3 - Chez les Goyle

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Dans la volière, Narcissa confia la lettre à un hibou robuste du nom d'Arcadir, qui s'envola aussitôt vers la Colline d'Émeraude. Elle savait que les hiboux des Malefoy étaient tous efficaces et parfaitement dressés ; elle n'avait donc aucun doute sur le fait que son courrier arriverait rapidement à destination.

Cependant, depuis qu'Abraxas Malefoy se servait de son fils comme d'un hibou, Arcadir et ses compagnons, désœuvrés, s'étaient laissé aller à la paresse et à la gourmandise, et ne pensaient qu'à manger du Miamhibou tout le jour durant. Arcadir, qui, quelques mois auparavant, aurait pu se vanter de pouvoir traverser le Royaume-Uni en une seule journée, traînait de l'aile malgré le faible poids de la lettre que Narcissa lui avait confiée ; il dut renoncer à atteindre Londres avant la nuit tombée et s'endormit dans un arbre qui se trouvait sur son chemin.

Le lendemain, il se remit en route, affamé et fatigué par sa nuit humide. Tout en battant des ailes, le hibou pestait intérieurement contre ses conditions de travail déplorables. Et pour commencer, est-ce que livrer une lettre de cette Narcissa était vraiment un travail digne d'un hibou grand-duc comme lui, le favori d'Abraxas Malefoy, qui avait toujours mené à bon port ses lettres les plus confidentielles ?

Oh oui, Arcadir était certainement un des hiboux les plus rapides et les plus fiables qu'on puisse trouver... Il n'était pas comme ces étourdis de Durmstrang, par exemple, qui avaient perdu la précieuse lettre d'admission destinée à Lucius... Quelle honte ! pensa Arcadir. Il se souvenait encore de la terrible colère d'Abraxas Malefoy, cet été-là, une colère qui grandissait chaque fois que la nuit tombait, à mesure qu'on se rapprochait de la première rentrée de son fils, et que la lettre n'arrivait pas... Tout ça pour recevoir, trois jours après ladite rentrée, une lamentable lettre d'excuses de Durmstrang racontant que la chevêchette brune qui leur apportait la lettre d'admission avait été attaquée par un énorme volatile... Fadaises ! Il fallait s'y attendre, pensa Arcadir. On n'avait pas idée de se fier à des chevêchettes brunes ! Non, les hiboux grand-duc, comme lui, étaient les seuls qui soient réellement fiables...

Tout en ruminant ces présomptueuses pensées, Arcadir arriva aux alentours de Londres en milieu de journée. Depuis le ciel, il repéra immédiatement la Colline d'Émeraude, jolie oasis de verdure au milieu de la grisaille londonienne. Il descendit rapidement, survola la grande maison blanche qui avait jadis appartenu à la famille Black ; il remonta en altitude pour s'éloigner des deux pitbulls des Crabbe qui s'étaient mis à aboyer furieusement en le voyant passer ; il survola ensuite la splendide roseraie des Rosier, la maison en forme de harpe des Selwyn, puis celle des Parkinson, couverte de miroirs étincelants ; et enfin, il se dirigea droit sur la maison des Goyle, la plus grande de toutes, située au sommet de la Colline, lançant ses tourelles biscornues et multicolores vers le ciel. Essoufflé, Arcadir fit une halte sur le rebord d'une de leurs fenêtres et chercha Daisy dans l'immense jardin rempli d'animaux.

Depuis son poste d'observation, Arcadir pouvait admirer l'ensemble de la propriété. Derrière la maison, le jardin luxuriant recouvrait toute la pente de la Colline d'Émeraude ; il était parcouru de sentiers ombragés qui serpentaient entre les grottes obscures, les arbres centenaires, les imposants blocs de pierre et les petits étangs marécageux. Les premiers animaux qui sautaient aux yeux étaient les plus gros : deux énormes mammifères au pelage violet et duveteux, pourvus d'une étonnante crinière rose et de trompes spiralées qui leur permettaient de s'abreuver au bord d'un étang. Plus proches de la maison, des mouches grosses comme des bœufs broutaient le gazon, faisant étinceler dans la lumière leurs éblouissantes ailes en or massif et le duvet chatoyant qui recouvrait leur postérieur.

Arcadir regarda un peu plus haut, et plissa les yeux avec méfiance en voyant les nombreux oiseaux multicolores perchés sur les arbres centenaires. Ah, les Barbacardes, avec leur plumage bariolé, leurs trois paires d'ailes et leurs chants mélodieux... Ils faisaient les fiers du haut de leur arbre, mais ils n'étaient que des fanfarons sans aucune robustesse ! Et heureusement, ils ne prêtaient aucune attention à Arcadir : ils étaient trop occupés à esquiver les Ravluks ailés qui s'amusaient à leur voler dans les plumes.

Secrets de Serpentard (II) : Le Pensionnat WimbleyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant