Quand je la vis tomber, mon peu de force qui jusqu'à présent tenait, s'effondra. Tous mes moments que j'avais passés avec elle défilaient devant mes yeux. On se croirait dans une série où les héros meurent.
Non, non. Je. Ne. Je devais. Pas. Dire. Ça.
Oui, elle allait vivre, elle le devait, elle ne pouvait pas me laisser comme une vieille chaussette sans vie dans un vieil hôpital où les médecins ne sont même pas capables de venir à temps pour sauver la vie de leurs patients.
Leurs Patients, ils ne pouvaient pas se le permettre. Pourtant, ils avaient osé.
Une terrible rage me fit trembler de colère et tout mon corps fut pris d'une violente secousse. Je me dis que c'était sans doute le quart de ce qu'elle devait endurer. Même pas.
J'entendis de grands pas dans le couloir. Mathias franchit le seuil de la porte en premier, suivi de près par des médecins affolés.
Je restai immobile près de Maé en lui caressant les cheveux, les yeux embués de larme qui coulaient lentement sur mes joues.
Une jeune femme me tapota l'épaule me demandant de sortir, une soudaine poussée de rage me fit bondir, ce sont mes pieds et je me jetai sur l'infirmière qui poussa un cri.
Mathias me bloqua les bras et m'entraina dans le couloir. Une vive douleur me compressa la poitrine tel un poignard tranchant.Il me lâcha et je portai ma main à mon poumon droit sous le regard de mon ami.
Je relevai la tête et je vis rouge, je m'apprêtais à renter dans la chambre et laisser la rage s'exprimé, mais Mathias me barra le passage.
- Mec, qu'est-ce que tu fous, sérieux ?
- S'ils étaient arrivés à temps, dis-je en gémissant de douleur et de tristesse
- Et, regarde-moi, tous vont bien.
- Non, TOUS NE VONT PAS BIEN, NON ! SI TOUS ALLAIT BIEN, MA COPINE NE SERAIT PAS PAR TERRE EN TRAIN DE FAIRE UNE CRISE D'ÉPILEPSIE ! Donc, JE SUIS DÉSOLÉ DE T'ANNONCER ÇA MAIS TOUS VA MAL ! MAL MATHIAS TU ENTENDS ÇA !
Sûr se, je fondis en larme en maudissant toutes les maladies, les médecins, hôpitaux et ces fichus poumons qui ne me laissaient pas en paix depuis mon accès de colère. Je me pliai en deux sous l'effet de douleur.
- Hé, ça va ?, me demanda Mathias
- Oui, c'est bon, ça va, lui répondis-je sèchement
Je me laissai glisser contre le mur froid en face de notre chambre et observa les rythmes cardiaques de Maé ralentirent de plus en plus.
Je cachai mon visage dans mes mains et éclata en sanglots. Mathias renifla de façon plus régulière. Il doit sans doute pleurer lui aussi.
C'est vrai, Maëlys était aussi son ami.
Non, je ne dois pas utiliser le passé. Dans ma tête, les deux partis adverses se tapaient leur meilleure passe. Mon esprit allait d'un « ça va aller » à un « mais non idiot, ouvre les yeux un peu ». Cette partie commença à prendre peu à peu le dessus.
Je m'efforçai de me concentrer sur le bip du moniteur cardiaque. Je calai ma respiration sur ce sont là. Une idée franchement pas incroyable, car je dus reprendre mon souffle au bout de trois minutes. Si je ne tenais même pas trois minutes, combien de temps, elle, alla-t-elle tenir ? Le plus de temps possible.
J'en étais persuadé. J'ai senti le tapotement de Mathias sur mon épaule. « On nous demande de bouger » Je hochai la tête lentement. Il me prit par les épaules et m'emmena loin de Maé.
Je tentai de résister, mais Mathias était beaucoup plus musclé et fort que moi. Il m'entraina donc dans le hall. Nous nous assîmes sur un grand canapé beige.
- Bon, je sais que je ne suis pas doué en câlin et tous mais ce que je ne ferai pas pour toi.
Il m'enlaça fermement et me murmurant « ça va aller » à l'oreille. Je me forçai à hocher la tête. Ce devrait être Maé qui devrait être à la place de mon ami. Mais non.
- Si seulement j'avais pu me rendre compte qu'elle allait mal, murmurai-je
- Et non, tu ne vas pas commencer, cela ne sert à rien de revenir sur le passé. Vraiment pas. C'est vrai, quand on est au courant, tout le monde aurait pu se rendre compte qu'elle n'était pas bien. Donc si l'on suit ta logique, tout le monde est coupable, me rassura Mathias
- Je suis vraiment désolé, j'ai tout gâché, sanglotai-je en sentant les larmes remonter.
- Non, n'arrête pas toi aussi s'il te plait, sinon je serai seul pour pleurer. C'est toujours plus facile de pleurer à deux. Après, j'aurai l'air d'une victime.
- Très drôle.
Il réussit quand même à m'arracher un sourire qui ne tarda pas à s'envoler aussi vite qu'il était arrivé. C'est-à-dire très vite pour ceux qui n'avaient pas compris.
La vie reprenait petit à petit, heure par heure et personnes n'étaient visiblement inquiets par l'état de Maé.
Les médecins me rassuraient en me disant que tous allaient bien, mais non. Je le voyais bien. Ces gens-là sont mauvais, ils essayent de nous rassurer du mieux qu'ils peuvent et quand ils ont fini leurs services, ils filent à la banque pour retirer leur salaire.
On m'avait déménagé de chambre. J'étais maintenant à une vingtaine de mètres de mon ancienne, à une vingtaine mètres de Maé. Je lui rendais visite le plus possible.
Les médecins étaient intransigeants sur les heures de visites.
En plus, mes parents se sont plaints à la directrice que je souffrais de dépression, bien sûr, et que je m'ennuyais. Résultat, je devais aller au lycée. Le lycée de l'hosto, pas celui dehors.
Cela me manquait, l'air frais et pas celui artificiel que l'on nous a fait respirer toute la journée pour nous faire vivre. Le ciel, les bruitages, la pluie sur ma peau...
Tout cela me manquait vraiment. Bientôt sept mois que je suis ici et que l'on me garde enfermé avec des promesses qui, tout le monde le sait, ne se réaliseront peut-être, sans doute même, jamais.
Le premier mois était sympa, tout le monde était aux petits soins avec moi, on m'offrait des cadeaux, j'avais des visites...
Alors que maintenant, je suis un ancien, un habitué, un gamin qui va soit passer le restant de sa vie dans ce vieil hôpital, soit crever lamentablement. Pitoyable non ?
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Jour pour jour
Teen FictionMaelys, une jeune femme de 17ans se retrouve un jour dans un hopital ayant perdue tous repères, elle a été renversé par une voiture puis se réveille dans se lit blanc. Pour seul compagnie, un jeune homme blond qui se tient à ses côtés en la regardan...