Diane songea d'abord avec horreur que cet âne était en train de mettre en danger sa réputation, puis se rappela qu'elle n'en avait guère et que, de toute façon, elle s'en moquait comme d'une guigne. Toutefois, ce serait un bon argument pour l'obliger à s'excuser à genoux...
Une ire indicible suivit ce bref moment de frayeur. Cet homme était d'une goujaterie sans pareil ! Il avait commencé à lui faire la leçon et s'étonnait qu'elle lui répondît, c'était à n'y rien comprendre. Il devait croire au mythe de la femme soumise. Avec elle, autant dire qu'il allait être servi !
Elle décida de passer à l'action en se rappelant la présence de ses couteaux dans ses bottes. Bien sûr, elle ne comptait pas blesser Laszlo. Elle voulait simplement l'obliger à la laisser repartir et lui faire assez peur pour qu'il ne retentât plus jamais pareil enlèvement. Elle se sentait terriblement honteuse de ne pas pouvoir échapper à la prise du baron alors même qu'elle s'entraînait depuis son enfance pour se défendre de ce genre d'individu. Elle pensa qu'elle allait juste lui faire payer pour cette impression d'impuissance qui la ramenait à ce jour dramatique qui avait changé sa vie à jamais. La petite fille en elle hurlait de terreur, mais elle ne pouvait pas la laisser prendre le dessus. Elle se battrait bec et ongles, comme elle se l'était juré il y avait des années.
Diane cessa de frapper le dos de son agresseur et, du bras gauche, celui qui ne touchait pas le dos de Laszlo et risquait donc moins d'attirer son attention, elle tenta d'atteindre sa chaussure. L'opération était difficile, cependant, puisqu'elle devait éviter tout contact avec le bras qui l'enserrait pour ne pas éveiller les soupçons. Or, ledit membre se trouvait sur son chemin, ce qui signifiait qu'elle devait donc passer son propre bras par-dessus en l'arquant, perdant ainsi de précieux centimètres.
La jeune femme essaya de remonter discrètement son pied en pliant les genoux et en glissant légèrement sur l'épaule du baron. Elle put ainsi se rapprocher un peu plus de son but : elle sentit sa botte sous ses doigts. En tournant sa jambe sur le côté, elle réussit à passer la main sous l'obstacle et parvint finalement à tirer délicatement la précieuse arme de son carcan. Elle souffla, soulagée, et la dissimula dans la manche de sa chemise en l'empêchant de tomber à l'aide de son poignet. Une fois debout, elle devrait trouver un stratagème pour que Laszlo ne remarquât pas son manège, à moins de le menacer directement. Mais dans l'immédiat, elle ne pouvait rien faire de plus.
L'archère se morigéna mentalement : cela lui apprendrait à n'emporter avec elle que deux couteaux. Dorénavant, elle ferait en sorte d'en cacher d'autres à des endroits plus faciles d'accès, au cas où elle se retrouverait un jour dans la même situation. Elle était parvenue à les atteindre, certes, mais elle avait eu beaucoup de chance.
— Cela fera l'affaire, marmonna son ravisseur pour lui-même.
Il déposa sa charge au sol sans préavis, et Diane se retint de tomber de justesse. Le trajet, effectué la tête à l'envers, l'avait quelque peu déstabilisée. Elle regarda ensuite autour d'elle et découvrit qu'il l'avait emmenée derrière l'écurie, où personne ne risquait de les surprendre, excepté peut-être le palefrenier. Cette constatation ranima sa rage, et elle en oublia presque sa peur.
— Si vous voulez crier, vous pouvez le faire, à présent, déclara le baron en la fixant. Vous vous donniez en spectacle.
Son ton calme et condescendant l'énervèrent d'autant plus. Elle le défia, la tête haute et le menton résolument pointé en avant.
— Vous n'allez pas me faire croire que vous m'avez portée tout ce temps juste pour que je pique une crise sans risquer d'écorcher les oreilles des autres ! Vous racontez n'importe quoi.
— Vous avez raison, reconnut-il après un temps. J'ai terriblement envie de vous mettre une fessée, et je me voyais mal le faire devant votre père.
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Diane l'indomptable
Ficción históricaDiane Iria passe la plupart de son temps à s'entraîner au maniement des armes et à menacer d'émasculation les hommes qui ne se comportent pas convenablement. Laszlo Ferne, toutefois, parvient à déceler sous la façade peu avenante de la jeune femme d...