X-Quand les flèches et les coups se perdent...

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Laszlo laissa passer devant lui une Diane déjà prête à en découdre, s'il en croyait sa démarche rapide et assurée. Il retint un rire euphorique : ils avaient réglé leur querelle et, mieux encore, il était parvenu à la faire fondre dans ses bras... Certes, sa belle amazone demeurait revêche, mais il n'en attendait pas moins d'elle. Il aurait été déçu de la voir céder si vite, connaissant son caractère têtu et fier. Toutefois, elle s'était abandonnée à ses soins et y avait pris plaisir, d'après sa respiration saccadée et son expression perdue. Et il s'était contenté de toucher sa main et son poignet à travers un gant de cuir. Comment réagirait-elle en sentant sa peau contre la sienne ?

Le baron tâcha d'écarter ces pensées sulfureuses, la démarche un peu raide. Il avait eu le malheur de passer des pantalons moulants. Sébastien, très observateur, ne manquerait pas de s'apercevoir de son état, s'il n'y prenait garde. Songer à son frère eut le mérite de le refroidir quelque peu, malgré la présence dans sa ligne de mire de la majestueuse croupe de l'archère...

Au terme d'une courte marche, ils furent accueillis par des mines curieuses auxquelles il offrit un sourire contrit.

— Excusez-nous, nous avons réglé un léger... différend, expliqua Laszlo. Mais tout va bien, à présent.

Diane se retourna pour lui adresser un regard méprisant plutôt inattendu, mais tout à fait charmant.

— Notre « différend » est loin d'être enterré, monsieur, dit-elle entre ses dents serrées.

— Vraiment ?

Il haussa un sourcil moqueur, les yeux fixés sur la main qu'il avait embrassée, léchée et mordillée avec tant de délectation, un instant plus tôt. Bien consciente de son sous-entendu, elle rougit tout en levant son petit menton plein d'arrogance. Ce mélange d'innocence et de combativité était terriblement séduisant.

— Cessez de faire l'enfant et jouez votre tour, tout le monde a déjà dû passer, la réprimanda-t-il, non sans ironie.

Il adorait la manière dont ses sourcils se fronçaient. Il était si facile de la contrarier... Et cela s'avérait d'autant plus jubilatoire que les autres hommes en présence n'y parvenaient pas aussi vite que lui. Était-ce sa manière de le repousser pour résister à l'attirance qu'elle ressentait pour lui ? Leur moment volé commençait à le lui faire espérer.

Laszlo se posta à côté de l'archère dans le but de la déconcentrer. Ce n'était pas très fair-play, mais il aurait besoin de toutes les armes à sa disposition pour l'emporter. Il n'était pas particulièrement mauvais perdant, mais il ressentait le besoin constant d'affronter cette petite furie. Il ne connaissait rien de plus amusant.

La concentration plissa les traits fins de son amazone. Il devina qu'elle tâchait vainement d'ignorer sa présence. Elle expira lentement par la bouche tout l'air contenu dans ses poumons, attirant son attention sur ses lèvres pincées. Étonnamment, cette mimique austère renforçait son désir. Il souhaitait plus que tout les détendre d'un baiser qui lui ferait oublier jusqu'à son nom.

« Sébastien », se répéta-t-il comme un mantra pour calmer ses ardeurs et rester concentré sur l'instant présent. Diane, comme si elle était consciente qu'il l'avait brièvement lâchée du regard, choisit ce moment pour passer à l'action. Elle encocha sa flèche, leva l'arc, le banda avec une force étonnante et tira aussitôt. Laszlo siffla devant tant de célérité : elle avait visiblement pris très au sérieux ses commentaires taquins. Quand elle jeta l'arme au sol, toutefois, et serra les poings de frustration, il comprit que le résultat n'était pas très bon. Il se tourna vers la cible et constata en effet qu'elle n'avait marqué que quatre points. Mais si c'était la première fois qu'elle tirait de cette manière, ce n'était guère étonnant, et même plutôt impressionnant : la plupart n'atteignaient pas la cible. Le fait qu'elle eût tenté sans entraînement devant témoin, lors d'un tournoi amical, était très courageux de sa part. Son admiration pour la jeune femme croissait un peu plus à chaque instant passé avec elle.

Diane l'indomptableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant