CHAPITRE 10 Alaïna

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La chambre est tellement plus grande que celle que j'avais chez moi. Le lit est trois fois plus grand que le mien ; je suis sûr qu'il y aurait encore de la place pour tout le monde dedans. Il y a même un petit dressing, largement suffisant, et un bureau sous la fenêtre. Juste à côté du bureau, il y a une porte menant à une salle de bain avec une douche à l'italienne en marbre noir, qui me convienne parfaitement.

- Ce sera votre chambre pour les six prochains mois. À côté se trouve celle de Liam, puis celle de Jeff un peu plus loin, et en face de celle de Liam, c'est ma chambre.

- Très bien, dis-je, tout en admirant les fines moulures sur le plafond et les tons beiges et crème de la chambre.

- Avez-vous des questions ?

Je me sens un peu comme à l'armée avec son ton direct. Après tout, je suis ici pour m'occuper de Liam, alors autant aller droit au but.

-À quelle heure dois-je emmener Liam à l'école ? J'aimerais tout savoir à son sujet pour bien m'en occuper : ses horaires, ses activités extrascolaires, ses éventuelles allergies.

- Je vous ai constitué un dossier sur ce que vous devez savoir, Liam va dans une école privée, il faut s'assurer qu'il porte toujours son uniforme. Il mange également là-bas pour le déjeuner et certains jours, il a entraînement de football après les cours.

- Je savais qu'il était incroyable ce petit.

- Pourquoi vous dites ça ?

- La première fois que je l'ai vue, je l'ai aperçu dans son regard, c'est un battant, il persévère toujours, il ne lâche pas malgré ce qu'il a pu vivre. N'est-ce pas ?

Il sait soudainement arrête, son regard ne me lâche plus à m'en donner des frissons. Puis revenant à lui-même, il reprend.

- Oui, si vous le dites, le dossier sur lui, demain matin, vous viendrez le chercher dans mon bureau. En attendant, vous devez être fatigués, reposez-vous et faites comme chez vous.

Pourquoi il me vouvoie tout le temps, le seul à ne pas le faire c'est Jeffrey, je suis sûr que l'on a pratiquement le même âge.

- Merci. Euh... On peut se tutoyer, s'il te plait, on a quasiment le même âge, ça me gêne un peu de te vouvoyer, j'ai l'impression d'avoir 40 ans.

- J'ai quatre ans de plus que toi, mais tu n'as pas tort, tu veux me donner l'impression d'être militaire.

Et bien, nous pensons la même chose.

Il me scrute à nouveau, comme s'il essayait de déceler quelque secret enfoui, puis finit par quitter ma chambre. Je m'affaisse sur le matelas, prenant le temps de réaliser ce qui se passe. Je vais travailler pour lui pendant six mois. La paresse prend le dessus sur moi me rendant compte que j'ai laissée mes deux valises en bas. À peine ai-je fait cette constatation qu'il y a un coup à la porte. Je me précipite pour me lever et ouvrir.

-Tu avais laissé tes deux valises en bas. Il faut dire qu'Aaren n'est pas aussi gentlemenclasse que moi. Dit Jeffrey.

-Tu inventes encore des mots... Merci.

Je me décale et le laisse entrer avec mes valises.

-On appelle ça de la néologie, mais bon, passons. Ta chambre te plaît ?

-Oui. Je m'y sens plutôt bien, elle est si... grande.

-Tant mieux alors. Tu as encore de l'énergie pour une petite visite guidée ?

La villa est gigantesque, presque comme un dédale. Je vais sûrement me perdre. A la limite de demander un plan.

-Est-ce qu'il y a une bibliothèque ?

-Grande lectrice ?

-J'étais accro, il fut un temps. Mais bon, en grandissant, on a moins de temps pour soi.

-Pas faux. La bibliothèque est au fond du couloir des chambres, si un jour, tu veux t'y aventurer, me dit-il en remontant les escaliers. Soudain, il s'arrête brusquement, manquant de me rentrer dedans.

-As-tu mangé ?

-Tu t'arrêtes aussi brutalement pour ça? Non, je n'ai pas mangé.

-Viens, on va manger un truc avant d'aller dormir.

Après avoir mangé dans la cuisine vers minuit, nous décidons de nous coucher. Jeffrey est vraiment quelqu'un de bien. Il diffuse de la bonne humeur, comme s'il se mettait un point d'honneur à faire sourire chaque personne qu'il rencontre.

Il serait peut-être temps de se coucher maintenant. Depuis que Aaren m'a montré ma chambre, je ne l'ai plus aperçu, ce qui n'est pas plus mal. Jeffrey avance devant moi le long du couloir des chambres, me laissant devant ma porte. Il me souhaite bonne nuit et se dirige vers la sienne. Une fois sa porte fermée, je m'apprête à entrer dans la mienne quand j'entends la porte à côté de la mienne s'ouvrir.

-Liam?

Je recule et aperçois sa petite tête dans l'entrebâillement de la porte. Ses yeux sont tous endormis. Je ne sais pas pourquoi, mais chez les enfants, c'est si attendrissant, alors que nous, les adultes, nous ressemblons juste à des zombies.

Il me voit, puis court dans ma direction.

-Alaïna... chuchote-t-il.

Il se souvient de mon prénom. En général, les enfants ne le retiennent pas avant trois ou quatre répétitions.

Je m'agenouille à sa hauteur.

-Tu es revenu pour jouer avec moi? demande-t-il.

C'est littéralement impossible de ne pas fondre devant lui.

-C'est moi qui vais m'occuper de toi. Je suis ta nouvelle nounou. Ça te plaît?

Il saute autour de mon cou et me prend dans ses bras. Son contact, à lui, ne me répugne pas. Au contraire, je le prends avec tellement de réconfort.

-Oh oui, trop bien, l'autre, elle était méchante avec moi parce que je ne voulais pas lui parler.

Je ne comprends pas où il veut en venir, mais je décide de ne pas m'y attarder.

-Eh bien, j'espère que ce sera différent avec moi. On va s'amuser tous les deux. Maintenant, il faut que tu retournes dormir. Demain, je t'emmène à l'école.

-D'accord, bonne nuit, dors bien dans ma maison.

Je lui souris et l'accompagne dans sa chambre. Il marche jusqu'à son lit. Sa chambre est dans les tons bleu nuit et rouge. Cet enfant est fan de super-héros. C'est officiellement mon enfant favori.

Je le vois grimper sur son lit et s'allonger sous ses couvertures. Je lui souhaite une bonne nuit, puis retourne dans ma chambre.

Je manque de faire un arrêt cardiaque quand, en me retournant, je vois Aaren derrière moi.

-Mais ça ne va pas, tu m'as fait peur, chuchotais-je, énervée, la main sur le cœur, essayant de contrôler les battements de mon cœur.

-Désolé, dit-il simplement.

Je le contourne et pars rapidement en direction de ma chambre, puis referme la porte derrière moi. Je ne l'ai pas entendu arriver. Il m'insupporte déjà et je ne suis là que depuis peu. Et bien, ça promet pour la suite.

No Promises (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant