Chapitre 20 : Carlos

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Lando n'avait toujours pas répondu et Carlos commençait sérieusement à s'inquiéter. Il n'avait jamais été sans nouvelle aussi longtemps de sa tendre princesse.

Le jeune homme bondit lorsque son téléphone se mit à vibrer. Il s'en empara avec avidité et faillit grogner de frustration en voyant qu'il ne s'agissait que d'un message de son ami Charles. Carlos envisagea sérieusement de ne même pas y jeter un coup d'œil mais il finit par déverrouiller l'écran sans enthousiasme. Il avait besoin de distraction pour tromper son attente.

'J'ai vu Lando entrer dans la cathédrale,' écrivait Charles. 'Il n'avait pas l'air bien.'

Carlos fronça les sourcils. Dans la cathédrale ? Qu'est-ce que Lando y était allé faire en cette fin de journée ? Et pourquoi ne répondait-il toujours pas à ses messages ?

Le mauvais sentiment qui l'avait saisi la veille, en quittant son oméga, le reprit, plus fort encore.

"Il va se faire du mal", comprit soudain Carlos. Il va sauter du haut de la cathédrale.

Il n'aurait su dire d'où lui venait cette certitude. Sans doute du lien qui reliaient leurs deux cœurs et âmes.

L'alpha bondit sur ses pieds, envoya la porte de sa chambre claquer contre le mur et dévala l'escalier. Il enfila ses chaussures et enfila son manteau sans prendre la peine de le boutonner. Son regard tomba sur l'armoire forte dans laquelle son père tenait sous clef quelques armes à feu. Carlos connaissait la combinaison du coffre et la composa hâtivement. Il enfourna dans sa poche un pistolet. Quelque chose lui soufflait qu'il pourrait en avoir besoin.

— Hé ! Où vas-tu ? lui demanda sa petite sœur lorsqu'il passa en trombe devant lui.

Il l'ignora en franchissant la porte d'entrée. L'air glacial empli ses poumons tandis qu'il gagnait la rue en courant plus vite qu'il ne l'avait jamais fait. Le sol était recouvert d'une fine couche de neige et il dérapa à plusieurs reprises, se rattrapant toujours au dernier moment. Il accélérait davantage le pas à chaque instant. Lorsque la cathédrale fut enfin en vue, il était hors d'haleine et écarta la foule des touristes sans grande douceur.

"Lando ne pourrait pas me faire ça", se répétait Carlos en boucle, terrifié. "Il ne pourrait pas me quitter ainsi".

Tout était de sa faute. Il n'aurait jamais dû faire semblant d'accepter d'épouser Samantha. Tout était probablement parti de là. La nouvelle des noces à venir avait fait le tour de la presse et des réseaux sociaux et Lando avait pu en entendre parler. Évidemment, sa princesse avait tendance à tout tourner au drame.

Il sentit son cœur s'arrêter en observant de loin un attroupement qui s'était formé au pied de l'édifice.

"Non, non, non".

Alors qu'il s'approchait, terrifié, il entendit de la musique, une valse. Un vieux violoniste faisait vibrer son instrument dans une mélodie à la fois mélancolique et entraînante. Il jouait bien et la foule s'était rassemblée autour de lui pour l'écouter. Carlos poussa un bref soupir de soulagement. Il avait cru...

L'alpha secoua frénétiquement la tête. Il songea au jour où il avait rencontré son oméga pour la première fois. Il l'avait tenu dans ses bras tandis qu'ils valsaient au milieu du salon des Norris. Quelqu'un les avait interrompus et ils n'avaient jamais pu finir cette danse.

"Je te retrouverai, Lando", se promit désespérément Carlos. "Je t'emmènerai valser à toutes les fêtes qui existeront et ne te lâcherai plus jamais".

Il pénétra dans la cathédrale en glissant sur le dallage détrempé. Il mit un certain temps avant de trouver l'entrée de l'escalier menant sur les hauteurs de l'édifice.

— Ah non, il est trop tard, déclara le vieux guichetier lorsque l'alpha s'approcha de lui. La dernière montée possible pour la plateforme est à 17 h 15. Nous fermons dans cinq minutes.

Carlos le poussa sur le côté.

— Laissez-moi passer, ordonna-t-il.

— Revenez demain, insista le vieil homme en enfilant son manteau.

Paniqué, l'alpha fouilla dans sa poche et sortit son arme.

— Dégagez ! hurla-t-il, hors de lui.

Il n'hésiterait pas à tirer. Il tuerait tous ceux qui se mettraient en travers du chemin qui le menait jusqu'à son oméga en danger.

Le guichetier était devenu tout pâle et fixait l'arme avec stupeur, la bouche entrouverte, comme s'il ne parvenait pas à croire ce qui lui arrivait. Enfin, il parvint à se reprendre et fit signe à Carlos qu'il pouvait passer. L'alpha bondit jusqu'à l'escalier et monta les marches si vite qu'il manqua glisser à plusieurs reprises. Il aurait voulu crier le prénom de Lando mais l'essoufflement de sa course avait transformé sa voix en faible murmure.

Un vent terrible l'attendait au sommet et il faillit chanceller. Les flocons tournoyaient devant ses yeux, obstruant sa vision.

— L... Lando, bredouilla Carlos. Lan.. Lando. 

Et, enfin, il vit au loin une frêle silhouette perchée au-dessus du vide.

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Toi et Moi / Carlando (fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant