Chapitre 15 : Cam : Vérité

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17h36 - Rien de particulier.

Après la visite à Maé, j'aurais juré que ses paupières avaient frémi. J'ai attendu, longtemps.

En vain.

Je ne peux m'empêcher de prendre en compte le visage blasés des médecins qui traversent le couloir bleu de nos chambres. Je commence vraiment à perdre patience.

Je ne me suis jamais senti aussi seul et isolé depuis le début de mon séjour ici. Depuis le début de ma vie même.

Je ne sors plus, pas de nouvelles positives ou négatives de ma mère, de Maé... Ils vont tous finir par disparaitre de ma vie. Comme les autres à vrai dire.

Depuis l'accident de Maé, je suis devenu parano.

A chaque douleur à la poitrine, je vois la mort venir me chercher. Mais le matin, quand mes paupières s'ouvrent, je suis là. Parfois, je veux qu'elle vienne, je veux partir, m'enfuir et fuir tous mes problèmes. Se serait plus facile pour tout le monde. Surtout pour moi. Je me trouve insupportable. La dépression pointe son nez. Je suis au bord là. Vraiment au bord. Et puis si la mort ne vient pas, je vais devoir trouver une autre possibilité.

J'ai longtemps luté contre, je voulais rester en vie, me battre. Il y a quelque temps, je résistais pour ne pas laisser la mort gagnée. Pour ne pas me laissait vaincu. Maintenant, je reste pour une seule chose, une seule personne.

De temps en temps, je sens mes forces me quitter, petit à petit. Lentement et douloureusement. Je crois encore moins les docteurs qui disent que ça va aller, qu'il y a de l'espoir. Moi, l'espoir, je m'en fous, je veux du vrai. D'ailleurs, ça fait longtemps que j'en ai plus, de l'espoir. Se ce n'est pas la première fois que l'on me l'a fait celle-là.

Mon réveil sonne, je me force à sortir une jambe de mon lit.

Ça me casse les couilles, non vraiment, je fais dire les choses comme elles sont maintenant.

Je reste encore quelques instants à contempler le plafond, mais l'alarme de mon téléphone sonne encore. Je ne suis pas d'accord avec ça. Laissez-moi dormir putain.

Avec un grand effort surhumain et un long soupirent, je sors complètement de mon lit et va éteindre cette sonnerie insupportable. Action qui me provoque un nouveau crissement à la poitrine assez désagréable. Mes traits de visage se tordirent en une expression de douleur. J'aurais pu m'en passer.
Je fixe le bouton d'appel à utiliser en cas d'urgence. J'hésite. J'hésite vraiment. Je me focalise sur le mur d'en face en inspirant et expirant lentement.

J'allume mon écran de portable et je m'aperçois que ce n'est pas une sonnerie, mais des cris provenant du couloir.

Je soupire et me lève en enfilant un vieux jogging. D'un pas chancelant, je sors dans le couloir.

Là, par terre, la mère de Maé, en pleurs, contre le mur bleu pastel.

C'est là que j'ai dû me faire à la triste vérité : Elle était morte, Maëlys Autamps était morte. La personne que j'aimais et chérissais le plus. La vie me l'avait enlevé, retirer, ôter.

Quand Christelle me vit, elle se leva d'un bond et courut vers moi.

- Camille, c'est Maëlys, ça y est, elle...

Trop tard. J'avais résisté trop longtemps. Je m'effondrai dans les bars de Christelle, commençant à éprouver la terrible sensation que j'essayais, sans grand succès, d'imaginer depuis quelques mois. Le manque d'oxygène.

J'ouvris la bouche et essaie de chercher, cette dernière bouffée d'air. En vain.

J'ai essayé, vraiment, surtout quand j'ai vu une belle silhouette au bout du couloir, dans l'encadrement de la porte.

J'avais lâché trop vite. Ma vue se brouillait de larmes et je me suis endormie pour un long voyage avec la meilleure des fins.

Je vous assure que voir la personne que vous avez aimé le plus en vie et bonne santé avant de mourir et vraiment la plus belle des fins.

Le voilà le cadeau de la vie.




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