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Le soleil était haut quand je me réveillai, plus reposée que jamais depuis mon empoisonnement au champagne. Je m'étirai sous la couverture, avant de l'écarter et de me lever. Au pied du lit, une serviette et un peignoir avaient été posés, ainsi qu'une valise grise qui devait m'appartenir. Mon estomac gargouilla, me rappelant que je n'avais pas mangé avant de me coucher. Je descendis au rez-de-chaussée dans l'espoir d'y trouver Jeremiah.

Malheureusement, c'est Ethan qui se tenait au bas de l'escalier, juché sur un tabouret de bar qui détonait dans ce hall d'entrée. A mon arrivée, il se leva.

- Bonjour!

- Bonjour, répondis-je, réservée.

Ne sachant pas quelle attitude adopter, je le contournai pour gagner la cuisine. Jeremiah n'était pas là non plus. Malgré les vitrages opacifiés, la pièce était baignée de lumière.

- Quelle heure est-il? demandai-je, un peu surprise.

- Neuf heures et demie, m'annonça Ethan après avoir regardé sa montre.

- Quoi? Neuf heures et demie du matin? Mais combien de temps ai-je dormi?

- Environ seize heures.

Pas étonnant que je me sente tellement en forme! Respirant un grand coup, j'inspectai le contenu du réfrigérateur.

- Où est Jeremiah?

- Il suit plusieurs pistes. Il est parti il y a deux heures à peu près.

Je jetai un regard discret à Ethan tout en posant une brique de lait sur le plan de travail.

- Et il vous a laissé ici pour veiller sur moi?

Il acquiesça. Je contenais ma déception. Que j'étais bête! Jeremiah n'avait pas voulu me réveiller, c'est tout. Mais je me souvenais de sa froideur de la veille, et cela me perturbait. J'avais une envie folle qu'on me prenne dans les bras et qu'on me dise que tout allait bien.

Rien n'allait bien. J'avais du mal à l'intégrer. J'essayais de contenir mon impatience; j'ouvris un placard. Chaque chose en son temps.

Un moment plus tard, je grignotais des céréales tout en regardant mon garde du corps lire son magazine sur les armes. Il faisait mine de ne pas me voir et, régulièrement, tapotait sur son oreillette: j'en conclus qu'il était en liaison avec ses hommes, dehors. Je le dévisageai un instant, puis pointai ma cuillère vers lui.

- Votre femme m'a dit que vous aviez été ranger en même temps que Jeremiah.

Ethan articula un vague acquiescement sans lever le nez de son magazine. Encore un taciturne. D'ailleurs, je repensai à notre trajet entre l'aéroport et le Ritz, à Paris. Il avait gardé le silence presque tout le temps. Je choisis une autre approche.

- Comment avez-vous été blessé à la jambe?

- Une mission qui a mal tourné.

- Vous étiez avec Jeremiah?

- Non, il avait déjà quitté l'armée.

- Pourquoi?

- Son père était mort.

Obtenir des réponses était aussi dur qu'arracher une dent. Enfin, il acceptait de parler. Alors j'insistai.

- Qu'est-ce que faisait Jeremiah chez les rangers?

- Tireur d'élite.

Je sursautai. Vraiment? Je m'accordai une minute pour digérer l'information, avalai quelque cuillères de céréales, puis repartis à l'assaut.

tout CE QU'IL VOUDRA        l'intégraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant