9. Remember, remember...

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Il y a des choses que j'ai toujours souhaité oublier, mais que mon cerveau a obstinément refusé d'occulter.

Étonnamment, ce matin-là semble être une exception. Mais peut-être que l'énorme mal de crâne avec lequel je me réveille y est pour quelque chose. J'ai la bouche pâteuse et certainement une haleine à réveiller les morts. Je me sens encore nauséeuse. La lumière qui filtre à travers mes fenêtres a l'effet d'un laser brûlant mes rétines.

Je n'ai absolument aucune idée de l'heure qu'il est et pendant un quart de seconde je panique en me demandant même quel jour nous sommes. Je ferme à nouveau les yeux pendant de longues minutes, la tête enfouie dans mon oreiller, allongée sur le ventre, molle, alors que chaque petit bruit alentour semble se répercuter dans ma boîte crânienne vidée de tout contenu.

Je réalise peu à peu que je souffre de ma première gueule de bois carabinée et ce n'est pas un sentiment des plus plaisants. Je finis par me faire violence en ouvrant d'abord un œil.

12 : 37, indique mon réveil.

La vache ! Ça fait belle lurette que je ne me suis pas levée aussi tard. Avec une lenteur ridicule, je finis par me redresser sur mes coudes, puis repousse mes cheveux tombant en travers de mon visage et regarde autour de moi. Miraculeusement, le sol ne tangue pas ou en tout cas, bien moins qu'hier.

Plus jamais je ne sortirais avec Anja, cette fille vous pousse bien plus au-delà de vos limites... et mes limites ont été dépassées à partir de ce deuxième verre que je n'aurai jamais dû ingurgiter. Avec difficulté, je me relève doucement et fronce les sourcils en constatant que mes vêtements ont été jetés un peu partout sur le sol de ma chambre.

Je balance mes pieds sur le côté et découvre mes jambes ainsi que mon ventre nus, ma petite culotte m'ayant seule accordé le grand plaisir de rester en place.

Oh punaise ! s'écrie une voix dans ma tête alors que mes deux bras se rabattent violemment sur mon corps. Je suis en sous-vêtements dans ma chambre ! J'ai dormi en sous-vêtements ! Je ne dors jamais en sous-vêtements, parce que je sais que Quino pourrait débarquer à n'importe quel moment ici. J'ai beau me triturer l'esprit, je n'arrive pas à savoir comment j'ai pu en arriver là. Hier soir était la première – et dernière – fois que je buvais autant, je ne sais absolument pas de quoi je suis capable quand je suis complètement saoule et ma mémoire me trahissant lâchement ne m'aide pas à calmer la panique qui bouillonne en moi.

— Tu n'as rien fait de mal, Adelia, essayé-je de me rassurer à voix haute. Tu as dû avoir chaud, c'est pour ça que tu es à moitié à poil. Pas de quoi se monter la tête, hein !

Et pourtant je ne peux m'empêcher de m'imaginer une scène irréelle où je danse sur du Britney Spears, debout sur le bar, mon top tournant au-dessus de ma tête. J'aimerai pouvoir me convaincre que jamais je ne serais capable de faire ça. Pourtant cela m'est impossible parce que l'alcool est connu pour annihiler les inhibitions et dans mon cas, je ne sais pas à quel point il est efficace. Certains diront que oui, l'alcool désinhibe, mais pas au point de pousser sur une voix contre nature... malheureusement j'ai vu de mes propres yeux Quino, le garçon le plus timide de cette Terre, rouler des pelles à des filles à qui il n'avait même pas adressé la parole. Si lui est capable d'un tel acte quand il se trouve dans un état second, Dieu seul sait ce que moi j'ai pu faire.

Perfectly Imperfect (Imperfection #1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant