Nous ne restâmes pas aussi longtemps que je l'aurais voulu. Jeremiah m'accompagna pendant toute la visite. Moins d'une heure plus tard, sentant que je faiblissais, je demandai à aller sur la plage avant de ne plus pouvoir tenir debout. Il accepta, mais abrégea la promenade quand il me vit trébucher et, malgré toutes mes couches de vêtements, être prise de tremblements. Il me promit que je reviendrai quand je serais guérie ou qu'il ferait moins froid. Je le crus sur parole.
Je dormis pendant presque tout le vol de retour jusqu'à New-York. Je ne m'éveillai qu'à l'arrivée. Fidèle à sa promesse, Jeremiah ne me quitta pas un instant. Les formalités douanières accomplies, nous montâmes dans une limousine qui prit une direction inconnue - de moi, en tout cas. J'appuyai ma tête sur l'épaule de Jeremiah, dont la main serrait un peu ma cuisse. Même si ce geste n'avait rien de sexuel, j'en perçus le côté possessif, qui ne me dérangeait pas.
Remarquant de belles demeures à travers la vitre, je me mis à regarder le paysage. Quelques rayons de soleil transperçaient les nuages et se réfléchissaient sur l'eau d'une marina que nous longions. De grands voiliers et des yachts y étaient amarrés.
- Où allons-nous? finis-je par demander.
- Mon loft de Manhattan est trop connu pour que vous y soyez en sécurité. La maison de famille des Hampton conviendra mieux jusqu'à ce que nous ayons résolu cette sombre affaire.
La dernière phrase avait été littéralement grommelée, et cela me fit avaler ma salive. M'intéressant de nouveau aux villas - aux gigantesques propriétés, devrais-je dire -, j'essayai de ne pas penser au tour qu'avait pris ma vie depuis peu.
Excepté leur taille et leur standing, les maisons qui défilaient n'avaient presque rien en commun. Je n'étais jamais venue dans ce coin de Long Island, ni d'ailleurs dans aucune des riches banlieues new-yorkaises, mais des amis m'en avaient parlé et j'en avais vu des images à la télévision et sur Internet. De nombreuses propriétés étaient dotées de pontons et d'immenses espaces verts soigneusement entretenus. Implantées sur la rive, les plus anciennes reflétaient une atmosphère familiale très joyeuse - et une opulence évidente. On était loin de Manhattan, qui n'était pourtant qu'à deux heures de route.
La maison vers laquelle notre voiture se dirigea était tout aussi imposante que ses voisines, mais moins avenante. Au portail, la petite armée de gardes qui nous demanda de baisser les vitres ne fit rien pour calmer mes inquiétudes. Mais Jeremiah paraissait très satisfait de ces mesures de sécurité.
- C'est toujours comme ça? demandai-je, tandis que les hautes grilles s'ouvraient.
- J'ai dit à Ethan de placer ici quelques hommes dont il n'avait pour l'instant pas besoin afin de surveiller les lieux. La plupart d'entre eux sont d'anciens militaires qui savent à quoi s'attendre.
- Oh! murmurai-je, ignorant comment réagir. (mon patron possédait sa propre armée) C'est, euh... super.
L'allée était bondée de haies et d'arbres qui cachaient la demeure. Après un virage à droite, soudain je la découvris et retins mon souffle. Etant née dans une famille de la bourgeoisie, j'avais grandi dans une maison jolie, mais plutôt modeste (avant que la banque me la reprenne à la mort de mes parents). Elle aurait pu tenir dans la moitié de la bâtisse, ce qui me laissa sans voix. Je sentis que Jeremiah observait mes réactions. J'aurais sans doute dû dire quelque chose, mais j'avais l'esprit vide. Cette demeure m'évoquait un château anglais tout en pierre de taille et en lierre. Il était protégé des regards des voisins par des arbres et des taillis. Au-delà du bâtiment principal, le terrain descendait doucement vers l'eau; on y distinguait des dépendances qui, même si elles étaient grandes, n'avaient pas sa somptuosité.
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tout CE QU'IL VOUDRA l'intégrale
RomanceAuteur: SARA FAWKES TOME 1 Le poste d'intérimaire de Lucy dans une grande entreprise new-yorkaise n'est pas le job de ses rêves, mais il lui permet de payer ses factures. Le point culminant de sa journée? Prendre l'ascenseur le m...