Chapitre 22 : Lando

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Lando entendait de la musique lointaine monter jusqu'à lui. Une valse. Il resta immobile un moment et laissa les notes imprégner son esprit. Elles lui évoquaient Carlos et la danse qu'ils avaient partagée. Il avait été si bien, si parfaitement à sa place dans les bras de l'alpha qui le guidait avec fermeté et douceur. Il aurait aimé pouvoir valser avec lui une autre fois.

L'oméga n'avait jamais été aussi heureux ni aussi désespéré depuis qu'il avait rencontré Carlos. Un déluge de sentiments se déversait dans son corps à chaque instant et il se sentait trop faible pour pouvoir continuer à le supporter plus longtemps.

Il espérait sincèrement que Carlos serait heureux avec sa femme et son enfant. Un oméga marqué ne pouvait pas vivre avec un autre que son alpha, mais il n'en allait pas de même pour les alphas qui pouvaient se lier à plusieurs autres personnes. Carlos l'aimait. Il en avait la certitude absolue. Il l'aimait et avait voulu le meilleur pour lui. Lando ne regrettait pas une seule des secondes qu'il avait passées avec lui ni la marque qu'il lui avait apposée. Carlos avait été et resterait la plus belle chose qui lui soit jamais arrivée, même à présent que leur histoire touchait à sa fin.

Le vent froid gorgé de flocons tourbillonnant sifflait aux oreilles de Lando. Il était temps de les rejoindre dans les airs. Il n'avait que trop attendu.

Lando sentit soudain deux bras musclés s'entourer autour de son buste et se sentit tiré en arrière. Il était trop faible, trop engourdi par le froid et la douleur pour chercher à résister et se laissa entraîner plus loin.

— Espèce d'imbécile! Crétin ! Abrutit ! hurlait une voix familière dans son oreille. Comment as-tu osé envisager de me quitter ainsi ?

Lando sentait une odeur merveilleuse l'envelopper. Peut-être avait-il sauté sans s'en rendre compte et était-il à présent au paradis ? Un paradis qui avait l'odeur et la voix de son alpha.

La personne qui le ceinturait par derrière continua à le secouer.

— Tu m'écoutes, oui ? En plus, nous n'avons toujours pas fini notre partie de ping pong !

Cette phrase incongrue tira l'oméga de sa torpeur et il se tortilla pour se retourner.

— Carlos ?

Il fut embrassé pour toute réponse. Et comprit qu'il était bien vivant. Nul paradis ne pourrait reproduire avec une telle perfection le goût de son alpha. Il ferma les yeux pour en profiter encore davantage. Le baiser était passionné, possessif et doux tout à la fois.

Lando rouvrit les yeux en sentant quelque chose de mouillé.

Carlos pleurait et les yeux de Lando s'agrandirent de surprise. Il toucha prudemment l'une des joues du jeune homme.

— As-tu mal quelque part ? s'inquiéta-t-il.

L'alpha leva vers lui un regard furieux.

— Bien sûr que j'ai mal ! J'ai failli voir mourir mon oméga devant moi !

Le petit oméga sursauta. Carlos le serrait contre lui avec une telle force que Lando peinait à respirer.

— Je devais te laisser vivre ta vie, gémit l'oméga. Je n'aurais été qu'une gêne pour toi. J'ai lu que tu devais te marier et que tu allais avoir un enfant.

L'alpha raffermit encore son étreinte.

— Accepter ce mariage était une stratégie, idiot ! Un moyen de gagner du temps pour organiser notre fuite.

Il fouilla dans sa poche et tendit à Lando deux feuilles de papier complètement froissées. L'oméga s'en saisit et les déplia avec perplexité.

— Tu voulais partir avec moi pour la Nouvelle-Calédonie ? s'étonna-t-il après avoir pris connaissance des documents.

Carlos hocha férocement la tête. Il tenait toujours fermement Lando. Ses yeux étaient toujours rouges et brillaient de détermination.

— Et je le veux toujours.

— Mais... Et ta meute ? Tes devoirs ?

L'alpha l'embrassa férocement.

— Je te choisis toi, crétin. Et s'il me fallait reprendre cette décision dans dix ans, je te choisirai à nouveau. Quelle vie, hein ? Quelle vie pourrais-je avoir sans toi ?

Lando sentit à son tour les larmes lui monter aux yeux et enfouit son visage contre la poitrine de Carlos.

— Je... je suis désolé, bredouilla-t-il. Je...

Le petit oméga ne savait trop quoi dire. Carlos prit une profonde inspiration.

— La prochaine fois, jure-moi de réfléchir d'abord puis de te suicider ensuite.

Lando hocha sérieusement la tête.

— Je te le promets.

Et il se blottit contre son alpha.

Il continuait à neiger et de gros flocons couvraient à présent leurs vêtements et leurs cheveux. Carlos épousseta tendrement la tête de son oméga.

— Nous devrions aller nous mettre à l'abri. Tu vas attraper froid, princesse.

Il paraissait un peu moins fâché et Lando lui sourit.

— Cela m'est égal de tomber malade tant que je suis avec toi.

Son corps était pris de frisson mais il ne ressentait nul froid, à l'abri dans l'étreinte chaude de son alpha. Carlos l'aimait. Carlos voulait de lui. Il n'y avait que cela qui l'importait. Il allait vivre heureux avec lui à l'autre bout du monde.

Carlos finit par le sermonner.

— Nous avons un voyage à préparer. Et un refuge à trouver avant notre fuite. Je refuse de te laisser rentrer chez toi même pour deux jours.

Lando hocha la tête et se détacha à regret de l'alpha. Il reprenait peu à peu connexion avec le monde. On entendait en bas des cris et des lumières bleues clignotaient.

— On dirait qu'il y a des voitures de police, s'inquiéta l'oméga. Mes parents ont peut-être trouvé plus tôt que prévu la lettre d'adieu que je leur avais laissée...

Carlos se mordit la lèvre.

— Euh... Je dirais que je suis plutôt le fautif. Il se pourrait que j'ai dû utiliser mon arme sur le gardien pour monter jusqu'ici.

Il montra d'un air penaud le pistolet qu'il avait remis dans son étui.

Lando ouvrit de grands yeux.

— Tu as tué quelqu'un ?!

— Mais non ! Enfin, j'aurais pu.

L'alpha avait un air féroce et Lando le croyait sur parole.

— Nous devrions peut-être descendre l'un après l'autre pour ne pas éveiller de soupçons sur notre relation, proposa-t-il avec hésitation. Au cas où nos meutes se trouveraient en bas.

Carlos attrapa sa main et la serra fermement.

— Non. Tu es à moi, princesse. Et je vais le hurler à la face du monde. Nous ne nous cacherons plus jamais. Je ne laisserai plus personne chercher à te séparer de moi. Pas même cinq minutes.

Le rythme cardiaque de Lando s'emballa et il sentit ses joues chauffer.

— Je... je ne pourrais pas vivre sans toi, Carlos.

Les yeux de son alpha se plantèrent dans les siens.

— Tu n'auras pas à le faire, princesse.

Ils se fixèrent un long moment pour se donner du courage. Puis Carlos entraîna doucement Lando vers l'escalier. 

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Toi et Moi / Carlando (fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant