30. Love at first... fall

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J'ouvre les yeux brusquement le lendemain matin. Désorientée, je mets un certain temps avant de me rappeler que je n'ai pas dormi chez moi. La main posée sur ma poitrine m'a quelque peu mise sur la voie. Je me tourne et découvre le visage endormi et paisible de Nate.

T'as vraiment pas assuré sur ce coup-là, Adelia !

Jamais je n'aurais dû dîner avec lui. Jamais je n'aurais dû le suivre jusqu'à sa suite. Il n'y avait pas besoin d'être Einstein pour se douter que son histoire de numéro de téléphone n'était qu'un prétexte stupide pour m'attirer jusqu'ici.

Pendant des mois et des mois, je me suis imaginé le revoir, le gifler, lui balancer que j'avais tourné la page ou mieux encore, m'afficher au bras d'un homme encore plus sexy.

Mais bien sûr, non ! Il lui a suffi de montrer le bout de son nez pour que mon cerveau parte en grève et que mon pauvre cœur déjà malmené ne s'emballe. Dans le pire des scénarios, je ne m'imaginais vraiment pas lui tomber dans les bras. J'aurais été plus courageuse de lui résister, d'être plus ferme et refuser son invitation. À la place, je suis à poil dans son lit. Une douleur inhabituelle me tiraille le bas-ventre et me rappelle durement ce qui s'est passé hier entre nous.

Quelle force de caractère, Adelia ! Tu mériterais presque une médaille...

Je m'extrais de son étreinte le plus lentement possible. Oui, en plus d'être faible, je joue à présent les lâches en filant à l'anglaise. Je n'ai pas envie de le réveiller pour ensuite affronter la conversation gênante à propos de la veille. Il risquerait de constater qu'à tête reposée, mon enthousiasme a cédé à une énorme remise en question.

De l'enthousiasme ? De qui te moques-tu Adelia ? Tu ne l'aurais pas déshabillé plus vite...

J'ai envie de plaider la folie passagère, mais une petite voix dans ma tête me défie de l'oser sous peine de l'entendre me narguer.

Nue comme un ver, je suis debout devant le lit et repère mes vêtements. Sur la pointe des pieds, je les attrape et me fige quand le matelas bouge. Je jette un coup d'œil apeuré par-dessus mon épaule. Nate grogne, se retourne, mais ne quitte pas les bras de Morphée. Je respire tout de suite mieux.

Sur la pointe des pieds, je sors de la chambre. Une fois dans le salon et la porte fermée derrière moi, je me rhabille en quatrième vitesse, jette mon collant filé à la poubelle, efface les coulures de mon maquillage et me faufile aussi discrètement que possible dans l'ascenseur. Je fouille dans mon sac et prends mon portable complètement déchargé.

Les portes s'ouvrent sur la réception où seuls deux employés se trouvent. Ils me saluent d'une simple inclinaison de la tête et me souhaitent une bonne journée. À grandes enjambées, trop pressée de retrouver la sérénité de mon appartement, je m'enfuis. Mes talons résonnent contre le carrelage du hall et je réalise qu'au lieu de porter mes chaussures cassées, j'ai aux pieds la paire d'escarpins que Nate a achetée. Tant pis, je les renverrais par colis.

Je ferme mon manteau et resserre l'écharpe que j'ai au cou en attendant de pouvoir héler un taxi. Un homme se pointe sur ma droite et allume une cigarette.

— Souhaitez-vous que je vous raccompagne ?

Je bondis en arrière et plaque ma main contre mon cœur. Le crâne toujours aussi lisse, Alec m'observe avec un rictus qui est probablement dans son dictionnaire la définition d'un sourire moqueur.

— Monsieur Calvin m'a demandé de vous escorter chez vous, si jamais vous vous réveilliez avant lui, se sent-il obligé de me préciser.

Ainsi, Nate avait anticipé ma réaction. Comment ? Pourquoi ? Ou peut-être s'était-il imaginé que je me réveillerais plus tôt que lui pour aller travailler ? Je préfère de loin imaginer cette option plutôt que celle où Nate prévoie ma fuite post-coïtale. Mon malaise est quand même bien présent quand je réalise qu'Alec a en tête le déroulement de ma nuit avec son employeur. L'envie de me confondre en excuses m'accable, mais je reste muette. Prétexter une quelconque réunion de travail me ferait passer pour une imbécile.

Perfectly Imperfect (Imperfection #1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant