Chapitre 13 : Cam : Désespoir

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- Camille ?

- Qu'est-ce que tu fous là ?, le questionnai-je, étonné

- Je te retourne la question.

- De toute façon, j'y allais.

Je me levai et sèche mes larmes avec ma manche. Je passai le seuil de la porte devant un Théo qui me regardait avec un léger fondement de sourcils.

- Si tu pouvais garder ça pour toi.

Il hocha la tête.

Je gardai le silence durant le retour vers ma chambre. Je tâte ma poche de jean pour saisir mon portable mais ne trouva que le tissu.

- Merde, soupirai-je en me passant une main sur le front.

J'avais dû l'oublier dans la chambre de Maé.

Je fis demi-tour et repartis en courant vers la chambre. Enfin en courant pour un mec cancéreux donc courir pour moi veut-dire marcher un peu vite. Et encore.

Je m'apprête à entrer quand j'entends une voix.

– ... Pouvez forcément faire quelque chose, vous devez !, dit une voix d'habitude si douce et aimable, la mère de Maé

- S'il vous plait, calmez-vous madame.

- COMMENT VOULEZ-VOUS DE JE ME CALME ! VOUS ETES ENTRAIN DE ME DIRE QUE MA FILLE NE REVIENDRA JAMAIS !, s'écria Christelle Autamps

 - Je n'ai pas dit ça, soupira le docteur Jolie, je vous ai dit que même si elle se réveillait, il y aurait de très grandes séquelles.

Je m'effondrai contre le mur bleu du couloir, une main portée au cœur. Ça faisait mal, vraiment très mal.

La porte s'ouvrit sur le docteur Jolie qui m'aperçut directement.

- Camille, tu vas bien ? me demanda-t-elle, en s'agenouillant pour être à ma hauteur

- C'est vrai alors, elle ne reviendra pas ?

Elle répondit avec un triste signe de la tête. Un signe de haut en bas. Oui. Je me levai brusquement, ce qui me valut une nouvelle douleur à la poitrine et courut dans le couloir.

Cette fois, je courrai vraiment. Je m'enfermai à double tours dans la chambre et je marchai sur un paquet tout dur. Je me penchai et l'ouvre.

Mon téléphone, Théo a dû me le remmener. Je le jetai sur mon lit et je précipitai sur mon mur, ce qui va me valoir un bleu demain, bien fait pour moi.

J'ouvre mon armoire et je renverse tous mes vêtements par terre. Le gosse qui était avec moi était parti et tant mieux. Un objet blanc tomba plus lentement, car c'était une enveloppe très légère. Je savais ce que c'était. La lettre de mes parents.

Je m'assis sur le lit et l'ouvris en silence, une grimace sur la figure, me préparant au pire.

« Camille,

Je t'écris cette lettre au cas où ton père ne pourrait pas te l'annoncer en personne, car tu aurais piqué une crise ou je ne sais quoi. Si tu l'as lu, cela veut dire que tu as effectivement fait ton petit sketch.

Je levai les yeux au ciel. Même dans ses lettres, elle était toujours aussi froide et reloue.

Bref, je voulais juste t'informer que j'étais enceinte de deux mois.

Bien à toi, Ta mère, Audrey »

Je restai figé et pour la troisième fois de la journée, des larmes glissèrent sur mes joues. Enceinte.

Je déchirai la lettre en gémissant. Ils le savaient eux aussi. Que c'était bientôt la fin pour moi, on les avait prévenus. Et maintenant, ils allaient faire naitre un enfant pour qu'ils ne soient pas seuls. Un enfant qui naitra peut-être sans même me connaitre.

Il apprendra vers dix, onze ans qu'il avait eu un grand frère qui est mort d'un cancer, mais il s'en foutra complètement, car mes parents lui auront donné la pire éducation possible.

Ils espéraient sans doute que cet enfant soit normal. Je me roulai en boule sur mon lit et je m'endormis mon visage baigné de larmes.

Cette nuit-là, je rêvai de Maé, encore, qui me tendait la main et qui m'embrassa sur la joue avec de partir. Les rêves étaient les seuls endroits où je pouvais la voir comme avant. Souriante, belle et pleine d'énergie. Elle me manquait atrocement.

Je me réveillai dans une chambre propre et rangée. La femme de ménage avait surement tout rangé dans la nuit. Je me levai avec une atroce douleur à l'épaule et je souviens d'hier. Sur mon bureau était posé la lettre de ma mère écrite au stylo plume noir, reconnaissable avec ces grandes lettres calligraphiques. Quelqu'un avait rassemblé les morceaux et les avaient scotchés ensemble. En haut de la carte, le blason de la famille De Roche. Un aigle.

Je l'enflerai des bouts de mes doigts rouges et gonflés.

En soupirant, je suis allé dans la salle de bain pour me doucher et me brosser les dents sans personnes, pour la première fois depuis mon arrivée ici. Je crois que j'ai pris la douche la plus longue de tous mon existence. Je pense que j'ai dû vider tout le ballon d'eau chaude de l'hôpital.

 Et puis bon, je m'en fous.

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