III-Insupportable malotru !

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Diane apprécia grandement son bain chaud, mais dut vite sortir pour ne pas risquer de se présenter en retard pour le dîner. Sa femme de chambre, Anne, l'aida à passer une robe de soie du même vert émeraude que ses yeux. Le col et les revers étaient en dentelle. Quant à la jupe, elle était constituée de velours noir sur les côtés : un peu de ce tissu apparaissait aux hanches pour s'élargir par la suite, formant ainsi deux longs triangles. L'archère aimait beaucoup cette tenue simple qui mettait sa silhouette et son teint en valeur. Une fois son chignon de nouveau épinglé sur le dessus de sa tête, elle descendit pour se joindre aux festivités.

Elle constata qu'elle était parmi les derniers à rejoindre le salon, même si Héphasie et Iris manquaient toujours à l'appel. En ce qui concernait Gregory, il ne mangerait avec eux que le lendemain, le temps de s'habituer aux lieux. Cassandra et Théodore se firent un devoir de lui présenter les deux invités qu'elle ne connaissait pas.

— Diane, voici les frères Laszlo et Sébastien Ferne. Mes amis, voici Diane, une amie d'Hortense de longue date, tout comme les deux jeunes femmes que nous attendons.

L'aîné s'inclina bas sur la main de l'archère tandis que l'autre homme patientait. Son regard gris perçant la déstabilisa. Il lui parut mesurer la même taille qu'elle. Une longue cicatrice barrait sa joue, lui conférant un air inquiétant, ce qui n'adoucissait guère son visage aux traits francs. Ses cheveux blonds étaient lisses et coupés très court. Sa musculature l'impressionna et, quand il se pencha vers elle pour la saluer dans le même geste que son aîné, sa poigne ferme la surprit. Il était vêtu d'une chemise blanche ainsi que d'un gilet et de culottes bleues. Sa cravate, parfaitement amidonnée et nouée selon la mode, était de la même couleur que ses yeux. Sébastien était un peu plus petit, et s'il avait les mêmes cheveux, ses iris étaient d'un marron qui lui sembla terne, à côté. 

— Vous devez être la femme d'Alexandre, c'est bien ça ? s'enquit Laszlo d'une voix cassée, sèche et comme enrouée qui brisa le charme.

Diane ouvrit la bouche puis la referma comme un poisson, complètement déstabilisée par cette question. Elle entendit les rires francs affluer dans la pièce tandis que le duc d'Albufera s'étranglait avec son verre. Iris et Héphasie, qui avaient paru en même temps, n'étaient pas moins hilares. L'archère finit toutefois par réagir sur le ton de la colère :

— Que me chantez-vous là ? Bien sûr que non !

Le baron regardait la scène qu'il avait causée d'un air étonné, dans l'incompréhension la plus totale.

— Je crains d'avoir créé une terrible méprise, intervint Cassandra. J'ai dit plus tôt à ces messieurs que vous étiez partie en promenade avec Alexandre, sans préciser votre lien. Il n'est pas étonnant que Laszlo se soit trompé.

La peintresse approcha pour qu'on pût la présenter et régler ce malentendu.

— Voici Héphasie Lion, la femme de ce gentilhomme. Quant à Diane, elle est célibataire, messieurs.

Le ton de conspiratrice de leur hôtesse ne lui échappa pas et elle retint une remarque désobligeante. Elle n'aimait pas particulièrement qu'on jouât les entremetteuses avec elle, mais elle se garderait de se montrer malpolie.

— Je vois. Je vous présente toutes mes excuses, je me suis montré fort maladroit. Je suis enchanté, Madame.

— Moi de même. Je crois savoir que nous nous appelons tous par nos prénoms, ce sera donc Héphasie pour vous.

Elle lui décocha un beau sourire. Quand Laszlo posa de nouveau les yeux sur elle, Diane se renfrogna. Alexandre changea de sujet en s'en apercevant pour tâcher de détendre l'atmosphère :

Diane l'indomptableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant