La folle aventure de Bernard K-O

La goutte de trop

Fin du match. J'ai senti le regard du père de Lou-Ti sur moi DEPUIS LE DÉBUT DU COMBAT. C'est super lourd. L'air était électrique, chargé de sueur et d'excitation.

Caché derrière mes gants, je me disais qu'il m'était impossible d'écouter la voix, ou alors impossible de bouger pendant l'arrêt sur image. J'ai donc ignoré cette aide indésirée, subissant les effets secondaires de ce choix.

J'ai perdu le combat. Pendant que l'arbitre lève le bras de Juan Donn, je regarde les spectateurs. Je tombe sur le regard de Noah, qui m'accorde une moue désolée, réconfortante. Il a mis des boules Quies et vient de mettre un casque discret, à cause du bruit. L'espace est clos, les sons résonnent et deviennent rapidement insupportables. Sa présence me touche. 

Puis je laisse mes yeux se poser sur d'autres gens. Je descends du ring, je cogne mon gant contre des poings serrés d'inconnus qui me soutiennent. Et là, en face de moi, un sourire narquois me fixe. Cette expression sur le visage de l'homme que je hais le plus, le seul à qui je vous un sentiment de rancoeur, en fait.

Et d'un coup, une rage sans nom prend possesion de moi et je m'élance vers lui. Je le frappe et j'écoute la voix. Je n'ai jamais aussi bien frappé et je n'ai jamais été aussi violent hors du ring. Sonné, ses yeux passent de l'expression hautaine à une incompréhension magistrale. Comme la dernière baffe que je lui mets, mzin nue cette fois.

Sans plus réfléchir qu'avant, je rejoins une personne à petites foulées, dans la cohue qui s'est créée, laissant l'homme meurtri à terre. Je vais et j'embrasse la personne qui le mérite le plus au monde. Noah.

Il n'est pas du tout surpris, et ignorant l'agitation, les caméras, les autres gens, le père de ma -désormais- ex-petite-amie, nous profitons de ce beau moment.