18. Réticence et Omission

15.6K 1.3K 168
                                    



Réaliser que je suis déjà plongée jusqu'au cou dans les sables mouvants de l'amour me fait l'effet d'un violent électrochoc. Et en même temps, je ne suis pas surprise. Depuis des semaines, ma voix intérieure m'a mise en garde contre ce qui allait inévitablement arriver sans que, pour autant, je ne puisse lutter. Comment combattre une attirance et des sentiments naissant quand votre plus grand fantasme n'arrête pas d'apparaître sous vos yeux ? C'était une mission vouée au plus grand des échecs. Mais je n'ai pas été une combattante redoutable, trop heureuse de tomber sous son charme ; envoûtée pour la toute première fois.

Nate me sourit et mon ventre se tord douloureusement de plaisir. Il sait qu'il a visé en plein dans le mile avec ce cadre idyllique et ce pique-nique romantique. Même la météo semble être de son côté, songé-je en sentant une douce brise d'air m'ébouriffer les cheveux et le soleil réchauffer mon visage. Notre barque se rapproche de la rive. Il enlève ses chaussures et retrousse son pantalon avant de sauter par-dessus bord. Je m'apprête à l'imiter tout en priant les cieux pour avoir ne serait-ce que le quart du millième de sa classe.

— Ne bouge pas, je vais tirer la barque pour que tu n'aies pas à mouiller tes vêtements, m'annonce Nate tout en se déplaçant derrière moi.

Il nous pousse de toutes ses forces jusqu'à ce que notre embarcation racle le sol. Quand je suis sûre que tout est stable, j'ose enfin me relever. Plaçant ses mains au niveau de ma taille, Nate me soulève avec galanterie et une aisance qui atténue quelque peu ma gêne. J'ai toujours scrupuleusement évité qu'un homme ne me porte, de peur de l'entendre étouffer un juron alors que son dos se brise sous mon poids. J'imagine que je n'avais pas encore rencontré celui qui saurait me mettre autant en confiance.

— Alors ? me demande-t-il en scrutant mon visage comme pour y sonder toutes ses expressions. Qu'est-ce que tu en penses ?

Je lui accorde un sourire en coin, car lui comme moi sommes conscients qu'il a réussi son petit effet. Pour la première fois de ma vie, un homme me courtise dans les règles de l'art tant et si bien que j'ai l'impression d'être l'héroïne d'une comédie romantique.

— J'en pense que tu as l'air très satisfait de toi, lui lancé-je sur un ton taquin. Mais tu as des raisons de l'être, m'empressé-je d'ajouter quand je constate qu'il écarquille des yeux inquiets. C'est mignon à souhait.

Nous sommes littéralement seuls au monde. Sans employés, villageois ou potentiels paparazzis pour nous interrompre. Il n'y a pas besoin de se retenir ou de regarder autour de soi pour vérifier que personne ne nous épie. Savoir que je peux me montrer aussi spontanée que je le désire me rend presque euphorique. Incapable de contenir mon enthousiasme plus longtemps, j'entrelace mes doigts aux siens, la peau de sa paume légèrement rugueuse est chaude contre la mienne. Ses doigts se referment sur les miens. Il est surpris que j'initie un contact physique avec lui et ne s'en cache pas.

— Tu me fais visiter ? lui demandé-je pour le sortir de sa subite torpeur.

— Avec plaisir.

À vrai dire, la visite est assez rapide. La surface de ce petit îlot n'est pas gigantesque et la seule habitation présente est le cabanon de Nate. Deux grands arbres très feuillus nous offrent un peu d'ombre. Leurs branches s'entrecroisent, s'enroulent les unes aux autres, de sorte qu'elles donnent l'impression de se tenir par la main pour nous offrir un petit abri.

— Qu'est-ce que tu trouves amusant comme ça ? me questionne Nate en notant le petit sourire que j'ai aux lèvres.

— C'est la première fois que je vois des arbres pareils. Ça donne un côté très ro...

Perfectly Imperfect (Imperfection #1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant