16 - Le prétendant

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Au manoir des Malefoy, la voix stridente de Bellatrix continuait de retentir dans le salon :

– Aidez-moi, bande d'imbéciles ! Regulus est blessé !

Bellatrix semblait totalement paniquée : si elle ne manquait jamais d'imagination pour faire souffrir ses ennemis, en revanche, devoir prendre soin de quelqu'un la prenait totalement au dépourvu.

Regulus, étendu sur le tapis, arrivait à peine à ouvrir les yeux. Entre ses paupières entrouvertes, il voyait les lumières dansantes provenant du lustre suspendu au-dessus de sa tête, et quelques ombres penchées sur lui.

– Allez, remuez-vous ! Je vous dis qu'il risque de mourir ! cria la voix de Bellatrix.

Mourir ne lui paraissait pas une issue si abominable, si cela pouvait mettre fin à la douleur lancinante qui montait le long de l'épaule droite – celle qui avait émis un horrible craquement lorsqu'il avait atterri près des Tentagriffes – et celle, encore plus insupportable, qui lui lacérait le bras gauche. Malgré le fait que Bellatrix l'ait débarrassé des Tentagriffes, Regulus avait l'impression que le tentacule épineux était toujours enroulé autour de son bras, et rentrait de plus en plus profondément dans sa chair. Il aurait préféré que son bras soit arraché, plutôt que d'avoir à ressentir cette douleur qui ne faisait que s'amplifier.

Autour de lui, il entendait de nombreuses voix, et des pas qui s'approchaient avec curiosité.

– Ce sont les Tentagriffes qui lui ont fait ça ? demanda une voix féminine et hautaine.

– Oui, gémit Bellatrix.

– Ne t'en fais pas, nous allons le soigner, dit une voix plus douce. Emmenons-le dans la salle de bains.

Regulus reconnut la voix de Narcissa. Il sentit qu'on lui touchait le bras, sans doute pour le porter ; mais la douleur s'intensifia brutalement, et il poussa un long gémissement.

– Oh...

– Les épines de Tentagriffes sont pleines de venin, dit une voix faible et lointaine. Le pauvre, il doit souffrir le martyre... C'est une des pires douleurs qui soient.

Regulus reconnut la voix de Daisy, la meilleure amie de Narcissa. À en juger par sa voix tremblante, elle non plus n'était pas très en forme.

– Daisy, repose-toi, lui ordonna doucement Narcissa.

– Et il n'y a pas d'antidote ? demanda fébrilement Bellatrix.

– L'essence de Murlap peut soulager, dit Daisy.

– L'essence de Murlap ! Nous en avons sûrement ici...

– Malheureusement non, dit une voix glaciale.

Regulus entrouvrit les yeux, et aperçut le scintillement du pommeau argenté de la canne d'Abraxas Malefoy. Ce dernier l'observait avec mépris, comme si Regulus n'était qu'un vulgaire tas de détritus. Et aussitôt, Regulus fut persuadé qu'il mentait.

– Non ? s'indigna Narcissa. Allons, vous préparez des potions à longueur de journée, avec des ingrédients aussi compliqués les uns que les autres... Vous avez forcément de l'essence de Murlap quelque part !

– C'est malheureux, mais il ne m'en reste plus une seule goutte, poursuivit la voix glaciale d'Abraxas Malefoy en détachant soigneusement chaque mot du précédent. En revanche, il serait temps de retirer ce jeune homme du tapis. C'est une pièce qui me vient de mes ancêtres, et je ne voudrais pas qu'une tache de sang...

– Eh bien, donnez-nous un coup de main, au lieu de nous regarder bêtement ! le houspilla Bellatrix.

– Que s'est-il passé ? demanda alors une voix que Regulus connaissait parfaitement.

Secrets de Serpentard (II) : Le Pensionnat WimbleyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant