5. Tout est une question d'épilation

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Indifférent à mes protestations les plus virulentes, Nate Calvin me prend par la main pour me faire asseoir sur le rebord de la baignoire avant de s'accroupir à côté de moi.

Je tente mon possible pour refermer mon peignoir à grand renfort de mouvements de bras. Nous parlons en même temps. Monsieur Calvin me pose mille et une questions sur mon état physique tandis que je me fustige d'énormes grossièretés, me traitant de triple idiote.

J'attrape les pans du peignoir que je rabats sur mon corps alors que ses mains palpent mes chevilles. Des chevilles qui prolongent des jambes non épilées.

Oh... mon... Dieu !

Dans un réflexe étrange, je vois mes mains s'abattre sur celles de Nate et les garder entre les miennes, éloignées le plus possible de mes mollets. Est-ce qu'il a remarqué ? J'aurai dû m'épiler il y a une semaine, mais je ne porte que très rarement de tenues qui requièrent d'avoir des jambes impeccables.

Si seulement j'avais su...

J'ignore pourquoi je me tracasse avec ce genre de frivolité quand il n'y a même pas deux minutes, je me suis retrouvée pour la première fois nue devant un homme. Oui, pour la première fois de ma vie, je me suis retrouvée nue devant un homme et le contexte n'aurait pu être moins romantique.

Une grimace de mortification déforme les traits de mon visage.

La honte, la honte, la honte, la honte... chantonne une voix sournoise dans ma tête tel un mantra.

Je peux dire sans l'ombre d'un doute que je viens... Non, non, non je suis en train de vivre ce qui est et restera certainement le moment le plus embarrassant de toute ma vie. Mon visage brûle, que dis-je ? Irradie plutôt, tant je suis écarlate. J'ai envie de pleurer, vraiment pleurer.

L'acteur à la plastique de rêve se racle la gorge de manière appuyée. Quand j'ose poser mon regard sur son visage, ses yeux fixent ses mains toujours entourées des miennes.

Brusquement, je les relâche et tente de me redresser.

Qui a déjà essayé de se remettre sur ses deux jambes avec une cheville foulée ? Laissez-moi vous dire que ce n'est pas du tout une mince à faire, bien au contraire.

Je vacille dangereusement, ma cheville faisant certainement la taille d'un tronc d'arbre bicentenaire à présent. Je n'ai rien à quoi me raccrocher et mes acrobaties pour tenter de me relever sont de plus en plus ridicules.

Nate place ses larges mains juste sous mes épaules. Il ne s'en rend certainement pas compte, mais ses doigts frôlent l'angle de ma poitrine. C'est un contact très léger mais il suffit largement pour faire naître en moi une douce chaleur qui se propage jusque dans mon bas-ventre. Une fois debout et surtout à peu près stable, je pivote avec difficulté et en profite pour bien resserrer cette ceinture de malheur.

De dos, je profite de ce moment pour grimacer alors que je meurs un peu plus de honte.

Mes mains encadrent mon visage toujours en feu : ce que je n'avais pas remarqué, c'est le grand miroir situé juste en face de nous.

— Venez, il vaut mieux qu'on vous trouve rapidement un endroit où vous asseoir plus confortablement.

M'asseoir ?

Mais je ne souhaite qu'une chose : fuir et en courant si possible. Je n'ai pas du tout envie de rester ici, avec lui ; pas une minute de plus. À chaque fois que je croiserais son regard, j'aurai la sensation qu'il me revoit dans cette position indécente.

Perfectly Imperfect (Imperfection #1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant