Chapitre 6 : Carlos

728 38 3
                                    


Charles, Pierre et Max rirent aux éclats sur presque tout le chemin en se moquant de la tête qu'avaient tiré les Norris. Carlos ne partageait pas leur allégresse. Il avait failli devenir fou lorsque cet alpha enragé avait fait mal à l'oméga qu'il ne pouvait s'empêcher de considérer comme sien.

Charles donna un coup viril sur l'épaule de Carlos.

— Et toi alors ! Quelle idée de génie d'avoir dansé avec l'oméga Norris ! Ils étaient si furieux !

Carlos essaya de sourire et ne parvint qu'à étirer très vaguement les lèvres.

— Il a l'air d'un bon coup, ce type ? demanda Max, les yeux luisants.

Le semblant de sourire de Carlos s'effondra. Il n'aimait pas du tout la façon dont ses amis parlaient de Lando. Comme s'il était un trophée ou une sorte d'animal.

— C'est quelqu'un de gentil.

Le ton de sa voix était glacial et il vit ses trois amis échanger des regards étonnés et ils changèrent prudemment de sujet.

Carlos conserva son mutisme sur le reste du chemin et se contenta d'adresser un vague signe de la main pour saluer ses amis lorsqu'ils arrivèrent devant la demeure des Sainz. Il n'était guère plus de minuit. L'alpha rentrait habituellement bien plus tard de ses soirées et n'avait pas le moins du monde sommeil. Il se laissa tomber sur son lit tout habillé.

Ses pensées se tournèrent aussitôt sur le petit oméga qui commençait à l'obséder sérieusement. Carlos se demande si la fête était finie et ce que faisait Lando en ce moment. Le petit oméga avait paru si dévasté lors de l'intervention de son cousin ! Il devait à présent connaître son identité. Sans doute la haïssait-il et pensait-il que Carlos n'avait fait tout cela que pour se moquer de lui et lui nuire.

L'alpha se leva d'un bond. Cette dernière idée lui était insupportable. Il ne voulait surtout pas que Lando s'imagine qu'il ait pu faire quoi que ce soit dans le but de le tromper et le blesser.

Carlos saisit son portable et tapa le nom de l'oméga dans la barre de recherches, avide d'en savoir le plus possible sur ce dernier. Lando n'était pas très actif sur les réseaux sociaux. Le jeune homme trouva un compte sur lequel le petit oméga postait de temps en temps quelques photographies accessibles à tous. L'alpha les consulta l'une après l'autre, s'arrêtant plus longtemps sur celles qui lui plaisaient le plus. Il admira le petit visage fin de Lando ses yeux bleu aux longs cils et son petit sourire toujours un peu timide. Il ne comprenait pas comment il avait pu pas plus tard que tout à l'heure ne pas le trouver beau. L'oméga était superbe à sa façon.

Carlos poursuivit plus loin son investigation, glanant avec avidité toutes les informations qu'il pouvait trouver. Lando était né au début du mois de novembre, 5 ans après lui. Il avait peu d'amis et ne semblait pas apprécier les fêtes et se contentait d'accompagner ses parents aux réceptions officielles. En apparence, il avait tout du petit oméga sage et obéissant. Personne n'aurait pu l'imaginer en train d'embrasser passionnément un inconnu le jour même de ses fiançailles.

Carlos prit une profonde inspiration, hésita une seconde ou deux et envoya une demande d'ami. Puis il garda les yeux fixés sur l'écran, croisant les doigts. Il faillit pousser un hurlement de joie lorsque sa demande fut acceptée presque instantanément.

Le jeune homme reste immobile un long moment, son portable à la main. Il voulait s'excuser auprès de Lando, lui dire qu'il n'avait pas cherché sciemment à le blesser. Mais il ignorait comment s'exprimer.

A son grand étonnement, Lando finit par le devancer.

'Ignorais-tu réellement qui j'étais ou as-tu voulu te moquer de moi ?' demanda le petit oméga sans prendre la peine de faire des détours.

'Je ne t'avais jamais vu auparavant', s'empressa d'assurer Carlos . 'Sache que je ne te voulais aucun mal.'

Il fixa anxieusement l'écran. Les secondes filèrent. Enfin, il remarqua avec excitation que Lando était à nouveau en train d'écrire.

'Tu voulais donc juste jouer au ping pong ?'

L'alpha gémit d'envie en se remémorant le baiser enflammé qu'ils avaient échangé au beau milieu de leur affrontement sportif.

'Exactement. Notre partie est toujours en cours, d'ailleurs.'

Il sourit tout seul en voyant la réponse de Lando s'afficher.

'En effet. Il faudrait bien la terminer un jour. Pour que je puisse te battre.'

'Je ne te laisserai pas gagner. Même à présent que je connais ton identité, princesse. J'ai hâte de pouvoir te botter le cul.'

Il regretta aussitôt le dernier terme après avoir envoyé son message. Lando pourrait y voir des sous-entendus malheureux qui ne manqueraient pas de l'effrayer.

'Pourquoi pas maintenant ?' répondit cependant l'oméga sans paraître le moins du monde choqué. 'Autant battre le fer tant qu'il est encore chaud.'

Carlos ouvrit de grands yeux.

'Maintenant ? Et tes invités ?'

Sa respiration s'était accélérée et il se sentait saliver à l'idée de revoir si vite le jeune homme.

'Les invités de mes parents, plutôt. Ils sont tous partis. Je n'arrive pas à trouver le sommeil.'

L'alpha se sentit rougir comme un collégien enamouré en imaginant le petit oméga peu vêtu se tournant et retournant sur son lit.

'J'arrive' écrivit-il avec beaucoup trop d'enthousiasme.

'Je t'attendrai dans la salle de ping pong.'

'A très vite.'

Lando lui envoya en retour une série de chiffres. Carlos se mordit la lèvre, surpris. Venait-il réellement de lui donner le code d'accès du manoir Norris ? Pouvait-il s'agir d'un piège ? Des gardes l'attendraient peut-être derrière la porte pour le passer au tabac ?

Le jeune homme finit par hausser les épaules. Il serait heureux de tomber dans ce piège si cela devait lui permettre de revoir même brièvement Lando.

Carlos enfila le premier manteau qui lui tombait sous la main et sortit à nouveau, si impatient qu'il ne ressentait même plus le froid mordant qui faisait grelotter les quelques fêtards qui s'attardaient encore dans les rues. Il courut presque sur tout le chemin, gagné chaque seconde davantage par l'impatience. Lando. Il allait retrouver Lando.

Le prénom de l'oméga tournait en boucle dans son esprit. Il avait si hâte de pouvoir le prononcer à voix haute !

Le manoir Norris surgit devant lui si vite qu'il eut l'impression de s'être télétransporté. Il s'approcha de la porte d'entrée, trouva le digicode et tapa les chiffres que lui avait envoyés Lando. Le mécanisme se déclencha et Carlos jeta un regard méfiant autour de lui. Il ne vit aucun garde ni autre piège. Lando souhaitait donc réellement lui parler et l'alpha se sentit rempli de joie.

L'intérieur de la demeure était désert. Le salon était en désordre. Des verres vides étaient posés un peu partout et il faudrait sans doute plusieurs heures aux domestiques des Norris pour tout ranger au petit jour.

Carlos se dirigea vers le couloir. Il s'éclaira prudemment de la lueur de son portable, n'osant utiliser l'interrupteur. Il vallait mieux ne pas être à nouveau surpris par les Norris en pleine violation de domicile. Cette fois-ci, il ne s'en tirerait pas aussi bien que la première fois.

L'alpha finit par atteindre la petite salle tout au fond et tourna la poignée.

La lumière s'alluma et Lando apparut devant lui. L'oméga s'était changé. Il portait désormais un jeans et un pull ajusté qui lui donnait un air encore plus craquant. Il était assis sur la table de ping pong et laissait ses jambes se balancer négligemment dans le vide. L'alpha remarqua qu'il avait à nouveau retiré sa bague de fiançaille tape à l'œil.

Carlos avala péniblement sa salive. Il eut l'envie irrésistible de se saisir des cuisses tendres exposées devant ses yeux pour les enrouler autour de son corps.

Lando pencha la tête sur le côté, très sérieux.

— Qu'attends-tu de moi exactement ? demanda-t-il avec froideur.

~~~~~~

Toi et Moi / Carlando (fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant