Laszlo et son frère aîné, Sébastien, arrivèrent au domaine des Beaumont en fin d'après-midi. Ils avaient reçu l'invitation peu après le retour du fils cadet de la guerre, où il avait été remarqué pour ses exploits. Il était ainsi devenu le baron de Derme. Toutefois, ce qu'il avait vu et fait sur le champ de bataille ne méritait, selon lui, aucune récompense. Il considérait plutôt ce titre comme une maigre consolation aux cauchemars qui le poursuivaient la nuit, et parfois même le jour.
Il lui semblait futile de se prêter aux amusements d'une partie de campagne en la circonstance, mais son frère, inquiet pour lui, avait longtemps insisté pour qu'il l'accompagnât. Il avait fini par accepter pour le rassurer, en se rappelant que les Beaumont n'était pas une famille désagréable ou de nature frivole. Cette distraction parviendrait peut-être à lui faire oublier les horreurs qu'il taisait.
Ils furent accueillis chaleureusement par le couple et leur fille, celle-ci les ayant rejoints après s'être reposée.
— C'est un réel plaisir de vous revoir après tout ce temps, Monsieur Ferne ! dit Cassandra en s'adressant à Laszlo. J'espère que vous allez bien.
— Je vais bien. Je vous remercie pour votre invitation, la première que j'ai reçue suite à mon retour.
Sébastien annonça la nouvelle que son cadet ne semblait pas décidé à ébruiter :
— Mon frère est devenu l'heureux baron de Derme. Il sera plus aisé de nous distinguer, à présent.
Il sourit tandis que le principal concerné se rembrunissait.
— Je préférerais que vous m'appeliez par mon prénom, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. Ainsi, nous ne risquerons nullement de nous méprendre.
Théodore abonda en son sens :
— Une partie de campagne devrait être plus détendue qu'un événement parisien. Je suis d'avis que nous procédions tous de cette manière, si cela ne contrarie personne.
Tout le monde acquiesça. Restait à convaincre les autres invités. Laszlo espéra que ces derniers seraient tout aussi sympathiques que leurs hôtes.
— Souhaitez-vous vous reposer avant le dîner ? Il aura lieu à dix-neuf heures, les informa Cassandra. Ou peut-être aimeriez-vous visiter le domaine à dos de cheval, comme le font actuellement Diane et Alexandre.
Le baron se demanda quelle relation liait cet homme et cette femme. Sans doute étaient-ils mariés, pour se promener ensemble dès leur arrivée.
— Je vais prendre un bain, annonça Sébastien. Et toi, mon frère ?
— J'irai bien faire un tour des lieux.
Il était resté enfermé une bonne partie de la journée dans une voiture, le grand air lui ferait donc le plus grand bien.
— Je vous en prie, messieurs, faites donc, les pria Cassandra. Nous vous verrons ce soir.
Ils prirent tous deux congé, l'un se dirigeant vers l'étage, l'autre vers la sortie. Quelle ne fut pas la surprise de Laszlo en apercevant un homme de belle carrure se faire malmener par un cheval, non loin de l'écurie ! Il alla rapidement à sa rencontre pour l'aider en cas de besoin. L'inconnu, en le remarquant, s'adressa à lui sans cérémonie :
— Bonjour, vous devez aussi être un invité de Cassandra et Théodore, n'est-ce pas ? Je m'appelle Alexandre. Cela fait bien trente minutes que j'essaie de monter cette maudite bête !
Le baron se présenta à son tour en s'en tenant au strict minimum : son prénom. Il se retint de rire pour ne pas embarrasser son interlocuteur, qui semblait un peu plus jeune que lui de deux ou trois ans. Lui-même était âgé de trente-cinq ans. L'homme avait de beaux cheveux bruns bouclés et des yeux tout aussi sombres, et un visage comme sculpté dans le marbre, sans imperfection et très masculin, avec sa mâchoire carrée.
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Diane l'indomptable
Ficción históricaDiane Iria passe la plupart de son temps à s'entraîner au maniement des armes et à menacer d'émasculation les hommes qui ne se comportent pas convenablement. Laszlo Ferne, toutefois, parvient à déceler sous la façade peu avenante de la jeune femme d...