Haine

2 0 0
                                    

*Je vous rassure, ce texte a été écrit il y a longtemps, au début de mon adolescence. C'était dans cette période de doutes et de changement où l'on a plus confiance en rien, ni même en soi. Chacun passe par cette case au moins une fois dans sa vie. J'avais écrit ce texte pour me libérer et extérioriser, je ne l'ai pas touché depuis et je le partage à présent pour tout ceux qui sont encore dans cette période mouvante où l'on ne sait plus qui on est. Vous n'êtes pas seuls.*

Je me déteste. Je me hais. J'en ai marre de moi. De mes crises débiles. De ma peur incessante de grandir... De mon irresponsabilité, de mon inconscience, de mon refus de grandir, de mon égoïsme, de mon égocentrisme, de mon irrespect, de ma peur de la foule, des adultes et du monde, de ma vie en cocon, de chialer tout le temps pour n'importe quelle raison, de ma bêtise, ma stupidité, ma folie, de mon incapacité à m'adapter au monde, de l'école, des leçons à apprendre, des exercices, des contrôles, et des contrôles et des contrôles sans arrêt, de mon incapacité à me faire des amis, à aller vers les autres, à m'adapter aux autres, de ma dépendance à mes parents, à mes amis, de mon hypersensibilité qui me fait chialer h24, de ma différence, de ma solitude dans mes goûts, mes choix, mes avis et mes envies, de mon incivilité, de mon ingratitude, de mon immaturité et de mon insolence, de l'adolescence, de ce monde qui part en n'importe quoi, de mon impuissance, de ma volonté trop faible, de ma faiblesse, de mon corps, de mes problèmes de santé, de mon fichu genou, de mon dos, de mes fichus pieds qui me pourrissent la vie, du temps qui passe trop vite, des années qui s'écoulent sans que je ne les voit, des souvenirs qui s'effacent, qui se perdent, qui disparaissent, des visages qui fondent, qui se mêlent, qui s'en vont, de mes blessures au cœur qui ressurgissent quand j'y repense, de l'amour idiot mais si profond que je voue à mes objets préférés, de ma terrible obsession à tout mettre en bazar, et de ne pas arriver à prendre soin de mes affaires, pourtant j'y tiens, j'y tiens tellement que je pleure quand elles se cassent ou disparaissent, j'en peux plus de tout ce qu'il se passe autour de moi, le Covid, la guerre, les élections, le climat, la planète, les hommes qui se tuent, se trucident, s'égorgent, se torturent, se détruisent à petit feu, de l'irrespect, de l'irresponsabilité des gens, de l'égoïsme, du manque terrible de tolérance et de fraternité dans ce monde.

J'ai peur de ce monde. Peur d'y rentrer. De m'y perdre. De m'y noyer. De m'y trouver seule, déboussolée, abandonnée. J'ai peur de mon avenir, de mon impuissance, de mon manque de volonté. J'ai peur de vivre ma vie. Pourtant je le veux. Je veux partir, découvrir le monde, apprendre, parcourir, vivre de ma passion, rencontrer des gens, voyager, mais pas seule. Seule, je n'y arriverais pas. Seule, je vais m'étouffer, je vais perdre pieds et tomber. Ne pas arriver à reprendre mon souffle. Je vais être noyée dans cette société où seul l'argent compte.

Je ne veux pas de ça. Pitié, faites que j'arrive à changer les choses. Que ma génération agisse enfin ! Le monde en a besoin. Qu'on dise les choses clairement, qu'on agisse concrètement, tous.
Mais d'abord qu'on apprenne à vivre ensemble. A se respecter, respecter ses origines, ses choix, ses goûts, ses envies.

J'en ai aussi marre de cette habitude de partir dans des délires philosophiques sans aucun sens à chaque fois que j'écris sans réfléchir. Ça m'énerve. Ce n'est pas beau. C'est superficiel. Je ne fais pas d'efforts, je n'y arrive pas.

Je ne travaille pas assez, pas comme je le devrais. Je pourrais faire plus, mais je ne m'en donne pas les moyens. Je suis lâche, faible, incapable de rien. Je n'ai pas de volonté. Je suis couvée, sur couvée, sur protégée. On ne m'a rien appris sur le monde. J'apprend tout maintenant, et c'est pas joli à voir.

Un brin de poésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant