15 - La fureur des trois Crabbe

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Encadré par les deux jumeaux Crabbe, Hector et Rascus, Lucius ne prenait pas encore part au combat. Tous les trois rendus invisibles par un Sortilège de Désillusion, ils flottaient une dizaine de mètres au-dessus du sol, perchés sur leurs balais respectifs. Ils survolaient l'arrière du pensionnat Wimbley, où ils avaient vu Eleanor et son frère disparaître.

En-dessous d'eux, les combattants étaient moins nombreux : seuls quelques Aurors s'étaient postés là pour repousser les éventuels Mangemorts qui auraient réussi à franchir les premières lignes. Certains surveillaient le ciel avec attention, aux aguets ; d'autres dressaient des Sortilèges de Protection supplémentaires autour des murs du pensionnat. Il fallait progresser doucement, car un mouvement trop brusque pouvait générer un miroitement visible par les Aurors et les faire repérer...

Lucius parcourait anxieusement le terrain des yeux. Il sentait de grosses gouttes de sueur froide couler le long de sa colonne vertébrale. Il fallait qu'il trouve Eleanor Wimbley, et qu'il la tue, il n'avait pas le choix. Sinon, il subirait le châtiment du Seigneur des Ténèbres... Et pourtant, à cet instant, Lucius redoutait encore davantage d'apercevoir sa cible...

Ses mains moites se crispèrent sur son balai. Il venait de reconnaître la tenue violette, la peau noire et les cheveux crépus d'Eleanor Wimbley. Elle était là, en partie dissimulée par les Tentagriffes, accroupie à côté de son frère recroquevillé sur le sol, qui plaquait ses mains sur ses oreilles en gémissant.

– Je... Je la vois, murmura Lucius à contrecœur. Là, en bas, près des Tentagriffes... Avec son frère.

Les deux jumeaux Crabbe ne réagirent pas avec l'enthousiasme attendu. Depuis leur départ du manoir, Lucius avait la désagréable impression qu'ils échangeaient des regards entendus derrière son dos.

Ils se rapprochèrent discrètement, tous les trois alignés. En tendant l'oreille, ils distinguaient les mots qu'Eleanor prononçait, d'une voix étrangement calme et assurée :

– Erik... Viens par-là, mon ange. Ne t'en fais pas, nous allons nous mettre à l'abri, en bas... Nous allons nous cacher, et tout ira bien.

– Vas-y, Lucius, siffla Hector Crabbe. Fais-le ! Ou bien je m'en charge moi-même !

Lucius ne le voyait pas, mais il sentait sa présence menaçante à côté de lui et pouvait très bien imaginer sa baguette tendue vers leur cible. Crabbe l'aurait tuée sans hésiter, c'était tout à fait certain.

– Je... Oui, bredouilla Lucius en levant sa baguette.

Sa main tremblait terriblement. Il ne parvenait pas à expliquer ni la peur qui lui tenaillait le ventre, ni la réticence qu'il éprouvait à l'idée de commettre ce crime. Il détestait cette femme, du plus profond de son être... Son père avait toujours souhaité sa perte, et tout ce que son père souhaitait, Lucius le souhaitait aussi... Et maintenant, elle était à sa merci, sans défense ; il suffisait de prononcer le sort... Deux petits mots, et tout serait terminé... Il aurait gagné la confiance de Lord Voldemort, et du même coup, la fierté de son père... Il lui suffisait d'ouvrir la bouche, et il obtiendrait ce dont il rêvait depuis toujours ; et pourtant, cette épreuve lui semblait insurmontable...

– Hé !

L'un des Crabbe venait de le bousculer violemment ; il avait bien failli en lâcher sa baguette.

– À quoi vous jouez, nom de nom ?

– Hector ! Reviens ! siffla la voix furieuse de Rascus Crabbe.

En regardant au loin, Lucius comprit ce qui avait provoqué ce brusque changement d'attitude : à une cinquantaine de mètres d'eux, là où la bataille faisait rage, on pouvait apercevoir un jeune homme blond qui se démenait aux côtés d'Alastor Maugrey et d'Adam Claring.

Secrets de Serpentard (II) : Le Pensionnat WimbleyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant