Chapitre 35 Concours de circonstances (fin)

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Le chef put trouver le sommeil dès qu'il posa la tête sur l'oreiller, il sombra. En mission, on lui avait toujours envié cette capacité à pouvoir s'endormir en deux-deux, quel que soit le lieu et l'heure. Son cerveau semblait muni d'un bouton on/off qu'il actionnait sans mal.

Son second faisait le guet devant la porte.

Lorsqu'il se réveilla deux heures plus tard, il se sentait comme neuf.

Il avertit son subordonné de son éveil et lui ordonna de se faire relayer.

*

Maverick suait à grosses gouttes. Sa colère était imprégnée en lui et il ne pouvait s'en défaire.

Plus il essayait de repousser aux tréfonds de son esprit tous les tracas de cette journée et plus ceux-ci semblaient lui coller à la peau.

Cette affaire le happait tel un marécage gluant. En trente minutes de course, intenses, il ne se détendait toujours pas. Il accéléra encore le rythme. Tout à coup, une chevelure blonde passa dans son sillon et le doubla. Il s'arrêta net.

Qui pouvait donc courir plus vite que lui ? En plus, cela semblait être une femme !

*

Lorsque Balthazar entra dans la chambre après s'être rafraichi dans la salle de bains, il eut l'étonnement de voir Christina assise près de Kendra, un stéthoscope autour du cou, concentrée sur son écoute.

Sans rien dire, il l'observa.

Celle-ci après plusieurs minutes, se redressa et dit :

— Je vois que tu te portes comme un charme. Même si cette femme est inconsciente, tu devrais te vêtir un peu plus, il me semble.

Sans rien dire, il passa sa chemise puis s'assit aussi loin que possible.

— A priori cette femme semble dormir. Son rythme cardiaque est lent et régulier. Si tu ne m'avais pas parlé des crises qu'elle a subies, je ne me serais pas déplacée.

— Donc, si tu es là, c'est grave.

Il ne lui dit pas que cela lui faisait à la fois frémir et plaisir. Si elle se déplaçait c'était que l'heure était grave, paradoxalement, elle restait cette beauté exotique qu'il adorait voir.

— Tu sais toujours autant aller droit au but. Je vais donc en faire de même. Les cartels de la drogue ne cessent de créer de nouvelles drogues, de nouveaux essais, de nouveaux moyens de détourner, corrompre, tuer tous ceux qui les dérangent... Ta cliente est atteinte par l'un de ces moyens de faire taire quelqu'un. Le problème est que jusqu'à maintenant, nous n'avions pas eu de tests assez rapides pour faire des comparaisons et des analyses poussées.

— Dois-je comprendre que vous n'avez aucun remède ?

— Tu comprends bien.

Le chef Balthazar regarda sa cliente, si belle et si calme et dit:

— Trouve une solution !

La femme le regarda. L'ordre était sec.

— On n'est pas en mission, ici !

Elle se redressa et prit ses affaires. Elle arriva à son niveau mais ne lui adressa pas l'ombre d'un regard. Elle avança vers la porte, déterminée et tout dans sa démarche prévenait de l'électrocution assurée. Balthazar regretta instamment son coup de sang, pourtant aucune excuse ne pouvait franchir ses lèvres. Il s'insultait mentalement et s'exhortait à faire un geste.

— Je m'excuse.

Il prononça à peine ses mots qui sortirent comme un souffle.

Il saisit sa main au passage, elle s'arrêta sans se retourner, toujours aussi tendue.

— Je te tiendrai au courant.

Ce fut tout, elle se dégagea de son emprise et la porte claqua doucement en se refermant.

Il s'insulta à nouveau mentalement.

*

Après avoir été éberlué quelques secondes, Maverick se rendit compte qu'il ne courait plus, mais marchait en reprenant son souffle et sa colère s'était comme évaporée. Il regardait la silhouette qui filait à toute allure, sans un regard en arrière. Elle l'avait littéralement laissé sur le cul !

En entrant dans le bâtiment réservé aux militaires, il eut une chambre privée avec douche. Il put en prendre une longue et put complètement se détendre.

En sortant de la salle de bains, son téléphone arrêtait de sonner. Il ne le remarqua pas et se prépara pour aller au réfectoire pour dîner. Il pensait après s'être restauré pouvoir retourner dans sa chambre et contacter Ken et avoir la discussion qui finirait de le détendre en entendant le son de sa voix, probablement s'endormir le cœur léger.

Au réfectoire régnait une ambiance des plus gaies. Il reconnut certains chefs qui l'invitèrent à partager leur table. Il s'y rendit, tout en observant autour de lui.

— Tu cherches quelqu'un, l'homme qui tire plus vite que son ombre ? l'interpela l'un d'entre eux.

— Tu continues encore à m'appeler comme ça! rétorqua Maverick. Mais comme tu en parles. J'ai vu une flèche blonde ce soir en courant, elle m'a littéralement laissé sur place ! Qui est-ce ?

Tous se regardèrent.

— Ah, tu sembles parler du sergent chef Lemarier, dit l'un d'entre eux.

— C'est une flèche, effectivement, affirma un autre.

— Quoi ? Elle t'a tapé dans l'œil ?

Ils se mirent tous à rire, sauf Maverick.

— Il faudra prendre un ticket, il y a la queue, mon gars !

— A ce point ? demanda Maverick.

— Tu ne l'as pas encore bien vue et quand tu la verras, tu feras toi aussi la queue comme tous les copains !

Sa curiosité était piquée.

Justement, une clameur s'éleva. Une table en particulier semblait agitée.

— Lorsque l'on parle du loup ! dit l'un des compagnons de Maverick.

Effectivement, entourée d'hommes, une tête blonde apparaissait. Tous, ils riaient, elle y compris.

— Ils semblent bien s'entendre.

— Ils sont entre de bonnes mains avec elle. Elle est très compétente et évolue bien en deux ans.

— Elle est déjà sergent chef en deux ans ! s'exclama Maverick.

— C'est te dire comme elle est compétente.

Il agita la tête, concentré.

— Quelque chose me dit que tu es déjà bien loin de nous, remarqua l'un de ses compagnons.

Effectivement, il était déjà bien loin.

Dans la poche de sa veste, son téléphone sonnait pour la énième fois et restait sans réponse.

Quelqu'un s'en saisit et le manipula et le remis en place.

En rentrant dans sa chambre une heure trente après, Maverick était épuisé. Il prit son téléphone et ce qu'il y lut, lui fit plaisir. Il alla se coucher direct, le cœur en fête.

*

Kendra restait allongée, le son des moniteurs était le seul souffle de vie qui rythmait la pièce où elle se trouvait, seule.

MOI...EMMERDEUSE? TOUJOURS!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant