesté pour ça, alors qu'il ne m'a jamais rien fait !
Et toi papa, tu as beau rester assis et te taire, tu peux aussi te sentir concerné! Vous n'avez jamais fait attention à moi! Vous étiez concentrés sur mes résultats scolaires, sans jamais vous rendre compte que j'allais mal! Quand je suis rentrée en dépression à onze ans, aucun de vous deux ne l'a jamais remarqué!
- Arrête d'employer des mots que tu ne comprends pas ! s'énervait sa mère. Tu n'a jamais fait de dépression, tu voulais juste de l'attention ! Si tu avais plus dormi, tu te serait sentie beaucoup mieux ! »
Sous le coup de la colère, Alessia attrapa un vase posé sur la table et le jeta par terre.
«-Juste dormir plus ? Les cicatrices sur mes bras, les coupures à moitié cicatrisées sur mes cuisses que je cachais pendant les vacances d'été c'est parce que je ne dormais pas assez ? Si j'ai passé la nuit chez ce garçon c'est parce que vous me poussiez à bout, à m'engueuler tous les soirs pour rien ! »
Le père d'Alessia sembla reprendre ses esprits et se leva.
«-Arrêtez, je suis sûr qu'aucune d'entre vous ne pense ce qu'elle dit...
-Oh que si je le pense, je le pense quand je dit que vous avez détruit mon adolescence, ma santé mentale et ma vie ! Je n'ai jamais été pour vous autre chose qu'une déception pour vous malgré tous les efforts que je pouvais fournir ! Tandis que mon putain de frère, peut importe ce qu'il faisait, vous étiez fiers de lui ! J'aurai aimé ne pas vous avoir comme parents ! »
Son père paraissait choqué par ces paroles tandis qu'Alessia, les mains tremblantes et les joues mouillées de larmes faisait face à sa mère.
«- Tu n'étais pas heureuse ? Tu aurais aimé avoir d'autres parents ? Sache que les miens étaient bien pires, tu avais énormément de libertés par rapport à moi quand...
- Arrête de tout ramener à toi ! Je te parle de mes problèmes, de ce que j'ai ressentit en ayant vécu avec toi et tu trouves encore le moyen de me parler de tes parents ? Tu n'as jamais essayé de me comprendre parce que tu estimes avoir vécu pire. Tu me dégoûtes. »La mère d'Alessia, dont le visage dur n'avait pas changé depuis le début de la discussion, releva le menton.
«- Soit. Je te dégoûte? Alors va-t'en et ne reviens pas.»
La jeune femme regardait sa mère horrifiée. Comprenant qu'elle ne changerait pas, elle se leva et sortit, claquant la porte derrière elle. Dans l'allée, Pierre l'attendait, adossé à sa voiture. Alessia éclata en sanglots et s'effondra dans ses bras. Il la porta jusqu'au siège passager pour la ramener chez elle.
Alors que Pierre la déposait dans son lit, la jeune femme lui attrapa le bras et chuchota:
«- Reste avec moi.»
Le pilote s'allongea à côté d'elle et la prit dans ses bras sans la lâcher jusqu'à ce qu'elle s'endorme.
21 juillet 2022, veille des essais du Grand Prix de France
«- Aide... Aide... Aide...»
Alessia chuchotait, assise en boule sur le sol de sa chambre d'hôtel, les larmes dévalant ses joues. Seule dans le noir presque total, elle peinait à reprendre sa respiration. Son téléphone se trouvait sur sa table de nuit, trop loin pour que la jeune femme puisse l'attraper. Comme coincée dans une bulle, elle n'entendait que les battements de son cœur et sentait cette pression sur sa poitrine. Incapable de faire tout autre mouvement que de se balancer d'avant en arrière. Son seul espoir était que Pierre rentre dans la chambre. Lui ne viendrait pas, bien que son seul parfum aurait suffi à la calmer, elle le savait. Rien qu'en pensant à lui, sa respiration s'apaisa assez pour murmurer
«- Dit Siri, appelle Pierre»
Après cela, Alessia ferma les yeux, comme si la seule prononciation de ses mots lui avait aspiré ses dernières forces. Elle se sentait de plus en plus légère, et les voix qui criaient son nom lui paraissaient très lointaines.
Elle revint brusquement à elle, lorsque Pierre l'entoura de ses bras. Elle reprit son souffle, et n'arrivant pas à stopper ses larmes, elle agrippa son copain. Elle se concentrait sur les battements du cœur du pilote pour essayer de se calmer. Lui ne savait pas quoi faire, se contentant de lui caresser les cheveux en lui chuchotant que tout irai bien. Lorsque la jeune femme releva la tête, la seule chose qu'elle vit avant de replonger dans les bras de Pierre furent ses yeux verts qui la fixaient dans un coin de la pièce, et dans lesquels elle était sûre d'avoir décelé de l'inquiétude. Pourtant, quand elle parvint enfin à se relever, titubante, il avait disparu.
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Float like a Ferrari / Charles Leclerc
RomanceElle est la troisième femme de l'Histoire a prendre le départ d'une course, le 31 mars 2019. Elle porte le numéro 95 et cours sous les couleurs de Ferrari. On lui prédit un grand avenir dans la course automobile, mais son coéquipier dans l'écurie it...