Chapitre 34 : Concours de circonstances (suite)

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Le technicien fit les manipulations nécessaires et la vidéo commença à défiler sur les écrans.

Au bout d'une dizaine de minutes, le chef Balthazar demanda l'arrêt sur image pour montrer la Blonde. Doc encyclopédie se rapprocha de l'écran et dit, en se reculant :

— Assurément, cette femme ne fait aucunement partie de mes effectifs !

Le chef le regarda, il semblait certain de ses dires.

— Maintenant, la question est qui est-elle, alors ?

— Vous ne m'interrogez pas plus que cela et me croyez ?

Il semblait incrédule, face au hochement de tête de Balthazar.

— Je pensais que vous me cloueriez au pilori parce que j'avais affirmé qu'elle n'était pas du service.

— Nous avons un plus gros problème Doc ! Elle avait un badge et surtout, elle a pu entrer dans cet établissement et, avec zèle s'y promener comme si elle en était la propriétaire.

Le Doc eut les yeux ronds et l'agent de sécurité quoique non informé, sentait bien là l'odeur des problèmes.

*

Le Doc avait donc voulu une réunion au sommet, avec les membres de la sécurité et tout son service.

Il ne fallait en aucun cas que cette femme ne s'approche de Mme Kanpé ! Il en allait bien sûr de la réputation de leur établissement. Certains voulurent savoir qui elle était, pourquoi il fallait à tout prix qu'elle ne soit pas en contact avec Mme Kanpé.

Le chef Balthazar avait alors prit la parole pour leur dire que leur patiente était une personnalité sous haute protection. Ils n'avaient pas besoin d'en savoir plus, ils devaient juste faire au mieux leur travail et éviter que toute personne extérieure, à l'établissement et à ses gardes n'entre en contact avec leur protégée.

Il s'ensuivit une énumération de procédés, décidés par le chef Balthazar.

Certains ne parurent pas contents de la charge de travail supplémentaire, mais leur salaire onéreux exigeait d'eux une telle exigence. Ils ne pipèrent mot.

La journée se déroula lentement après tout ce remue-ménage. Le chef ne quitta jamais sa protégée.

Quand le téléphone se mit à sonner en fin de journée, il ne put que prendre son courage à deux mains et répondre à l'appel qui lui serrait déjà le cœur sans même avoir décroché.

*

Un sandwich avalé sur le pouce et une tonne de dossiers épluchés, scrutés à la loupe, laissèrent Maverick exténué.

Il savait maintenant, qui il pouvait convoquer sur le champ pour les tests d'aptitude, pour le lendemain.

La liste en main, il se dirigea vers le bureau de Raymond.

— J'ai enfin une liste à te soumettre !

Il avait prononcé cette phrase, alors qu'il arrivait à l'encadrement de la porte. Celui-ci, ne la fermait jamais, hormis les jours de discussion houleuse. Il était inutile de dire que tous ceux qui avaient une telle pratique, était vaine, car tous les collaborateurs aux alentours étaient aux premières loges pour entendre les cris de leur responsable sorti de leurs gonds.

Raymond concluait une conversation téléphonique :

— J'ai fait ma part ! Débrouillez-vous !

Il raccrocha rageusement et se retourna pour apercevoir un Maverick qu'il n'avait pas entendu, il sursauta de se retrouver face à lui.

—Désolé, je ne t'avais pas entendu arriver.

— Il n'y a pas de mal. Tu ne fermes toujours pas ta porte à ce que je constate.

— Que veux-tu, les habitudes ont la vie dure !

Il se massa la nuque en soufflant.

— Un problème ?

— Quand n'y en a-t-il pas, hein ?

— Ah ! C'est bien pour cela que j'ai quitté Interpol. Toujours sous pression, toujours à cent pour cent ! Je suis étonné que tu sois resté, d'ailleurs ! N'en as-tu donc pas assez ?

— Je suis accroc aux emmerdes comme dit ma femme !

Il se mit à rire de façon tonitruante, mais ce rire semblait forcé, d'après Maverick.

— Tu n'es pas obligé de faire semblant avec moi. S'il y a bien quelqu'un qui sait tout ce que tu as vécu, je pense que c'est bien moi.

Raymond accusa le coup et baissa la tête.

— Aujourd'hui, plus que jamais, j'ai envie de tout balancer et d'envoyer tout le monde se faire voir chez les Grecs !

Maverick s'approcha et lui tapota l'épaule, avec bienveillance. Raymond ne redressait toujours pas la tête et semblait en proie à une vive émotion. Maverick ne lui dit rien et attendait que cela se tasse pour commencer à parler boulot.

Au raclement de gorge, il comprit qu'il s'était repris et pouvait commencer son rapport.

—Très bien ! Maintenant que tu penses avoir les éléments, il te faut te rendre sur le terrain pour superviser la préparation du terrain de test.

— Ok ! Je vais donc organiser cela pour demain, très tôt.

Il vit l'expression de Raymond changer.

— Pas demain, mais maintenant, Maverick.

— Pourquoi ? Cela peut bien attendre demain, non ?

— Mon téléphone ne cesse de sonner. Ces ministres ne cessent de faire leur assistant m'appeler et même s'ils ont indiqué cinq jours, eux escomptent que tu seras prêt dans deux.

— Pardon !

— Je suis désolé Maverick, j'ai l'impression que tu ne pourras pas rentrer, avant plusieurs jours. Tout est déjà prêt et organisé pour que tu passes la nuit sur place.

— Mais...

— Je sais bien qu'elle compte énormément pour toi, mais tu vas devoir l'avertir que tu ne seras pas de retour avant un bon petit bout de temps.

—...

Un ange passa, Maverick était redevenu tendu, prêt à vociférer à tout va, que travailler pour l'Administration était le job le plus suceur de sang du monde.

Il se contint, poings serrés.

— Ton assistant et le mien vont se charger de convoquer les différents agents. Toi, va sur place et organise tes tests et surtout fais en sorte de retenir l'équipe compétente et suffisante pour que tu puisses nous débarrasser au plus tôt de ces piranhas et vampires !

Maverick ne dit mot, son exaspération allait crescendo dans cette journée merdique, à souhait ! Si on pouvait souhaiter un tel bordel, il céderait volontiers sa place à autrui !

Il plia bagage, sans un mot pour quiconque, mâchoire serrée, il prit ses affaires et s'en alla.

Il voulut remercier son assistant, mais toute sa colère risquait de se déverser sur lui et une chose qu'il n'aimait pas, c'était bien devoir s'excuser après avoir abuser de son autorité.

Sur le parking, il essaya de se calmer, il se saisit de son téléphone et se dit qu'il fallait qu'il informe Kendra de la situation. Mais, rien que d'y penser son sang ne fit qu'un tour. Non, il ne pouvait pas encore s'exprimer avec calme. Il valait mieux courir se dépenser sur ce fameux terrain d'entraînement et y passer ses nerfs !

*

Le chef Balthazar avait convoqué son second et lui avait demandé de lui ramener le nécessaire pour qu'il passe la nuit dans la chambre de Kendra.

Celui-ci monterait la garde pendant qu'il ferait une sieste pour récupérer quelque peu de cette journée chaotique.

Le moins que l'on puisse dire, sa conversation n'avait pas été des plus agréables. Il en ressentait encore l'amertume.

Il devait faire fi de ses pensées et agir au mieux et le meilleur, plutôt la meilleure c'était elle !

MOI...EMMERDEUSE? TOUJOURS!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant