18 - Les Maraudeurs

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Depuis l'endroit où il prenait son petit-déjeuner, Remus regarda James entrer dans la Grande Salle avec un mélange de soulagement et d'agacement. Visiblement, les récents évènements n'avaient pas été suffisants pour bousculer ses habitudes : malgré les circonstances tragiques, son ami avait tout de même pris la peine d'ébouriffer soigneusement ses cheveux noirs, afin de se donner l'air encore plus séduisant qu'il ne l'était déjà. Il marchait d'un pas délibérément nonchalant, et son écharpe rouge et or était enroulée autour de son cou avec une négligence parfaitement maîtrisée.

Cette démarche coquette était tout à fait habituelle, bien sûr, mais elle n'en discordait pas moins avec l'atmosphère chagrinée qui régnait à Poudlard. À vrai dire, on y avait rarement vu un Noël aussi sinistre ; même les décorations suspendues à l'immense sapin de Noël semblaient avoir envie de disparaître.

Mais trois jours après le drame du pensionnat Wimbley, James n'y prêta strictement aucune attention. Il repéra immédiatement la table où Sirius, Remus et Peter étaient assis, et marcha droit vers eux.

Tous les trois affichaient une tête d'enterrement. Remus paraissait encore plus pâle et fatigué que d'ordinaire, et Peter regardait autour de lui comme si des Mangemorts étaient susceptibles de faire irruption dans la Grande Salle à tout moment. Cependant, Sirius était sans aucun doute le plus abattu de tous : ses beaux cheveux bruns et bouclés pendaient devant ses yeux sans qu'il prenne la peine de les balayer avec nonchalance, et il contemplait le toast beurré que Remus avait posé dans son assiette comme s'il s'agissait d'un morceau de cadavre. Il ne semblait même plus d'humeur à semer le trouble, ce qui était un signe de gravité majeur.

James interrogea Remus du regard, et d'un geste discret, celui-ci désigna Dumbledore, qui était en train de sortir de la Grande Salle et affichait un air préoccupé. En effet, Sirius avait été libéré de l'infirmerie à peine quelques heures plus tôt, et à cette occasion, Dumbledore l'avait accablé de remontrances pour avoir eu l'inconscience de revenir sur ses pas vers la bataille qui faisait rage, abandonnant ainsi ses amis et les quelques enfants qui avaient reçu la consigne de rester avec eux. Sirius avait écouté Dumbledore, les yeux dans le vague, les poings serrés, la mâchoire crispée, en donnant de temps en temps de petits signes d'assentiment, mais refusant catégoriquement d'expliquer son geste ou de raconter ce qu'il avait vu sur le champ de bataille.

– Hé, les amis ! lança James d'une voix tonitruante, afin de détendre l'atmosphère.

Remus et Peter le regardèrent, dépités ; et Sirius leva les yeux sans bouger d'un pouce, afin de l'observer à travers les mèches de cheveux bouclés qui tombaient sur son front.

Devant cette absence de réaction, James consentit à tempérer son enthousiasme, et s'assit à côté de Peter, en face de Remus.

– Je viens de recevoir un hibou de mes parents, dit James, un peu plus bas. Ils nous proposent de passer le reste des vacances à la maison. Je pense que ça nous changerait les idées. Ça vous dirait ?

– Euh... Ce n'est pas dangereux ? s'inquiéta aussitôt Peter, cherchant du regard le soutien de Remus.

James se tourna vers lui, furieux.

– Tu vois bien que tous les endroits sont dangereux, maintenant.

– Pas Poudlard, répliqua craintivement Peter.

– Eh bien, reste ici si ça te chante, répondit sèchement James. Lunard ? Patmol ?

Remus réfléchit un instant. Il regarda soigneusement autour d'eux, et se pencha en avant pour donner sa réponse à voix basse.

– La pleine lune était la semaine dernière, dit-il. Je veux bien venir.

Peter, Remus et James se tournèrent vers Sirius, qui se contenta de hocher imperceptiblement la tête en signe d'assentiment.

Secrets de Serpentard (II) : Le Pensionnat WimbleyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant