Die Situation eskaliert

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Ma présence à l'enterrement a fait scandale. Même au travail les gens me regardent de travers, et j'ai l'impression que les résidents se font distants.

La ligue n'a rien conclu mais j'ai pu finir le tournoi, dans le doute de la présomption d'innocence. J'ai essayé de vraiment réussir seul, mais je n'ai pas réussi et j'ai écouté cette voix miraculeuse. J'ai fini par remporter ce dernier combat aussi. Je suis le vainqueur du tournoi. Vive le syndrome de l'imposteur... Celui qui se manifeste sous la forme d'une petite voix médisante et qui balaie tous les compliments, toutes les félicitations, d'un revers de main. Celui qui s'insinue jusque chez toi, quand tu regardes des médailles, qui devient une façon de te voir. La torture mentale permanente et invisible.

Ont suivi des interviews, avec les journalistes toujours plus alléchés par le scoop. C'est sûr, je n'aime pas ces gens. (Les journalistes, surtout les «envoyés spéciaux »).

Ils font partie de mes petites préoccupations désagréables.

Je repense à la lettre de mon banquier.

Et au père de Lou qui m'oppresse.

Et mon amour timide pour Noah.

Et la haine que je reçois de la part de fans de BC depuis mon hospitalisation. Ma crise de panique était un signal d'alarme mais je continue d'avancer de cette direction. Je peux faire quoi d'autre ?

Mon coach m'a envoyé un message. Je vois la notification, et le stress monte en moi, le rouge habille mes joues rasées, ma respiration se hache et un coup de tête me fait empoigner des chaussures et enfiler des survêtements. Avant que je réalise quoi que ce soit, je suis en train de courir comme un fou, comme un homme perdu, à travers les rues qui ne se doutent pas de mes tracas. Chacune de mes foulées m'éloigne un peu plus de chez moi et de mon téléphone, même si j'ai attrapé celui-ci « au cas où ».

Quand je m'arrête, vingt minutes, une demi-heure - ou peut-être plus - plus tard, le souffle aussi anarchique que ma course, le front aussi humide qu'une piscine, et le visage aussi rouge qu'une Ferrari qui se respecte, je continue de marcher et sans me soucier d'où me portent mes pas, je consulte mon portable. (Promis, je fais quand même attention aux passages piétons, je tiens toujours à la vie, même si ça paraît rarement réciproque).

Lisons ce message. Rien ne peut être bien pire, si ?

« Salut Bernard KO, »
...Ça commence mal... il ne prend pas la peine de m'appeller ainsi habituellement.
« Je regrette de te l'annoncer ainsi, mais il vaudrait mieux que tu quittes le club. Je préfère te le dire, mais quelqu'un fait pression sur le club entier pour te faire partir. »

Quel choc !
Et quelle ordure!
Guillaume Deroliond était presque devenu un ami, et voilà qu'à cause de « quelqu'un » (il n'a même pas pris la peine de préciser qui), il voulait que je suite le club alors que le sport commence à faire partie de mon équilibre et que je commence à ressembler à quelque chose grâce à ça. Parce que ressembler plus à un critérium géant qu'à une statue grecque (habillée), c'était mon quotidien jusqu'au début d'année quand même.

La folle aventure de Bernard K-OOù les histoires vivent. Découvrez maintenant