Chapitre 28 : Secousse sismique ( suite)

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Les gardes pénétrèrent dans la suite en criant des « Mme Meyer » de plus en plus stridents. Elle n'était pas dans le salon. Armes aux poings, ils pénétrèrent dans la chambre à coucher, personne. L'un d'eux vérifia la terrasse, tout de même. La baie était fermée à clé, il sortit et vérifia les balcons avoisinants, personne. Ils se dirigeaient vers la salle de bains, lorsqu'ils entendirent la voix de leur boss, leur signifiant qu'il était présent. Ils lui indiquèrent leur progression vers la salle de bains et que les autres pièces avaient déjà été inspectées.

Arrivée dans la pièce, il y avait une telle quantité de buée et de vapeur qu'ils durent s'arrêter sur le seuil face à cet enfer ! Leur patron dans le dos, les bouscula quelque peu et entra sans plus de cérémonie. L'un des deux resta sur le seuil, l'autre suivant de près le premier homme.

Il se dirigea directement vers la cabine de douche. La buée formait là des nuages impressionnants, à un point tel, que l'on ne voyait rien de ce qu'il pouvait y avoir à l'intérieur.

Il ouvrit la cabine spacieuse et laissa en sortir quelques volutes. En avançant à tatillon, une main sur la paroi, il recherchait la robinetterie afin de couper l'eau, quand il sentit qu'il marcha sur quelque chose.

Son réflexe fut de s'arrêter. Il s'abaissa et tâta la substance.

Lorsque son palper lui prouva qu'il s'agissait bien d'un corps, il rechercha les bras de l'individu pour le tirer hors de la douche italienne.

Il demanda à son subalterne de fermer l'arrivée d'eau, tandis qu'il tirait une Kendra inconsciente, en dehors de la salle de bains. Au passage, il la recouvrit d'une serviette qu'il prit sur le portant et demanda à celui qui surveillait l'entrée de chercher un peignoir, afin de la recouvrir.

Une fois sortis de la salle de bains, il s'abaissa pour soulever la personne inanimée. Cette femme, à la peau d'ébène était leur cliente à n'en pas douter. Il la transporta dans la chambre. Elle n'était pas un poids plume, il sentait bien ses muscles. Transporter quelqu'un d'inconscient était hardu... Il fallait espérer qu'elle ne soit pas tombée de tout son long dans la cabine.

Une fois allongée, il prit immédiatement son téléphone, afin de requérir la présence du médecin de l'hôtel. Ils décideraient ensemble de s'il fallait contacter le SAMU. En attendant, le garde revint avec un peignoir qu'il lui prit des mains et le posa sur Kendra.

Il ne voyait aucune trace de sang. Cela ne voulait pas dire qu'il n'y avait aucun traumatisme pour autant. Il s'assit sur le lit et prit son pouls. Il était filant. Quoi qu'il se soit passé, cela ne présageait rien de bon. Ils allaient sûrement devoir suivre le protocole d'urgence.

*

Maverick n'avait guère dormi. Il s'était réveillé en sursautant, un rêve qu'il n'avait pas fait depuis des années, avait fait à nouveau irruption. Il transpirait à grosses gouttes.

Il se leva discrètement et sans allumer, se dirigea vers la salle de bains. Il humidifia son visage. Ses traits étaient marqués. Il ne voyait que de la fatigue et le reste d'épouvante dues aux réminiscences de son terrible songe. Il chassa ces dernières à grands coups d'eau fraîche. Une fois calmé, il prit une serviette et plongea le visage dedans quelques secondes pour reprendre pied dans la réalité et laisser le passé, là où il devait rester.

Il repensa à Kendra. Cela lui suffit pour lâcher la serviette et retourner dans la chambre. Elle dormait profondément. Il sourit, elle ronflait quelque peu.

Il décida de vérifier le couloir, personne. Il regarda l'heure, trois heures du matin. Il passa dans le petit bureau attenant au salon et appela la réception. Sa petite surprise étant ficelée, il décida de retourner se coucher auprès de celle qui faisait battre son cœur et éloignait ses maux.

Il s'allongea contre elle, en la reprenant dans ses bras. Cette sensation, était l'une des meilleures au monde. Tenir l'être que l'on chérit le plus, tout contre soi et s'endormir avec lui, tous les soirs ou presque était un pur bonheur.

Il n'avait plus sommeil, il se redressa sur un coude et caressa légèrement le corps de celle qu'il voulait épouser. Cela lui rappela la fois où, elle avait dormi contre lui, sans se douter qu'il l'avait transférée de la maison de Grand Man au bungalow, pour plusieurs jours de ravissement, loin de tout et tous, ou presque.

Elle avait confiance en lui, il le savait. Leur relation avait prit du temps pour en arriver à ce stade, mais ils progressaient à coup sûr ! Elle se laissait aller de plus en plus, il ne pouvait dire le contraire. Il avait pensé devenir fou lorsqu'elle s'était évanouie dans la nature, après cette unique nuit, ô combien mémorable, le laissant seul dans cette chambre d'hôtel. SIx mois après le mariage, neuf mois après leur toute première symbiose, ils se retrouvaient dans un hôtel.

Il sourit à nouveau.

Autant la première fois, ils avaient tout cassé, autant celle-ci, ils avaient pris leur temps et s'étaient savourés, l'un l'autre. Il avait envie de la réveiller et de lui partager cette émotion ainsi que ce souvenir. Pourtant, il ne le fit pas. Il se contenta de sourire et de lui déposer un baiser dans le cou.

Il resta ainsi, longtemps, le nez collé à sa peau et s'enivrant de cette douce odeur florale, qui le faisait chavirer à chaque fois qu'il prenait le temps de la humer. Le cœur plein de l'espoir qu'un jour viendrait où il serait son époux. Il eut à nouveau envie de la réveiller.

Afin, de ne pas céder à cette envie, il se leva et se dirigea vers le petit bureau posé non loin du lit. Il y trouva du papier à lettre, avec l'en-tête griffée de l'hôtel. Il prit un stylo laissé à disposition des clients et se mit à écrire toutes ces choses qu'il aurait voulu lui dire après l'avoir éveillée. Il aurait aimé lui confier ce souhait qu'il garde au plus profond de lui, depuis des mois.

Le stylo en main, le regard tourné vers sa tigresse adoucie. L'émotion le prit et le saisit : '' Oh my exquisite, I love you so much'' (oh mon exquise, je t'aime tellement).

L'élan du cœur aidant, il sut trouver les mots qui emplirent le papier.

Il décida de ne pas retourner se coucher. La tentation était trop forte de la réveiller. Il préféra installer le fauteuil face à elle et veiller sur son sommeil. Tout en imprégnant sa mémoire de sa posture, de ses mimiques, de sa douceur et même des petits souffles qui faisaient d'elle une ronfleuse. Il sourit de ces petites nuisances sonores pas si fortes que cela, il exagérait juste pour la faire enragée. Cela était devenu une source de chamailleries quelque fois le matin.

L'heure filait, sa montre affichait maintenant cinq heures.

Il décida de commencer à se préparer. Il se dirigea donc vers la salle de bains, après avoir pris tout ce qu'il lui fallait pour s'habiller. Trente minutes plus tard, il revenait dans la chambre et sa belle était toujours entre les bras de Morphée, à défaut des siens.

Il s'agenouilla face à elle et lui prodigua une dernière caresse. Se redressant, il l'embrassa le plus légèrement possible pour ne pas la réveiller. Il ne voulait pas revoir de larmes dans ses yeux, l'inquiétude s'y refléter, non plus. Il avait à peine le courage de s'en aller, si en plus, il fallait qu'il soit fort pour deux, il ne donnerait pas cher de sa peau. 

Il plaça sa surprise sur l'oreiller. Un message lui avait été envoyé pour signifier que le colis avait été posé, devant la porte de leur suite. Effectivement, sur une petite desserte à roulettes reposait le magnifique lys.

Il l'observa quelques instants encore, puis à regret, se mit en mouvement et avec une volonté de fer, ne se retourna plus, jusqu'à ce qu'il arrive dans le parking sous-terrain où était sa voiture.

Il se mit en route, non pas pour les locaux administratifs d'Interpol, mais pour une base secrète, installée dans une caserne militaire.

Vêtu de son treillis noir, de ses bottes réglementaires et de son béret, eux aussi noirs, il se dirigea vers ce lieu, tenu secret, qu'il avait délaissé depuis tant d'années et vers lequel il ne pensait jamais revenir. Bon gré mal gré, il s'y engouffra et étouffa toute émotion, bien profondément, tout au fond de son être. Il redevenait cette machine de guerre qu'il avait abandonnée.

MOI...EMMERDEUSE? TOUJOURS!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant