Bonne lecture !
Cet éclat pétillant qui la poursuit dans la nuit, dans ses rêves et souvenirs. C'est cet éclat brillant qu'elle retrouve à nouveau dans les yeux de la jeune femme qui lui faisait face. Cette malice au fond de la cornée, cet air de défi qui lui permit, des années plus tôt, de la rejoindre sous la pluie. Leur bal à elles, éclairé par cette lumière verte du vieux toboggan, par l'éblouissement brute des éclairs dansant au-dessus d'elles, au même rythme que leurs pas tapaient le sable gorgé d'eau.
Dans ce tout petit parc, sous cette immense tempête ; un nom retentissait à foison. L'écorchure des syllabes émettait un écho qui traversait les années, jusqu'à retentir une fois de plus dans les mêmes oreilles qu'il y a 18 ans.
Cependant, encore floues et lointaines, les sonorités balançaient entre l'inconscient et le conscient, sa mâchoire et sa langue portaient encore le souvenir musculaire de son prénom, mais son cerveau bloquait sur la prononciation. Seule l'omniprésence du soleil occupait l'espace de son esprit. Pourquoi le soleil alors que son souvenir nageait sous une pluie torrentielle, la puissance des du vent et la douceur de son rire ?
- Il faut que j'y aille ! songea-t-elle, allongée sur son lit, ne cessant de repasser en boucle l'image du baiser de la veille. Fragile était le moment, semblable à celui d'un roman, l'atmosphère avait changé et tout le poids du monde s'était écroulé sur son corps. La puissance du souvenir l'avait perturbé tout le reste de la soirée et de la nuit. Elle n'avait rien dit à Solar de peur de briser quelque chose, cette mini bulle que l'action avait créée. C'est ainsi qu'elle se retrouve maintenant au commencement de l'aube, à souhaiter se rendre là où tout avait commencé.
Sous le toboggan vert, la seule indication de sa mémoire et pourtant Byul se retrouvait dans sa voiture, couverte d'un long manteau et le téléphone coincé sur les cuisses. Ce n'était pas la meilleure des idées, mais la curiosité était trop forte. Elle avait besoin de se souvenir, son passé a toujours été des plus vague. Quelques bribes de réunions familiales, de dessin à la craie ou encore de dessins animés lui revenaient parfois, mais jamais rien de solide. Ruby lui exposait souvent la théorie de l'oubli inconscient, celui pour se protéger d'un événement traumatisant par exemple. Toutefois, rien de tel ne semblait justifier cet oubli. Byul-yi avait eu une enfance des plus banales.
Ki-moon l'emmenait fréquemment visiter les plus grands musées historiques, sa passion pour la politique dès son plus jeune âge ne plaisait pas à tout le monde, sauf à Byul, chez qui l'engagement à des valeurs lui vient très rapidement. Du haut de ses cinq ans, la petite fille suivait son frère partout, à cette époque, il était déjà président d'une association étudiante qui s'occupait de relier la faculté et le syndicat qui se battait le plus pour leur cause. Plus le temps passait, plus, ils s'étaient éloignés l'un de l'autre, la vie politique ne rimant pas avec celle personnelle, pour l'ainé de la fratrie.
Si Ki-moon n'était pas le plus soutenu, cela était encore pire pour l'artiste de la famille. Byul avait la chance de s'épanouir dans la correction des nouveaux livres à sortir par la maison d'édition qu'elle a intégrée, il y a quelques années, ce n'est pas le cas de Seung qui dû, sous la pression familiale, intégrer un cabinet d'avocat après ses longues études de droit. Il ne put rester que quelques mois dans cette voie, rien ne lui déplaisait plus que ce métier, il ruminait tous les soirs son stress et son dégoût pour la manipulation de la justice que certains avocats dans son secteur, utilisaient si facilement. Ce fut une matinée fraiche de novembre que Seung annonça sa démission au reste de la famille. Byul fut la première à saut de joie quand elle apprit la nouvelle, son frère allait enfin vivre de sa passion pour le cinéma. Scénariste à ses heures perdues ainsi qu'acteur pour ses mini courts-métrages, il était bien loin de la grande carrière que ses parents lui louait. La bataille fut rude quand il a été comparé à Ki-moon, bien que la politique ne les enchantait pas plus, tout était mieux que "faire le clown devant la caméra" comme disaient les parents de la fratrie. Seung s'est ainsi très vite refermé sur lui-même et a cessé ses visites quotidiennes, il resta seulement en contact avec la benjamine, étudiante dans l'art du maquillage. Jia de son nom de make-up artiste ; Ajuke, est devenue très proche de Seung quand elle a commencé à s'occuper des maquillages des comédiens pour ses projets cinéma. Tous les deux se comprenaient si aisément que Byul n'a pas su trouver sa place dans leur duo, elle a fini par déménager après avoir terminé ses études, de son petit vingt mètres carrés, elle ne recevait pas de nouvelles de sa famille, ses parents n'étaient pas tellement fiers de ce qu'elle était devenue, elle a décidée de suivre ses envies littéraires et se construire son avenir.
Traverser à nouveau la petite forêt qui entourait le quartier de son enfance, ne lui fit pas l'effet escompté, elle s'était crispée à son volant, les phares illuminant les grands arbres qui, à cette heure de la journée, étaient terrifiants. Cette forêt, elle y avait fait les pires bêtises enfantines, comme lorsqu'elle a fuguée pendant plusieurs heures pour éviter d'entendre Seung et sa mère se disputer une énième fois sur ses pratiques cinématographiques. Au loin, elle voyait déjà le grand panneau indiquant l'entrée de sa petite ville, mi-chemin entre la campagne et la grande ville, son village était composé de plusieurs profils bien différents, allant de la famille la plus aisée avec son domaine à la vieille dame qui comptait la moindre économie. La famille Moon formait le juste milieu, des revenus assez modestes, mais de grandes exigences.
C'est le bruit des graviers sur les roues qui indiqua à Byul le chemin de son ancienne maison. La demeure n'avait pas changé d'un pouce, le jardin et son parterre de dahlias encadrait toute la structure, une multitude de camélias ornaient le balcon et de douces agapanthes postées de chaque côté de la porte d'entrée, montaient si haut semblant vouloir atteindre le carillon dont le délicat tintement résonnait dans la ruelle.
-Il n'est pas question que je rentre dedans, je vais juste déposer la voiture ici, de toute façon personne n'est réveillé à cette heure-ci ! J'ai juste à faire vite et puis je repars. développa la brune, les mains dans les poches avant de fermer la voiture à clé.
Heureusement que son téléphone captait parfaitement dans cette zone, ses souvenirs étaient trop brouillons et son sens de l'orientation trop médiocre pour réussir à retrouver le petit parc de la ville. Ses pas tapaient rapidement le trottoir, ses foulées se calaient sur le rythme de son cœur dont le mouvement frénétique trahissait son angoisse naissance.
Elle sentait que la réponse n'était pas loin, que l'énigme que représentait Solar allait enfin avoir une solution. Cette fille l'a hantait, son sourire, son rire, l'éclat de son regard, la douceur de sa peau, de ses lèvres, la rougeur de ses joues, le tique de ses mains dans ses cheveux lorsqu'elle était gênée, la courbure de son visage et les battements de ses cils quand elle était contrariée. Tout semblait parfait aux yeux de Byul. Elle en oubliait presque la jalousie excessive, les regards glacials, la bouche étriquée quand la colère était au bord des lèvres, la manipulation et les secrets.
Qui es-tu vraiment Solar ?
Le temps parut s'arrêter quand enfin la jeune femme eu atteint l'entrée du parc d'enfant. Tout était encore un peu sombre, l'aube montait doucement dans le ciel et ce soleil si signifiant, ne couvrait pas encore la totalité des attractions enfantines.
Néanmoins, le célèbre toboggan resplendissait à la lumière, sa couleur couvrait le sol par son reflet, il paraissait être le roi du domaine, surplombant l'ensemble du jardin. Sa vision lui coupa le souffle, une centaine d'images lui sautaient à la gorge et ses oreilles bourdonnaient d'un son entêtant, pire que le bruit du tonnerre, celui de la pluie sur le sol, du vent dans sa robe. Ce son comprenait deux syllabes, une merveilleuse mélodie dont son alter ego enfant, s'amusait à répéter en boucle telle une berceuse. Ce son, cette mélodie, ce prénom.
Yong-sun...
Me revoici 50 années en retard, désolé à tous.te.s , je vais essayer de finir cette histoire encore cette année. N'hésitez pas à me mettre un petit commentaire, ça motive toujours ! A bientôt tout le monde !
Kiss
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Chiche ?- Moonsun
FanfictionL'amour. Une chose bien difficile à avoir . Moonbyul va le chercher pendant des années. Quand elle va le trouver, va t-elle encore le vouloir ? Sujets sensibles abordés.